Grande figure du tennis français sur le court comme en dehors, Marcel Bernard (1914-1994) a remporté Roland-Garros en 1946, avant de diriger la Fédération française de tennis en tant que président, de 1968 à 1973.
On ne se lasse pas de raconter l’anecdote de sa victoire à Roland-Garros en 1946 : cette année-là, c’est uniquement parce que sa partenaire de double mixte se désiste au dernier moment que Marcel Bernard accepte de concourir en simple.
À 32 ans, l’ancien demi-finaliste du tournoi (1932 et 1936) n’a plus beaucoup de temps à consacrer au tennis à cause de ses activités d’agent de change et ne veut plus disputer que le double. "Avec la guerre, j’avais arrêté le tennis depuis cinq ans. Je ne regardais même plus les matchs."
Voilà pourquoi son triomphe est l’un des plus surprenants jamais vus Porte d’Auteuil. Éliminant tous les favoris les uns après les autres, Marcel Bernard revient en plus de deux sets à zéro en finale contre Jaroslav Drobny, avant de s’imposer 6/3 dans la manche décisive et de recevoir un "raz-de-marée d’ovation" pour reprendre le terme employé dans le compte rendu du journal L’Équipe. "Cette victoire a illuminé ma vie pendant les années qui suivirent. Elle m’a donné une grande confiance en moi" racontait le Lillois à la fin de sa vie.
Président de la FFT de 1968 à 1973
Elle a aussi sans doute aidé ce bon vivant, tout en élégance et humour, à accéder à la présidence de la Fédération deux décennies plus tard, en 1968. C’est sous sa présidence, donc, que le tennis est devenu “Open” et que les Internationaux de France ont pu de nouveau accueillir les champions professionnels.
En 1968, Roland-Garros franchit pour la première fois la barre des 100 000 spectateurs, ce qui donna un nouvel essor au tennis en France en général et au tournoi en particulier.
Président pendant cinq ans, Marcel Bernard est ensuite devenu en 1973 le chargé de mission et l’homme de confiance de son successeur (et ami) Philippe Chatrier. Jusqu’à la fin de sa vie en 1994, il est resté un acteur majeur du tennis français, respecté de tous, nouvelles générations comme anciennes.
Aujourd’hui, la coupe remise aux vainqueurs du double mixte de Roland-Garros porte son nom. Tout comme l’allée centrale du Stade et la porte d’entrée située Porte d’Auteuil.
Julien Pichené
Retrouvez le portrait de Marcel Bernard dans le n°523 de Tennis Info.
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