Lieu iconique du sport en France, le stade Roland-Garros s’apprête à écrire une nouvelle très belle page de son histoire.À l’occasion des Jeux de Paris 2024, l’enceinte de la Porte d’Auteuil abritera en effet les épreuves de tennis (27 juillet - 4 août), de tennis-fauteuil (30 août -7 septembre), mais aussi les phases finales de boxe (6 - 10 août).
Terre d’exploits mondialement reconnue pour sa beauté́, sa capacité d’accueil et la qualité́ de ses infrastructures, le stade Roland-Garros s’est imposé comme un fleuron de l’organisation d’événements sportifs dans l’Hexagone. Une solide réputation qui l’a naturellement élevé́ au rang de futur site olympique, lorsque Paris a été désignée ville hôte des Jeux 2024. "Le stade Roland-Garros a été retenu très tôt, dès notre lettre d’engagement en août 2016, explique Christophe Fagniez, directeur général adjoint de la Fédération Française de Tennis. Le comité international olympique (CIO) a mis en place une nouvelle norme qui consiste à s’appuyer sur des infrastructures et des savoir-faire existants. Confier à la FFT la mission d’organiser les épreuves olympiques et paralympiques de tennis avait du sens et Paris 2024 s’est rapidement rapproché de nous pour mettre en place cette collaboration."
À la différence du tournoi que l’on connait, la Fédération met donc son expérience et son expertise au service d’un événement dont elle n’est pas propriétaire. "La FFT met à disposition son stade et doit assurer le bon déroulement des différentes épreuves puisque nous sommes "Event Delivery Entity" (EDE), poursuit celui qui est aussi Event General Manager des JO au stade Roland-Garros. C’est la première fois qu’un tel modèle est mis en place et nous voulons prouver qu’il est vertueux. Malgré́ nos très nombreuses connaissances, nous partons d’une feuille blanche, il faut tout créer."
Afin que les 41 sites olympiques bénéficient du même niveau de service, les équipes dédiées à ce projet grandiose doivent se conformer en un temps record au minutieux cahier des charges fourni par le CIO et Paris 2024.
L’immense défi de la métamorphose
En constante évolution, le stade Roland-Garros accueille désormais de nombreux évènements culturels et sportifs tout au long de l’année. Mais à l’occasion des Jeux, il a vécu une métamorphose visuelle et technologique inédite, le tout dans un laps de temps très court.
"Le stade s’habille aux couleurs des Jeux en respectant une définition précise sur laquelle on travaille énormément, ajoute Christophe Fagniez. Il fait 12 hectares et il est très marqué “Roland-Garros” donc on a effectué un énorme travail de camouflage et de décoration. Le design, les équipements sportifs, les banques d’accueil... tout doit être changé ! Mais typiquement, ces évolutions ne pouvaient être entreprises qu’à la fin du Grand Chelem, ce qui nous octroyait une fenêtre très restreinte".
Entre la fin du Majeur, le 9 juin, et le début des épreuves olympiques de tennis, du 27 juillet au 4 août, les équipes n’ont en effet disposé que de six semaines pour transformer l’écrin dans lequel les stars prendront leurs quartiers plus tôt pour s’entrainer. Et puisqu’une prouesse logistique peut en cacher une autre, le court Philippe-Chatrier connaîtra une nouvelle mue à l’issue de ce premier grand rendez-vous afin d’accueillir les phases finales de boxe pour cinq soirées, du 6 au 10 août !
"En théorie, nous avons 36 heures, mais en pratique le modèle olympique impose un filage des cérémonies avant chaque compétition ce qui réduit encore le timing de cette transition, précise Elodie Sauvaigo, Deputy Event General Manager des JO au stade Roland-Garros. Du 4 août au soir jusqu’au 6 à 12h, nous devons donc protéger la surface de jeu, ajuster les plateformes technologiques pour les entrées scénarisées et la diffusion TV, installer le ring, la table des officiels, une tribune d’une centaine de places mais aussi les écrans au sol puisque nous ne pouvons pas accrocher d’écran central au niveau du toit. Quant à l’éclairage, il a déjà̀ été validé par des tests opérationnels réalisés l’été dernier".
La boxe, véritable clin d’œil à l’histoire du stade qui a accueilli le combat de Marcel Cerdan le 7 juillet 1946 face à l’Américain Holmann Williams, cèdera ensuite sa place aux épreuves de tennis-fauteuil des Jeux paralympiques, du 30 août au 7 septembre. Là encore, les enjeux sont nombreux. "Bien sûr, nous capitaliserons sur les infrastructures déployées pour les Jeux, admet Élodie Sauvaigo. Mais il nous faudra mettre l’accent sur l’entretien des terrains, 10 courts de compétitions, et sur l’accueil des athlètes. C’est notamment le cas pour les vestiaires du court Philippe-Chatrier, moins pratiques et accessibles que ceux du Suzanne- Lenglen, base de vie des joueuses et joueurs pendant le tournoi de Roland-Garros".
© © Marine Andrieux / FFT
Volontaires et salariés main dans la main
Configurer un stade de trois manières différentes en seulement quelques semaines représente un défi immense sur le plan technique comme sur le plan humain. Cette aventure nécessite inéluctablement une importante mobilisation humaine. Ainsi, la FFT a procédé́ à une réorganisation interne afin de créer un pôle dédié aux Jeux. "Dans notre esprit, il fallait que les experts de Roland-Garros puissent intervenir sur les JO, détaille Christophe Fagniez. Mais puisque ces salariés travaillaient déjà̀ à 100% sur tous nos autres événements, on leur a adjoint des référents Paris 2024 afin de fusionner les connaissances du stade avec la culture olympique. Il s’agit d’une équipe qui compte plus de 200 personnes depuis mai".
Au-delà̀ des considérations logistiques et technologiques, les membres de ce dispositif seront en lien constant avec les nombreux volontaires mobilisés dans le stade. Une grande nouveauté́ visible tant en coulisses que dans les allées. "La vraie particularité, c’est qu’il y aura énormément de volontaires, ce qui n’est habituellement pas le cas lors du tournoi du Grand Chelem. Si l’on se concentre uniquement sur le sport et l’accompagnement des athlètes par- tout dans le stade, 490 personnes officieront pendant les épreuves olympiques et 375 durant les paralympiques", conclut Élodie Sauvaigo.
Décors, infrastructures, populations : pour les Jeux de Paris 2024, le stade Roland-Garros revêtira ainsi l’un de ses plus beaux costumes, taillé sur mesure.