Il n’est jamais facile d’affronter le regard des autres, et notamment pour les plus jeunes. Comment, alors, gérer cette problématique du public pour un joueur ? Quelques conseils vous sont donnés ici.
Premier constat : le public, en tennis, a toujours une influence. Mais il aura un impact différent selon les acteurs : très négatif pour ceux qui ne sont pas préparés à cette situation -"on est en train de me regarder, de me juger"-, sans effet pour ceux qui sont capables de gérer cet élément, et, plus rare, positif pour ceux qui savent en jouer ou s’en nourrir, mais on parle là le plus souvent de joueurs d’un certain niveau.Pour les plus jeunes, le regard des proches est particulier car il s’appuie sur un lien affectif naturel. On a tous vu ces regards semi inquiets de certains adolescents, cherchant à être rassurés par leur clan, quasiment après chaque coup. Attention ! Cela peut créer une dépendance excessive qui, au fil des années, s’avérera toxique et empêchera le joueur d’acquérir l’autonomie nécessaire aux exigences de la compétition.A l’inverse, certains entourages, parfois avec les meilleures intentions du monde, mettent une pression négative sur le joueur. Sans en avoir pleinement conscience, ils vont le détourner de son ressenti personnel, de ses propres performances et de son plaisir de jouer pour le focaliser sur des notions anxiogènes de comparaison avec les autres, de classements ou de résultats. Ces éléments n’étant pas sous le contrôle du joueur, il aura tendance à beaucoup stresser, se fatiguer plus vite, parfois se blesser et souvent, a terme, arrêter le tennis…Pour l’ensemble de ces raisons, il est très important que les parents restent à leur place et témoignent à leurs enfants leur soutien quel que soit l’issue d’un match.
Lisez ci-dessous nos six conseils pour (mieux) jouer devant du public.
1) Ne donnez pas de pouvoir au public
Dans le cas contraire, on va renforcer la notion d’enjeu. L’enjeu d’un public qui veut me faire perdre. Ou l’enjeu d’un public bienveillant qui veut à tout prix que je gagne. Ne pas donner de pouvoir au public signifie ne pas se laisser embarquer par un film imaginaire : "ah, ils m’en veulent !" ; "ils sont injustes !" ; "mes parents ne seront contents que si je gagne, etc…".Ces sentiments sont souvent très forts chez les plus jeunes.
2) Rendez vous responsable de ce qui est en train de se passer sur le court
Un coup droit raté, une double faute, ce n’est pas à cause du public. J’en suis responsable ! Ce n’est pas une idée toujours facile à admettre mais c’est une notion importante car c’est ce qui donne du pouvoir. Si je suis responsable de la situation, alors, je peux la faire évoluer, la corriger.C’est moi le maître, pas l’extérieur, pas l’entourage. En basculant dans ce registre, on devient extrêmement fort. Les joueurs qui assument leur pleine responsabilité ont un impact sur le public, et non plus l’inverse, et de fait, sur l’adversaire. C’est fondamental.
© FFT / Cédric Lecoq
Un public important vous observe, comme ici lors des championnats de France jeunes ? Qu'importe, concentrez-vous sur ce qui se passer sur le court...
3) Acceptez le point qui vient d’être joué
Pour une raison très simple : "Je ne pourrai jamais revenir en arrière". "Accepter" ne signifie pas "se résigner" mais, au contraire, arrêter le film dans sa tête qui va rejouer sans cesse un point perdu et générer une spirale négative. Accepter permet donc de ne pas se résigner, de ne pas rester "collé" à un point perdu pour se donner toutes les chances de performer les points suivants.
4) Recentrez votre corps dans l’instant présent en respirant calmement
En permettant à mon corps de prendre conscience du moment présent, je lui donne toutes les chances d’être le plus performant possible. L’astuce simple pour y parvenir est d’activer le maximum de sens : par exemple, sentir l’odeur de la balle, savourer le goût de ma boisson même si ce n’est que de l’eau; apprécier la texture de ma serviette.Ces sensations, simples, permettent au corps de rester accroché au réel, donc au présent, et de gommer l’influence du public qui, elle, nous en éloigne.Par nos pensées négatives, par nos interprétations erronées, on devient le scénariste d’un film qui nous embarque sur une fausse piste : satisfaire l’idée que l’on se fait des attentes du public. C’est souvent une création et cette idée est plus nocive que le public lui-même.Si le public avait un réel impact sur les joueurs, il aurait le même impact sur tout le monde. Et justement, ce n’est pas le cas. C’est donc bien la preuve que c’est l’idée que l’on se fait du public qui a une influence. Le corps, lui, ne comprend que le présent. Si vous l’embarquez dans un scénario passé ou futur, il ne sera plus efficace du tout.
© FFT / Cédric Lecoq
Comme Giovanni Mpetchi Perricard devant le public du Touquet lors de la Coupe Borotra en 2016, concentré votre attention sur le point à venir.
5) Concentrez votre attention sur le point à venir
Ce doit être mon unique challenge. C’est capital. Qu’on soit 30/4 ou un numéro un mondial, on a une même problématique : le point qui va arriver ! C’est le défi le plus important du joueur de tennis. Ensuite, il faut bien sûr s’appuyer sur ses qualités et appliquer un plan de jeu, si on en a un.
6) Revenez à la notion de jeu
Le tennis est un jeu, alors il faut jouer au tennis, dans le sens premier du terme. L’enjeu doit passer après le jeu et même le "je". Public ou pas public, je joue, je m’amuse ! Cette notion toute simple est capitale car certains joueurs sont tellement dans le stress que justement ils ne jouent plus. Et si on ne prend plus de plaisir…
© FFT / Amélie Laurin
Le public est là pour apprécier le jeu alors... jouez !
Rubrique parue dans Mon Espace Tennis en 2020 et réalisée avec :DORIAN MARTINEZ,Psychologue de la performanceCréateur de Guérilla TennisPlus d’informations sur www.psysport.com ou www.guerillatennis.com