Pas de médaille pour les Français, mais tant d'amour...

La médaille de bronze du double messieurs a échappé à Frédéric Cattanéo et Stéphane Houdet, battus au match tie break par les Espagnols. Mais toute l'équipe de France de tennis-fauteuil n'oubliera pas ces Jeux et cet amour offert par le public... Les joueurs, le capitaine Yannick Noah et le chef de la délégation Jean-Philippe Fleurian font le bilan.

L'Espagne a le dernier mot...

Pour monter sur le podium des Jeux, Stéphane Houdet et Frédéric Cattanéo devaient battre les Espagnols Daniel Caverzaschi et Martin De la Puente. Cette médaille de bronze, on l'a écrit, valait de l'or...

Au terme d'un premier set indécis, Houdet et Cattanéo ont pris les devants. 6/4, après 55 minutes de jeu.

Mais les Espagnols ont réagi très vite à l'entame du 2e acte (3-0). Malgré un retour à 3-3 et une opportunité de passer en tête, les Bleus ont cédé la manche 6/4.

La médaille s'est donc décidée au match tie-break.

A 5-5, les Ibères ont terminé plus fort en gagnant les cinq derniers points (4/6, 6/4, 10/5). Le podium a donc échappé à Steph et Fred. d'un souffle...

Mais ils peuvent être fiers de leur tournoi. Et heureux d'avoir vécu, comme le reste de l'équipe de France, des moments inoubliables de partage avec le nombreux public venu tous les jours les encourager à Roland-Garros.

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© Marine Andrieux / FFT

L'entrée sur le court Suzanne-Lenglen des deux joueurs français saluée par de nombreux enfants !

La réaction de Stéphane Houdet et de Frédéric Cattanéo

Frédéric Cattanéo
"Les premiers mots qu'on s'est dit ? 'Fais chier la double-faute !' (il a commis une 'double' sur la balle de match). On savait que ça serait un match compliqué. On a des opportunités pour passer devant au 2e set, on ne les fait pas. Ils ont osé plus que nous à la fin. Il faut les féliciter.

J'ai des regrets forcément. Mais on va se tourner vers 2028 maintenant.

Le public a été incroyable pendant cette compétition. C'est inédit pour nous. vers la fin, mes émotions ont été compliquées. Une défaite aux Jeux, ça fait mal. Mais quand on voit un public comme on a eu sur toute la compétition, on a juste envie de finir sur une note positive en leur disant 'merci'."

Stéphane Houdet
"Il a manqué cinq points... Il a surtout manqué de rester à l'intérieur du court. A 1-1 dans le match tie-break, je fais une double-faute. Puis dans les échanges, on recule et ils s'emparent du filet. Celui qui gagne, c'est celui qui ose. Ils ont osé.

Mes premiers Jeux sans médaille ? Mes médailles, elles sont dans mes bras (il porte son plus jeune enfant). Le public a été extraordinaire, ma famille était là. Les médailles sont magnifiques, mais être en forme, être en vie, ça permet de relativiser.

Je veux continuer. Rendez-vous à Los Angeles ! Le niveau aujourd'hui est incroyable, mais je crois que je n'ai pas beaucoup pu travailler avec mes deux jeunes enfants qui sont nés depuis peu. J'ai été dédié au tennis un peu moins au début de l'année. Mais ça me laisse de belles perspectives pour l'avenir.

Yannick (Noah) nous a tellement apporté. Avec lui, c'est du très haut niveau. En quelques mois, il est capable de révolutionner le tennis-fauteuil français."

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© Marine Andrieux / FFT

Yannick Noah, le capitaine des garçons, a été un guide précieux pour l'équipe des France, pendant toute la préparation et ce tournoi paralympique.

La réaction de Yannick Noah et de Jean-Philippe Fleurian

Yannick Noah (capitaine de l'équipe de France masculine de tennis-fauteuil)
"Pas de médaille... En simple, on a été surclassés, on s'en doutait. En double, il y avait une place. C'est une déception. On a vraiment rêvé. On a vécu une aventure tellement puissante... Je n'avais jamais vu de matchs de tennis-fauteuil avec autant de monde. On savait qu'on vivait un truc unique. Notre ambition était décuplée. Perdre à la porte d'une médaille, c'est dur. mais les joueurs ont tout fait. Le sport, c'est comme ça...

Je suis attaché à ces gars-là. J'ai vécu cette expérience grâce à Stéphane (Houdet). C'est l'une des plus belles de ma vie. Je ne l'oublierai pas. Jamais. C'est beaucoup d'émotions. La fin des Jeux, ça va être un réveil compliqué. Il va falloir gérer ça. On va avoir une espèce de gueule de bois, puissante. Mon coaching, c'est de l'affect. Ils m'ont donné beaucoup. Je suis plein de gratitude envers eux.

Voir Roland-Garros plein, avec des gens, des gamins, des gamins qui sont parfois en situation de handicap, qui ont découvert le tennis-fauteuil, ça a été quelque chose de fort. La première compétition où j'ai été capitaine, c'était la Coupe du monde en Turquie, il y avait 40 personnes dans les tribunes, dont 20 personnes du staff des équipes...

On fait du sport pour des émotions. Et il y en a eues. C'est plein de leçons. Des gamins, des papas, des mamans qui applaudissent ces athlètes qui ont eu des moments difficiles dans leur vie... Je n'ai pas de mots. C'est tout ce que j'aime."

Jean-Philippe Fleurian (chef de la délégation de l'équipe de France de tennis-fauteuil)
"Les choses positives, ça a été ces émotions extraordinaires. J'avais prévenu les joueurs et les joueuses, 'vous allez vous en souvenir toute votre vie'. Ils ont compris de quoi je voulais parler.

Mais dans mon rôle, je ne peux être satisfait. J'étais là pour gagner. On savait que la chance de médaille, c'était le double Houdet/Cattanéo. On pouvait battre les Anglais, les Espagnols. On n'est pas passés par loin. Bravo à Yannick pour ce qu'il a apporté à cette équipe. Un Gaëtan Menguy qui bat pour la première fois un top 10, c'est grâce à son apport. Yannick, il a marqué ma vie. Il a marqué cette aventure. Il a juste manqué quelques points.

Il faut être lucide, on peut faire beaucoup mieux dans le tennis-fauteuil en France aujourd'hui. On en est encore aux balbutiements du professionnalisme. Le tennis-fauteuil va monter en puissance l'an prochain sur le plan international. Avec la FFT, on va encore s'améliorer, dans le haut niveau, dans la détection aussi. Ksénia (Chasteau) va être l'ambassadrice du tennis-fauteuil en France. Elle sera notre grande chance de médaille en 2028."