C’est le sujet éternel au tennis. Tout joueur normalement constitué s’est forcément énervé un jour ou l’autre sur un terrain. Voici nos conseils pour mieux gérer ça à l’avenir. Et pourquoi pas aussi pour passer des fêtes de fin d'année plus relax !
Le tennis est un sport de passion et la passion, c’est bien connu, engendre souvent des excès. Parce que c’est un sport extrêmement riche qui demande des qualités très variées et fait appel à notre instinct profond, parce qu’on laisse beaucoup de soi-même dans un match, parce qu’on y met beaucoup d’enjeux aussi, la pratique de notre sport favori recèle des ressorts bien plus complexes que le simple fait de taper dans une balle. D’où l’afflux d’émotions inévitables, certains bonnes, d’autres beaucoup moins...Que celui qui ne s’est jamais invectivé, n’a jamais crié ou, pire, n’a jamais balancé une raquette voire carrément un match entier nous jette la première pierre ! En réalité, à moins d’être un maître Zen, il est difficile voire impossible de rester de marbre en jouant au tennis. L’idée n’est donc pas de ne pas s’énerver. Plutôt d’apprendre à savoir comment accueillir et gérer cet afflux d’émotions.Un gros chantier auquel on s’attaque ici grâce aux conseils avisés d’Olivier Béranger, responsable du Département de la préparation mentale à la FFT.
1/ Dites-vous, déjà, que s’énerver n’est pas forcément mauvais
On a souvent entendu des discours stigmatisants voire très répressifs à l’égard de joueurs ou de joueuses en proie à l’énervement. Pourtant, on l’a dit, s’énerver est assez normal. Surtout, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. "On a parfois besoin d’extérioriser nos émotions et l’expression – étymologiquement : "rejeter la pression à l’extérieur" – peut être un bon moyen pour cela, modère Olivier Béranger. N’oublions pas que sans stress, sans tension, sans peur, il y a longtemps que l’espèce humaine ne serait plus sur terre..."Si le tennis a eu tendance à lisser les comportements via un recours massif au code de conduite, les émotions, elle, sont impossibles à mettre sous cloche. Parfois, donc, la cocotte-minute déborde. Faut-il lui couper le sifflet ?"S’il est évident que le tennis doit se montrer garant de certaines valeurs, il n’en reste pas moins que le sport doit également permettre d’aller vers la meilleure version de soi-même", répond l’ancien entraîneur de Nathalie Dechy. N’oublions pas que c’est aussi en sortant du cadre et en laissant s’exprimer une certaine forme de folie que de grandes choses se font. Une forme d’idéal se trouve donc, à mon sens, dans un bel équilibre entre la volonté de cultiver sa singularité, tout en restant dans le respect de l’autre et des institutions qui nous permettent de pratiquer notre sport."
© FFT / Philippe Montigny
Même les grands champions s'énervent parfois... N'est-ce pas Novak Djokovic !
2/ Posez-vous les bonnes questions sur les causes de votre énervement
Ne culpabilisez donc pas plus que cela, si vous êtes un joueur en proie à l’énervement : on l’a dit, c’est normal, voire sain parfois. En revanche, posez-vous plutôt les bonnes questions. Si vous avez tendance à vous énerver, commencez déjà par vous interroger sur votre comportement."L’un des indicateurs est d’observer de près ce qui suit après un moment d’énervement", conseille ainsi Olivier Béranger. A la manière d’un John McEnroe de la grande époque, êtes-vous capable de vous re-concentrer dès le point suivant, ou au contraire perdez-vous systématiquement le ou les jeux qui suivent, voire plus ?Dans le premier cas, "très bien", même si, encore une fois, il y a des limites à ne pas franchir, liées au respect de soi-même et des autres. "On peut convenir avec l’athlète d’une façon de s’extérioriser qui soit conforme avec les valeurs que l’on se propose d’incarner", comme le suggère Olivier Béranger.Dans le deuxième cas, sans doute faudra-t-il pousser l’investigation un peu plus loin. "La première des choses est de faire le point sur les raisons profondes qui nous poussent à jouer au tennis, incite celui qui est par ailleurs auteur-compositeur. Que recherche-t-on à travers sa pratique. De la reconnaissance ? Du simple bien-être ? Un statut social ? A partir du moment où l’on commence à comprendre les origines de ses maux, on a déjà commencé à les résoudre un peu, même si ça n’est que le début du chemin, bien sûr."
