Méconnu mais en quête de lumière : connaissez-vous le Para tennis debout ?
E.B.
7 février 2025
Dans ce nouveau carré para, nous vous invitons à découvrir le Para tennis debout. Cette pratique est encore peu connue mais elle commence doucement à faire des adeptes, grâce notamment à Jean-Claude Planque, licencié au Castanet Tolosan TC.
Docteur en droit privé et sciences criminelles, également spécialiste de l'intelligence artificielle, Jean-Claude Planque n'avait pas vraiment le profil type à importer une discipline de raquettes en France. Cet enseignant, aujourd'hui âgé de 58 ans, est handicapé de naissance (il n'a pas de mains et sa jambe droite est sectionnée de moitié) et il ne pratiquait d'ailleurs pas le tennis jusqu'à peu.
"Je m'intéressais au tennis sans y jouer, précise-t-il. Mais il y a quatre ou cinq ans, nous sommes partis habiter à Toulouse. Ma fille, qui nous a accompagnés dans le sud, me demande alors si je peux venir jouer au tennis avec elle. J'hésite un peu mais elle m'a dit "demain, tu viens". Elle me scotche une raquette sur les bras et on commence à taper la balle".
Et... la mayonnaise prend. En dépit de son handicap, Jean-Claude Planque se met donc à jouer au tennis debout, sans fauteuil. Il prend sa licence au Castanet Tolosan TC, un club important de la banlieue toulousaine et se renseigne aussi sur ce qui se fait à l'étranger.
L'enseignant découvre que le "para tennis debout" ou "para standing tennis" (qui font partie des appellations données à la pratique du tennis debout par des personnes en situation de handicap) existe sous d'autres latitudes, qu'il se joue dans les pays d'Amérique latine, notamment en Argentine et au Chili. "Ils ont même des classements particuliers, explique-t-il. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi ce tennis se jouait là-bas et pas chez nous. Un Chilien m'a donné un jour une explication en me disant: "Tu sais combien coûte un fauteuil, n’est-ce pas ? Nous n'avons pas l'argent pour acheter ce genre de matériel. Alors ici, si tu peux te tenir debout, tu joues au tennis debout".
À la recherche d'une officialisation
Jean-Claude Planque s'investit pleinement dans cette aventure et part faire un premier tournoi à Turin de para tennis debout. Il y rencontre des Suédois, des Chiliens, des Espagnols (dont Ivan Corretja, le frère d'Alex, amputé du pied à l'âge de 16 ans, et qui est très actif dans le milieu). Il essaye par ailleurs d'améliorer sa pratique en perfectionnant son équipement. "Les vibrations se transmettent dans le bras mais nous avons travaillé avec mon prothésiste afin d'avoir un matériau qui absorbe un maximum de vibrations tout en gardant le "toucher" pour ressentir les sensations lors de la frappe."
"Jean-Claude est un battant, observe, admiratif, Philippe Bardou, président du Castanet TC. Il est impressionnant à voir. Il s'est équipé pour jouer debout. De fil en aiguille, il s'est rapproché des enseignants du club et ça a fait boule de neige. Il est très motivé, il a parlé à d'autres joueurs. Le club s'est impliqué aussi, on a fait quelques animations dans des centres de rééducation. Nous avons mis en place un cours spécifique pour le para tennis debout chaque semaine, avec quatre joueurs, dont Jean-Claude. Je pense qu'on est le seul club qui a un entraînement dédié à cette discipline et le seul club français à avoir organisé par deux fois un tournois international, en présence de Suédois, d'Espagnols, de Chiliens, d'Italiens. On aimerait bien le refaire mais ça demande beaucoup d'organisation".
Car si la discipline se structure peu à peu, elle recherche encore activement une officialisation. Le para tennis debout est pour le moment divisé en quatre catégories selon les handicaps (amputation membres inférieurs, au-dessus ou en dessous du genou, amputation des membres supérieurs, personnes de petite taille, atteintes neurologiques et paralysie partielle) et continue de recenser son nombre de joueurs pour montrer son importance.
Pour le moment, certaines compétitions sont labellisées ITF mais la discipline n'est pas encore officiellement reconnue par les instances du tennis. "Si je veux faire des tournois, il faut partir à l'étranger, et c'est coûteux, souligne Jean-Claude Planque. Je fais quelques tournois avec des valides mais au bout d'un moment, on se fait massacrer ! Pourtant, cela pourrait fonctionner en France aussi. On essaye de répartir tous les handicaps et de travailler sur une classification pour intégrer tous les joueurs. On aimerait organiser certains tournois dans l'année et surtout constituer des listes. Afin de montrer qu'il y a un vrai potentiel et un vrai futur dans cette discipline".
L'info en + : la carte d'identité du TC Castanet
Club de "deuxième couronne" derrière les mastodontes de la région comme Colomiers et le Stade Toulousain, le TC Castanet compte autour de 500 adhérents et quatre salariés. Le club est plutôt orienté école de tennis et compétition avec une équipe en Nationale 3. "Nous sommes dans une démarche de diversifier les pratiques. Nous avons déjà un peu de beach tennis et si possible un jour, nous aimerions installer des pistes de padel" confie le président Philippe Bardou.
© FFT
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