RG18, Michaël Jeremiasz : ''Le tennis en fauteuil est un sport extraordinaire''
6 juin 2018
Maître de cérémonie de la journée Tous en Fauteuil, Michaël Jeremiasz revient ici sur le succès de cette manifestation. Et plus généralement sur la pratique de cette discipline et sur le chemin qui reste à accomplir pour faire évoluer les mentalités à propos du handicap.
Quel bilan tirez-vous cette journée Tous en fauteuil à Roland-Garros ?Chaque année, on prend un plaisir fou à organiser cet événement. Il y a plus de 350 personnes qui ont essayé de jouer aujourd’hui. C’est une super promotion pour le tennis en fauteuil et surtout une super sensibilisation à la différence et au handicap.Que vous disent les personnes après avoir essayé le tennis en fauteuil ?Ils trouvent ça impressionnant. Les gens nous voient faire ça de manière professionnelle, et là, ils réalisent à quel point c’est un sport dur et exigeant. Mais le mot qui revient le plus souvent, c’est : "merci". Merci de nous faire essayer et de nous découvrir le tennis en fauteuil. Merci de nous aider à faire changer notre regard. Car ce regard, il devrait être assez banal finalement. C’est ça, l’enjeu : banaliser la différence et que finalement ça ne soit plus un événement. Justement, ce regard sur la différence, il a changé ou il change ?Il change. Il n’a pas changé dans le sens où l’on a encore beaucoup de travail. Je voyage dans le monde entier et un peu partout en France et je vois combien la place des personnes handicapées, ce n’est pas une question simple. On est la minorité la plus discriminée devant les minorités ethniques. En 2018, être handicapé est très compliqué et malgré tout, on le voit, un changement de regard s’opère. Un événement comme celui-ci peut aider, les Jeux paralympiques de 2014 à Paris pourront aider aussi en terme d’accessibilités. Il faut que les gens soient au contact de ceux sont différents.
Dans les clubs de France, on sent aussi que ça bouge…Oui, la pratique du tennis en fauteuil se développe de plus en plus. D’ailleurs, la FFT vient de récupérer le tennis en fauteuil (auparavant rattaché à la fédération handisport), ça s’appelle désormais le "Paratennis". La mission de la FFT n’est pas de faire des champions pour demain, mais bien de développer la pratique pour tous. Il y a un peu plus d’un millions de licenciés à la FFT en tennis valide. En fauteuil, on est quelques centaines. Il faudrait que l’on soit quelques milliers. Il va falloir faire ce travail. Mettre des fauteuils à disposition afin que les gens puissent essayer, adapter les clubs quand c’est nécessaire, et que les moniteurs se forment. En même temps, c’est juste du bon sens !Si on veut démarrer, est-ce que le premier frein reste le prix du fauteuil ?Oui, ça coute un peu cher mais il y aussi plein de Conseillers en Développement qui peuvent en prêter. Il y a des possibilités et il n’est pas nécessaire d’investir des milliers d’Euros. Et si on veut vraiment son fauteuil, ça démarre à 1 000 ou 1 500 Euros. C’est largement suffisant pour apprendre. Il faut que la Fédération, les ligues et les clubs puissent en acquérir en gros afin que demain n’importe qui puissent essayer.Au bout de combien de temps de pratique du tennis en fauteuil peut-on commencer à prendre du plaisir ?Mais dès la première minute ! On le voit avec les gens qui sont venus aujourd’hui. Il faut s’adapter, on joue avec des balles de mini-tennis, on est sur des terrains plus petits. Le sport, ce n’est pas que de la dépense physique. C’est aussi créer du lien social, c’est sortir de sa zone de confort. C’est une question de bien-être ! Après, pour maitriser, jouer sur un grand terrain, il faut quelques mois. C’est un sport extraordinaire, complet. Pas le plus simple en fauteuil, je vous l’accorde, mais extraordinaire !
Sur le même sujet
Bientôt le Masters des sourds et malentendants
15 octobre 2024
Ileana, sourde de naissance et jeune joueuse de tennis : "Elle apprécie de pouvoir prendre ses propres décisions sur le court"
27 septembre 2024
Pas de médaille pour les Français, mais tant d'amour...
6 septembre 2024