Lucie Crest, jeune espoir du tennis-fauteuil et porteuse de la Flamme

Emmanuel Bringuier

17 juin 2024

Depuis septembre 2020, la Francilienne est licenciée au club de tennis de La Chataigneraie Saint-Leu-La-Forêt. N°2 juniors en France, elle fait la fierté de toute sa famille.

C'est l'histoire d'une battante et peut-être d'une future championne. Alors qu'elle était très jeune, Lucie Crest a été touchée par une myélite transverse, une maladie qui attaque la moelle épinière. Depuis, la jeune Francilienne se déplace en fauteuil. Mais cette terrible épreuve lui a fait découvrir une passion. "Elle prenait des cours de tennis quand elle était valide et, après sa maladie, Lucie a voulu reprendre le sport, explique son père. On ne connaissait pas vraiment le tennis-fauteuil. Un jour, par hasard, ma femme est tombée sur un message Facebook qui proposait un atelier découverte. Lucie a essayé et a beaucoup aimé". 

Depuis septembre 2020, la Française est licenciée au club de tennis de La Châtaigneraie Saint-Leu-La-Forêt, coachée par Benoît Tapon. Elle s'entraîne aussi occasionnellement à Feucherolles avec le groupe régional "La relève". "Aujourd'hui c'est la seule "handi" du club. Je l'entraîne la semaine en individuel. C'est une joueuse très calme, volontaire, elle a une grande ténacité, elle ne montre pas beaucoup ses émotions. Tout est très intérieur chez elle. Elle est agréable à entraîner car elle ne rechigne sur rien, elle a beaucoup d'énergie. Même quand l'entraînement est difficile, on a l'impression que ce n'est pas compliqué pour elle"

Son père confirme : "Elle n'est pas du genre à se plaindre ou à se mettre en avant. C'est une battante et elle a souvent été hospitalisée depuis six ans. Au tennis, elle fait tout pour être en forme sur le terrain".

La fierté d'une famille

Actuellement 2e junior française et 19e joueuse au niveau national, vice-championne Ile-de-France junior en 2023 et 2024, 4e des championnats de France Tennis Fauteuil 2023 à Grenoble chez les juniors, Lucie a déjà participé à deux stages nationaux au CNE à Paris. Gauchère avec un bon coup droit, elle travaille pour améliorer son service, "a bien intégré le revers inversé et son déplacement s'améliore", observe son entraîneur. Petit à petit, son niveau et son sens du jeu augmentent. Avec Ksénia Chasteau en locomotive et Cléo Ginterdaele qui s'améliore chaque année, le tennis-fauteuil féminin possède une belle génération.

A tout juste 18 ans (depuis le 3 juin), Lucie va bientôt passer son bac. Et juste après, un magnifique rendez-vous l'attend : le 19 juillet prochain, la Francilienne a été sélectionnée pour le Relais de la Flamme Olympique qui passera par le Château de la Chasse, dans la forêt de Montmorency. "Dans les épreuves qu'elle traverse, ça lui permet de se projeter, observe son papa. Toute sa famille est très fière de ses réussites. Elle s'épanouit dans ce sport, ça la motive à ne pas prendre du poids, ce qui est difficile quand on est en fauteuil. C'est devenu sa passion. Elle suit vraiment le tennis alors qu'avant ça ne l'intéressait pas trop. Elle aimerait s'orienter vers des études d'informatique tout en dégageant du temps pour le tennis." 

Encadré : un club et un entraîneur très investis

Au-delà du "para", le club de Saint-Leu est ouvert à tous les tennis. Autisme, handicap mental, tennis adapté... les demandes sont nombreuses. "Je suis arrivé ici en 2009, j'ai fait la formation CQH (Certificat de Qualification Handisport) et j'ai aussi une formation en sport adapté, explique Benoît Tapon. J'ai été missionné sur la restructuration de l'école de tennis et la mise en place d'une section paratennis. Nous développons aussi le sport adapté. Les vendredis, je donne des séances de tennis aux patients du centre de réadaptation de Bouffémont et des cours à un groupe handicap intellectuel."

Le club est donc une référence dans le Val-d'Oise au niveau de l'inclusivité et peut compter sur le soutien des collectivités locales et la municipalité. "J'ai le projet de monter un tournoi quand nous aurons de nouveaux courts, reprend l'entraîneur. La ville est prête à nous suivre. En plus, je suis responsable pédagogique. Je fais partie des commissions, je suis jury sur le DE... À côté de ça, j'arrive à sortir quasiment chaque année un gamin pour des détections. Je pense que nous avons un bon suivi dans l'école de tennis. En plus, je propose des cours à l'école maternelle à Saint-Leu. Au niveau local on est vraiment bien implanté. J'ai plusieurs casquettes... Mais j'adore ça, c'est très varié !"