Wimbledon J3 : Rinderknech, sur son CV à vie

M.T. à Wimbledon

2 juillet 2025

En s’imposant face à Alexander Zverev, n°3 mondial, en cinq sets, trois tie-breaks et deux jours, Arthur Rinderknech a réalisé un exploit majuscule, preuve s’il en fallait de l’immense panoplie de ses capacités tennistiques et mentales. Ce mercredi, il va tenter de confirmer, à l’occasion du deuxième tour contre Cristian Garin.

Le fruit d’un long travail

À quelques jours de fêter ses 30 ans (le 23 juillet prochain), Arthur Rinderknech a déjà arpenté à de nombreuses reprises les courts des quatre tournois du Grand Chelem. S’il n’est pas étranger à cette atmosphère particulière qui règne au All England Club, il n’avait jusqu’ici remporté qu’une seule rencontre dans le grand tableau : l’an dernier, contre Kei Nishikori (alors classé 401e). Mais sa réussite à l’occasion du premier tour 2025 n’est pas le fruit du hasard. "Cette victoire, elle représente des années de travail, des années de croyances, d’acharnement dans ce sport qui est une passion mais aussi tellement compliqué à gérer, a-t-il déclaré en conférence de presse mardi. Celle-là, je l’aurai à vie : j’ai battu un n°3 mondial sur le Central, à "Wim". J’en suis capable !"

Depuis des années, Arthur ne passe pas loin. Il a souvent poussé des joueurs bien mieux classés au cinquième set, frôlant l’exploit, sans jamais y parvenir. Cinq sets contre Andrey Rublev (n°6 à l'époque) à l’US Open 2024, cinq sets aussi à l’Open d’Australie plus tôt cette année face à Frances Tiafoe (n°16). Mais à Wimbledon également, il a toujours été très proche de faire tomber de grands noms, comme Taylor Fritz (12e l’an passé mais finaliste en Grand Chelem depuis) ou Denis Shapovalov en 2022 (le Canadien était alors 16e).

Autant de défaites qui peuvent sembler frustrantes mais qui ont aussi aidé le licencié du TC Boulogne-Billancourt à acquérir une expérience nécessaire pour les grands jours. Un apprentissage dont il a pu se servir face à Zverev.

"J’avais souvent inquiété des joueurs de ce calibre, mais je n’étais jamais parvenu à leur serrer la main en tant que vainqueur à la fin. Tout n’a été que de l’expérience. Les précédentes défaites m’ont prouvé que j’étais capable de les accrocher mais j’en sortais perdant." Et contre l’Allemand, il a su se montrer offensif, contrer son jeu, pour enfin décrocher la victoire qu’il attendait tant. "Je savais qu’il servait bien mais aussi qu’il n’était pas du genre à me rentrer dedans sur toutes les balles, donc j’avais une chance en étant plus agressif. J’ai réussi à bien le faire", a jugé le Français qui a décroché une première victoire contre un membre du Top 3 en carrière.

Lucas Pouille, une aide précieuse

Arrivé à ses côtés il y a quelques semaines (au cours de l’édition 2025 de Roland-Garros), Lucas Pouille apporte beaucoup au Parisien. "C’est un mec exceptionnel, a déclaré son nouveau protégé à la presse ce mardi. Il a été top 10, j’ai une chance folle qu'il soit à mes côtés. Sur les deux derniers jours (lundi et mardi), on a vécu un truc de dingue ! On a une espèce de cohésion, d’échange par le regard ou vocalement sur des trucs tactiques ou sur la gestion du match."

Toujours sur le circuit mais actuellement blessé au tendon d’Achille depuis février dernier, le licencié du TC Loon-Plage semble parfaitement entré dans son nouveau rôle. De plus, il a pu conseiller au mieux son nouvel élève en se servant de sa propre expérience lors du premier tour de l’Open d’Australie en janvier dernier (défaite du Français 6/4, 6/4, 6/4 face à celui qui se hisserait ensuite en finale).

"Quand t’es joueur, tu ne peux pas demander mieux de la part de ton entraîneur. Je ne peux que le remercier de tout mon cœur et j’espère qu’on va encore en vivre d’autres !"

© Corinne Dubreuil / FFT

Et maintenant ?

Si ce match va laisser des traces – bonnes par le résultat, un peu moins par le temps passé et l’énergie dépensée sur le court –, il faut désormais qu’Arthur Rinderknech convertisse cette performance exceptionnelle. Comme il l’a rappelé à notre micro : la victoire est belle, mais qu’importe le calibre de l’adversaire, ce n’était qu’un premier tour.

Et si le plus dur se dressait désormais devant le 72e joueur mondial, contraint de confirmer face à Cristian Garin ?  "Je n’ai jamais trop bien joué sur gazon pour le moment, mais cette année ça change un peu, j’ai de bons résultats. Il n’y a plus qu’à faire mieux et ça commence maintenant !"