Une ''perf'' énorme ? Un match qui dure 7 heures ? Une victoire après avoir sauvé 12 balles de match ? Dans cette nouvelle rubrique, nous vous invitons à partager vos plus belles expériences sur le court, quel qu'il soit (tennis, padel, beach...). Premier épisode : Gatien Devos, un jeune prof de tennis qui a battu un joueur classé à l'ATP devant ses élèves !
Identité : Gatien DevosClub : Tennis Club de RonchinMeilleur classement : 0Date de naissance : 1994''J’avais l’impression d’être dans un tournoi pro !''Quand avez-vous réalisé cette belle perf ?C’était le 6 juillet 2016, lors d’une tournée en Seine-Maritime que j’encadrais. J’étais alors à mon meilleur classement, 0, mais je jouais peu cette année-là pour cause de blessure. Toutefois en arrivant au club de Lillebonne, club que je connais bien car c’est là que j’ai commencé le tennis, j’apprends qu’un tournoi pour adultes y est organisé. Finalement, je me laisse tenter et je m’y inscris. Le premier tour, contre un 2/6, se passe bien. Je m’impose sans trop de problème. Mais en regardant ensuite le tableau, je vois que mon prochain adversaire, en demi-finale, est classé -15, et qu’il est Américain ! J’avais déjà ''perfé'' à -2/6 mais jamais à -15. À ce moment-là, je n’y crois pas du tout !
Vous souvenez-vous de son nom ? Quelle a été votre réaction ?
Il s’appelle Nick Chappell ! Et j’apprends dans le même temps qu’il est classé 627e à l’ATP (aujourd'hui âgé de 26 ans, Nick Chappell est 616e mondial cette semaine). Je trouvais ça intéressant de jouer un étranger, j’avais l’impression d’être dans un tournoi pro ! En tout cas, je suis arrivé sur le court en étant très relâché. Il jouait bien, il servait bien, mais je sentais qu’il n’y avait rien d’infaisable. En plus, nous avons joué en indoor, sur greenset. Ça l’a peut-être surpris. Comme il n’y a que du gazon synthétique à l’extérieur, les organisateurs ont coutume dans ce tournoi de faire jouer les phases finales en indoor, une surface que j’apprécie.
''Devant eux, j’étais obligé d’être à fond sur chaque point''
Comment s’est passé le match ?
Ça a été une grosse bataille physique. Je perds le premier set 6/4, mais je reste à son contact au deuxième set, et j’y crois plus. J’ose plus. J’atteins alors un niveau de jeu inédit pour moi. J’ai plutôt un jeu de contre. Je fais 1m72, je me déplace assez vite et je déteste faire des fautes directes. Là, tout fonctionne à merveille, je fais peu de fautes en coup droit, je fais pas mal de points gagnants avec mon revers, qui est mon point fort, je ramène tout en me positionnant à 2 mètres de la ligne de fond et je remporte le deuxième set 7/6, bien aidé par les enfants de la tournée qui, au fil du match, avaient pris place au bord du court pour me supporter.
Je suis sûr que ça a changé quelque chose. Devant eux, j’étais obligé d’être à fond sur chaque point. Il ne fallait pas les décevoir. Dans le troisième set, Nick a commencé à cramper et je me détache 5-3. Je me souviens de la balle de match, sur laquelle je lâche un revers gagnant en passing (4/6, 7/6, 6/3). D’ailleurs, elle a été filmée (voir vidéo) ! Les enfants m’ont ensuite parlé de ce match pendant toute la tournée ! Je ne pourrai jamais faire mieux que cette perf à -15 je pense. J’aurai du mal à retrouver ce niveau-là durant un match. C’était mon "Grand Chelem à moi" en quelque sorte.
Quelques jours plus tôt, Nick Chappell jouait la finale d’un tournoi Futures en Israël... Et juste après, il est allé disputé les qualifications d’un tournoi du circuit Challenger. Vous avez pu échanger quelques mots avec lui après le match ?
Mon niveau d’anglais n’est pas terrible malheureusement (rires). Mais j’ai compris qu’il m’avait félicité pour mon niveau de jeu et qu’il avait trouvé qu’on avait fait un bon match. Il m’a aussi effectivement donné son programme pour la suite de l’été. Il y avait plusieurs joueurs étrangers à ce moment-là en Seine-Maritime. C’est un agent argentin qui travaille dans le département qui les avait fait venir.
Avez-vous disputé d’autres matchs marquants dans votre vie ?
J’ai le souvenir d’un match d’interclubs, il y a une dizaine d’années, où j’étais mené 6/0 5-0 par un joueur que je battais pourtant à la régulière. Je suis revenu dans le match et j’ai gagné 0/6 7/6 6/1. J'ai aussi pu fouler le court de la finale de la Coupe Davis 2018 à Lille. J'avais été choisi avec d'autres joueurs de la ligue des Hauts-de-France pour "faire le court" pendant la nuit (photo ci-dessous).
Depuis quand jouez-vous au tennis ?Depuis l’âge de 8 ans, c’est-à-dire 2002. Au départ, je faisais du foot. Mais j’ai lâché le foot pour le tennis après avoir découvert la balle jaune un été lors d’un stage. J’ai fait le bon choix ! Le tennis est devenu ma passion, et aujourd’hui ma passion est devenue mon métier. J’ai passé mon brevet d’Etat en 2018 au Tennis Club de Ronchin, en métropole lilloise. Aujourd’hui, je donne des cours. Je m’occupe aussi bien du baby tennis que des adultes. Et l’été donc, j’amène les jeunes en tournée.Vous êtes né en 1994 et vous avez grandi près de Lille... voilà qui fait penser à Lucas Pouille !Je l’ai croisé quelques fois, mais je n’ai jamais été assez fort pour le jouer. Même si ma progression a été régulière. Je prenais deux classements par an jusqu’à mes 21 ans. En 2015, j’étais classé 0. Après quoi, je suis parti à Grenoble, en UFR STAPS, et j’ai eu moins de temps pour les tournois, d’autant que je me suis aussi mis au padel ! Aujourd’hui, je suis 1/6.Vous aussi, vous avez envie de partager le souvenir du match de votre vie ? Répondez à notre appel à témoins !