Mpetshi Perricard, l’âge de raison

Baptiste Blanchet

28 mai 2024

Brillant chez les juniors, Giovanni Mpetshi Perricard (20 ans, 66e) a mis du temps pour adapter son tennis de puncheur aux exigences du circuit principal. Sa récente victoire à Lyon montre que le protégé d’Emmanuel Planque, qui affronte David Goffin (33 ans, 115e) au 1er tour, est sur la bonne voie.

Dès 2021, quand 4 Français squattaient le dernier carré du tableau juniors, on avait découvert sa grande silhouette (2,03 m à 17 ans !, croissance terminée), et ses enchaînements service – coup droit supersoniques. Battu par Arthur Fils en demie, Giovanni Mpetshi Perricard, avait pris rendez-vous, tant son potentiel sautait aux yeux. Mais ce junior prometteur, ex n°5 mondial de la catégorie, a eu besoin de plus de temps que ses copains Fils ou Van Assche pour trouver ses marques sur le circuit principal. Il a d’abord fallu « dompter » ce gabarit hors normes, travailler sur les déplacements et l’endurance, notamment sur ocre. « On peut presque dire que c’est devenu ma surface préférée, expliquait le Français en 2022. Maintenant, j’aime vraiment la terre battue. Alors qu’au début, pas trop. J’ai plus de temps pour m’organiser, je commence à mieux maîtriser les glissades. En fait, depuis que je suis « petit », je n’ai jamais eu de problèmes de « grand » (rires) : je courais déjà assez vite, je me déplaçais plutôt bien. On voit d’ailleurs que la nouvelle génération se déplace très bien : Isner ou Karlovic, c’était moins le cas, mais Kachanov ou Zverev, qui sont à 1,98m font preuve d’une grande mobilité ». Avant d’ajouter lundi dans l’Equipe : « Les juniors ne m’ont pas aidé, j’étais grand, j’étais puissant, en 2 ou 3 frappes, je pouvais faire les points contre des joueurs pas encore développés physiquement ». Actuel n°15 au classement français, Mpetshi Perricard a également dû apprendre à accepter les risques induits par son jeu de puncheur, donc les fautes directes qui vont avec. Sans se frustrer, sans se renier. Et également à améliorer son revers à une main. Un travail d’ensemble effectué auprès de son coach Emmanuel Planque.

 

Désormais membre du Top 100

 

En 2023, sa première victoire en Challenger (Leon) constituait une étape encourageante. Avant que « Gio » n’en ajoute 3 cette saison, tous sur dur (Acapulco, Morelos, Nottingham). La semaine dernière à Lyon, chez lui, devant sa famille, le joueur du TC Boulogne Billancourt s’est offert son premier titre sur le circuit principal, dominant 4 membres du Top 100 dont Bublik (alors 19e) et l’Argentin Etcheverry en finale (29e), à l’issue d’un tie-break irrespirable (6/4, 1/6, 7/6, 9 points à 7). Avec au passage un bond de 51 places, et une entrée fracassante dans le Top 100 (66e). « C’est spécial mais il ne faut pas non plus prendre la grosse tête. Je ne sais pas si c’est mérité, quand on bosse bien, c’est sûr qu’on a des résultats mais il faut aussi de la patience. J’ai 20 ans, je suis dans les 100, je ne me sens ni en retard, ni en avance. La finalité, c’est de gagner un Grand Chelem. Si je le gagne à 30 ans ou à 24, je serai content », raconte l’intéressé dans l’Equipe. Chez les Mpetshi Perricard, le tennis est une affaire de famille puisque sa soeur cadette Daphnée (15 ans), finaliste des championnats de France 13-14 en 2022, vient de disputer les « qualifs ». Leur père, Ghislain Mpetshi, ancien footballeur professionnel, a porté les couleurs de Valence ou de Bourg-Péronnas. Formé à l’AS Caluire, Giovanni a quitté le domicile familial dès 12 ans pour le CREPS de Poitiers avant d’intégrer le CNE. En pleine confiance, il démarre son second Roland-Garros face au Belge David Goffin, avant un éventuel 2e tour face au vainqueur du choc Nadal – Zverev.

 

FICHES TYPE ADVERSAIRES
Son adversaire
David Goffin
33 ans, BEL, 115e ATP
Droitier, revers à deux mains
Roland-Garros : 13e participation, (quart de finale en 2016)
Sa saison 2024 : 2e tour à Rotterdam et Marrakech
6 titres ATP