© FFT / Cédric Lecoq
Serena Williams peut avoir des moments de frustration, de colère, mais dès le point suivant, la championne américaine sait se ressaisir...
3/ Appuyez-vous sur votre entraîneur pour faire un travail d’introspection
Une fois que vous aurez commencé à identifier la cause de vos colères, vous pourrez commencer à travailler dessus. Un travail qui peut et même doit se faire, dans la mesure du possible, avec l’aide de votre entraîneur, qui aura également un rôle important à jouer dans ce processus.On sort là du cadre purement technique pour rentrer dans un ouvrage plus introspectif, qui se bâtit à coups de discussions sans filtre et à la condition d’être d’une parfaite honnêteté avec soi-même (et avec l’autre)."L’entraîneur peut faire travailler le joueur sur ses croyances positives comme limitantes, ainsi que sur les valeurs véhiculées par la pratique d’un sport (respect de soi, de l’autre, des règles, ambition, générosité dans l’effort, etc.), souffle Olivier Béranger.Qui estime que l’entraîneur a "le devoir d’accompagner son élève", et si possible en amont. "Quand on en arrive au stade de la répression, bien souvent, c’est trop tard. Je crois plus en l’éducation, en la notion de prévention. Ce qui n’exclut pas un travail sur le comportement, qui peut faire l’objet de bien des mises en situation lors des entraînements."
© FFT
Les conseils d'un coach ou d'un éducateur peuvent être précieux pour la gestion de la colère.
4/ Trouvez des "trucs" personnels pour vous re-concentrer
Là, il n’y a pas de méthode unique : c’est une affaire assez personnelle. Il y a des outils qui existent, allant "de la simple pratique méditative (capacité à fixer son attention, à contrôler sa respiration par exemple) au yoga en passant par les outils de la préparation mentale", évoque ainsi Olivier Béranger.Utilisation d’une image de calme ou d’un mot-clé, simple routine physique (comme le fait de replacer les cordes de sa raquette), respiration... A chacun sa technique pour se "dés-angoisser". Ensuite, c’est comme tout le reste : ça se bosse...
© FFT / Pauline Ballet
Replacer les cordes de sa raquette, une routine parfois salvatrice !
"La mise en place de routines ou de rituels lors des entraînements peut avoir de belles répercussions en situation de match, l’idéal étant qu’elles soient mises en relation avec ce travail de méditation ou de respiration", précise celui qui a également été entraîneur national à la FFT au début des années 2000.Ce travail indispensable – et pourtant souvent négligé – devrait vous permettre de mieux gérer vos émotions sans pour autant les enfouir. Ça, c’est utopique et quelque part, tant mieux !"Tant que l’Homme restera Homme, il sera en proie à des émotions : c’est sans doute dans la capacité à les reconnaître pour mieux les gérer que se situe la quête d’un Graal intérieur, conclut l’ancien parolier de Natasha St-Pier, Christophe Maé ou Tina Arena notamment. De mon mon point de vue, l’humanité serait bien fade sans émotions. Et puis, le monde ne produirait pas autant de beaux spectacles sportifs ou artistiques..."Gardez cette phrase en tête lors de votre prochaine crise de nerfs. Elle vous aidera peut-être à prendre de la hauteur, et à reprendre aussitôt le fil de votre match, cette fois dans le plus grand des calmes.(Rémi Bourrières)
© FFT / Corinne Dubreuil
Une autre routine qui peut fonctionner : la pose du surgrip, spécialité dans laquelle Richard Gasquet n'a pas d'égal !