Dans ce nouvel opus de "Conseils aux compétiteurs", Bertrand Camacho, président et responsable sportif du CMO Louvres Tennis (95), nous donne ses routines de joueur et d'entraîneur pour débuter du bon pied la nouvelle saison.
C'est bien connu, à quelque chose malheur est bon. Les grandes vacances sont peut-être finies, mais la saison 2024/2025, elle, commence ! Pour un joueur de tennis, qu'il soit en période de reprise après une coupure ou, au contraire, en phase de "reset" après un été chargé, il s'agit toujours d'une période importante, sinon charnière, qu'il faut savoir négocier au mieux, dans la mesure où elle va conditionner tout le reste de la saison.
Mieux vaut donc ne pas manquer ce nouveau train qui démarre et pour vous y aider, nous avons sollicité les conseils de Bertrand Camacho, qui cumule la triple casquette de joueur de deuxième série, d'enseignant diplômé d'Etat et de président du CMO Louvres Tennis (95), dont il est également le responsable sportif. Avec lui, nous avons dégagé trois routines indispensables pour réussir sa reprise.
1/ Débriefer la saison passée et se projeter sur la nouvelle
Certes, le tennis est un sport qui nécessite d'être focalisé sur le moment présent. Mais il faut aussi savoir où l'on veut aller et pour cela, c'est bien connu, rien de tel que de savoir d'où l'on vient. En ce sens, l'exercice du bilan de la saison écoulée s'avère très précieux pour, justement, mieux se projeter sur la nouvelle.
"Au début de chaque saison, je fais un petit questionnaire à chacun de mes élèves en leur demandant ce qui a pu leur poser problème en match lors de la saison précédente, ce sur quoi ils pensent devoir s'améliorer ou, au contraire, ce qu'ils ont envie de renforcer, explique ainsi Bertrand Camacho. Pour cela, je leur donne un papier lors du premier cours et je leur demande de prendre le temps de la réflexion avant de me le rendre."
Le fait de procéder à l'exercice par écrit requiert certes un travail d'introspection qui peut paraître fastidieux, mais qui peut aussi apporter un vrai plus. Cela permet de mieux cerner ses envies et, surtout, de mieux les tenir toute la saison. Car contrairement aux pensées qui sont plus volatiles, le papier, lui, restera toute la saison à vos côtés, jouant son rôle de piqûre de rappel parfois nécessaire.
Au-delà de ça, se projeter sur la nouvelle saison, c'est aussi l'attaquer du bon pied : "C'est le bon moment pour vérifier son matériel, refaire son cordage qui a dû souffrir de la chaleur, voire changer de raquette si l'on en a besoin." Sans oublier, bien entendu, le traditionnel petit check-up médical, surtout à partir d'un certain âge.
En résumé, l'idée est de repartir sur des bases totalement nouvelles en privilégiant au maximum le plaisir et les sensations, tout en évitant le risque de blessure.
© Cédric Lecocq / FFT
Faites le bilan de la saison passée, pourquoi pas avec votre enseignant.
2/ Se fixer des objectifs, et les bons
C'est aussi, bien entendu, dans les petits papiers de Bertrand Camacho : la définition par écrit de ses objectifs pour la saison à venir. Et là, attention au piège. Il est indispensable de se fixer les "bons" objectifs, ambitieux peut-être mais néanmoins réalistes, et surtout en parfaite congruence avec soi-même, selon le type de joueur que l'on est.
"Il y a deux principales catégories d'objectifs : des objectifs de performance (atteindre tel classement, gagner à tel niveau, etc.) ou des objectifs de maîtrise, que ce soit sur le plan technique, tactique, physique ou mental, synthétise Bertrand Camacho. Or, on est tous différents là-dessus. Certains joueurs fonctionnent exclusivement sur des objectifs de performance : ils se fixent une barre à atteindre et cela conditionne tout le reste chez eux. Alors que d'autres, cela va les stresser, voire les bloquer : ceux-là préfèrent se focaliser sur des objectifs de maîtrise qui, s'ils sont atteints, vont de toute façon les faire progresser."
Deux chemins différents pour arriver à une même destination, en quelque sorte. Mais quoi qu'il en soit, définir en amont un itinéraire à emprunter est primordial. Car "clairement, avoir de mauvais objectifs peut vous pourrir une saison", reprend celui qui, à 45 ans, est toujours classé 15. "Après, c'est aussi le rôle de l'enseignant de discuter avec le joueur s'il sent que l'objectif n'est pas en adéquation avec son jeu ou sa personnalité."
En revanche, si l'objectif de départ (ou même plutôt les objectifs, puisqu'il est intéressant aussi de définir plusieurs balises sous-jacentes) est bien pensé et bien respecté, il aura des vertus motivantes voire euphorisantes qui vous boosteront toute la saison.
"En fait, avoir des objectifs, c'est peut-être le plus important, en sport comme dans la vie, insiste l'enseignant val-d'oisien. Cela permet de déterminer un chemin vers là où l'on veut aller. C'est parfois difficile, parce que cela nécessite un temps d'analyse et d'avoir confiance en soi ou en la personne qui vous accompagne. Mais c'est essentiel. Si on n'a pas d'objectif, on ne progresse plus."
3/ S'accorder un vrai temps de montée en régime
Là-dessus, tous les joueurs ne partiront pas sur un pied d'égalité, entre ceux qui ont choisi de poser la raquette pendant l'été ou ceux, au contraire, qui ont redoublé d'activité. Par ailleurs, le classement FFT désormais mensualisé a quelque peu modifié la temporalité de la saison sportive. Mais le mois de septembre reste celui de la reprise en club et donc, dans la plupart des cas, celui d'un nouveau départ.
"Il est nécessaire de s'accorder un vrai temps de préparation avant de monter en puissance progressivement, conseille Bertrand Camacho. En tant qu'enseignant, mes premières séances, pendant trois ou quatre semaines, sont consacrées à cela : beaucoup de gammes, de volume et de répétitions. Débuter un travail plus spécifique sur un joueur en phase de reprise, ça n'est pas très intéressant car il ne sera pas vraiment disponible mentalement pour le faire. Ce chantier-là viendra plus tard."
Idéalement, cette montée en puissance technique doit s'accompagner d'une montée en puissance physique (même si l'on connaît l'aversion de nombreux joueurs à s'éloigner du terrain !), avec un travail de cardio, d'endurance et de renforcement musculaire. Bref, une sorte de petite préparation foncière similaire à celle que peuvent faire les joueurs professionnels durant leur inter-saison à eux, au début de l'hiver.
"Si on ne reprend que par du tennis, il vaut mieux, dans un premier temps, limiter les déplacements pour élargir au fur et à mesure, conclut Bertrand Camacho. Il faut d'abord se réhabituer à la balle, au rythme… Partir directement sur un match, c'est le meilleur moyen de se frustrer, voire de se blesser. Cela ne sert à rien de vouloir faire ce que l'on faisait avant les vacances. Il faut d'abord reposer de bonnes bases, sur lesquelles on va pouvoir travailler de nouvelles choses."
Si le processus est respecté, l'état de fraîcheur et d'enthousiasme qui est généralement le vôtre à la reprise se prolongera au maximum. Et pourra vous emmener plus loin peut-être que ce que vous n'aviez osé imaginer…