La ligue des Hauts-de-France propose de nombreuses actions de développement sur le tennis adapté et le tennis-fauteuil, notamment grâce au travail de Frédéric Foulon, coach de Cléo Ginterdaele.
En véritable passionné, il est intarissable sur le sujet. Depuis plusieurs années, Frédéric Foulon est spécialiste des différentes disciplines du tennis liées au handicap, et met à profit ses connaissances dans son activité professionnelle.
"En tant qu’entraîneur, je monte depuis longtemps des cycles sur le tennis adapté, dans le monde du handicap psychique et mental. Je me suis aussi intéressé à l'univers carcéral, à l'addictologie, à l'autisme... "
En 2010, il se forme au tennis-fauteuil. Il rencontre également Emmanuel Mas, conseiller en développement des Hauts-de-France, et autre spécialiste du paratennis. Parallèlement, il continue de se former au tennis-fauteuil, tout en s’intéressant aux différentes disciplines. La ligue des Hauts-de-France propose alors une candidature pour un poste ESQ, un contrat subventionné par l’Etat. Frédéric Foulon postule… et il est choisi pour commencer ses actions dès septembre 2021.
"Aujourd’hui, on peut dire que je fais un quart temps tennis adapté, un quart temps tennis-fauteuil, et une moitié consacrée à l’enseignement classique, résume-t-il. Je travaille au TC Merville, qui propose du tennis adapté. Il y avait autrefois au club une section tennis-fauteuil que je vais d’ailleurs peut-être relancer".
Cléo, la belle rencontre
Un emploi du temps bien rempli, de multiples activités… mais aussi une rencontre avec une jeune fille qui va enrichir son activité professionnelle. Un peu par hasard, l’entraîneur va en effet croiser le chemin d’une certaine Cléo Ginterdaele. Dans l'hôpital grenoblois où elle se fait soigner pour sa prothèse, cette jeune Croisienne, ayant perdu sa jambe après avoir été renversée par une voiture, se lie d’amitié avec la championne Pauline Déroulède.
Curieuse, la jeune fille se rend ensuite aux championnats de France de tennis-fauteuil qui ont lieu à Grenoble. Elle « accroche »... et décide de lancer dans l’aventure, avec notamment l’aide de Frédéric Foulon.
"C’est un véritable plaisir de travailler avec elle, sourit-t-il. On se voit au minimum une fois par semaine mais ça peut évoluer. Nous essayons d’adapter son programme, avec Florence Dessirier, qui entraîne Cléo deux heures dans la semaine le lundi après-midi, et moi le jeudi matin. Cléo est en 6e et suit une scolarité normale au collège, mais elle sort de l’établissement pour pratiquer ses deux fois deux heures d'EPS en tennis, à la place de son cours de sport."
Cléo est une débutante au tennis, mais son potentiel est réel. "Elle a tout ce qu'il faut, estime son entraîneur. Évidemment, on sait que la route est longue, qu'il y a beaucoup de travail à fournir. On se donne comme objectif les Jeux 2028. C'est loin... et proche à la fois. Ça ne fait qu'un an qu'elle joue, avant elle ne connaissait presque rien du tennis. En début d'année, j'étais encore à la faire jouer en balle orange, aux 3/4 du terrain. Maintenant, on arrive sur les vraies dimensions. Elle a joué en mars à Amiens son premier tournoi, elle a eu de bons résultats. C’est une enfant super, elle est très motivée et bien entourée par ses parents. Sa bonne humeur, son sourire…Cela permet de rajeunir la discipline dans notre ligue. Sans en surjouer, c'est important d'avoir une sorte de mascotte."
© FFT / Christophe Guibbaud
Cléo, une figure de proue pour la ligue.
Préparer la relève
Une tête de gondole ? Oui, car les Hauts-de-France ont la particularité de faire jouer plusieurs juniors en tennis-fauteuil. Une dizaine de pratiquants qui permet de redessiner l'ossature du tennis-fauteuil dans la ligue.
"C'est important de renouveler, juge Frédéric Foulon. J’entraîne un garçon de 10 ans venu sur Lille pour se faire opérer, un petit de 5 ans de Saint-Omer, un autre d'une dizaine d'années sur Compiègne... On doit être une des seules ligues à avoir licencié 10 juniors. A chaque vacances, j’organise des stages pour réunir tous les joueurs de la région. Avant, j'en faisais deux : maintenant je vais en organiser un pour les adultes et un pour les juniors. Je prévois aussi des interventions dans les cliniques, les hôpitaux, les centres de rééducation pour leur faire découvrir le sport. Un autre de mes objectifs est de créer une formation continue. Fin août, nous mettons en place une formation de trois jours en place pour les DE qui veulent se former ou se mettre à jour dans leur formation. Fin juin, il y aura aussi une formation de deux jours pour ceux qui veulent lancer le tennis adapté chez eux. J'essaie d'aider de façon globale."
Une petite anecdote pour finir ? Frédéric Foulon développe son activité d'entraîneur… uniquement en rollers ! Une pratique qu’il estime en adéquation avec les spécificités du tennis-fauteuil, notamment au niveau des pivots."Selon moi, les joueurs s'y identifient beaucoup plus. Ils peuvent rivaliser car l’enseignant se retrouve dans la même configuration. C’est donc un vrai plus, d’après mon expérience. D’ailleurs, quand je ne les mets pas, Cléo me dit : ‘tu vas mettre tes rollers aujourd'hui ?’"
© DR
L'entraîneur utilise des rollers pendant ses cours de paratennis.
Patrice Brulez, président de la ligue des Hauts-de-France
"Il faut saluer le travail de « Manu » Mas, qui a porté ce projet partagé entre tennis-fauteuil et tennis adapté. C'est une question de personnes, ça ne part pas du président, même si j'avais l'oreille attentive. Quand vous avez des élus moteurs, des salariés moteurs, et enfin un salarié embauché qui devient moteur, vous avez des courroies de transmission parfaites pour ouvrir l’horizon. C'est intéressant de pérenniser cet emploi ESQ. Frédéric Foulon souhaite conserver sa vision ligue et sa vision club, et on lui demande cette polyvalence".
"Dans les Hauts-de-France, nous faisons beaucoup de choses sur le tennis-santé, et sur l’inclusion en général. Nos espaces verts, c'est de l'inclusion ; notre internat et notre restaurant, c'est de l'inclusion, via Les Papillons Blancs (une association pour aider les personnes souffrant de handicap mental). La deuxième semaine d'octobre, on a d’ailleurs prévu de privatiser un terrain pour parler d'inclusion. J’estime que c'est le rôle d'une association de promouvoir cette ouverture au quotidien. Ce n'est pas pour faire beau, ce n'est pas une façade, c'est un budget assez important… Mais je pense que nous servons aussi à ça."(Emmanuel Bringuier)
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