Bergeron / Blanqué : "Il n’y a qu’en France qu’on peut vivre ce genre de moments !"

Romain Vinot, à Roland-Garros

30 septembre 2024

Particulièrement heureux et fiers d’avoir remporté leur premier tour face à la paire espagnole Gil / Sanchez Serrano, les héros français de la nuit parisienne sont revenus sur ce succès de prestige et vont désormais tout faire pour prolonger leur belle aventure.

Qu’est-ce que vous ressentez au sortir de cette magnifique victoire ?

Johan Bergeron : Honnêtement, je n’arriverai pas à trouver le bon mot ! On est plus que contents, on est fiers. À l’issue du tirage au sort, on s’était dit qu’on pouvait faire quelque chose, on savait que c’était un match à notre portée, encore plus ici où on a nos amis, nos familles et tout le public français derrière nous. Les supporters sont restés alors qu’il était tard !

Qu’est-ce que qui vous a traversé l’esprit lorsque vous avez manqué une balle de match à 5-4 dans le troisième set ?

Johan Bergeron : On est passé par toutes les émotions durant la rencontre : on perd le premier set alors qu’on joue bien, on gagne aisément le deuxième puis on mène 5-2 dans le troisième… On se retrouve dans une position royale mais ils reviennent à 5-5 alors qu’on a eu cette balle de match. J’avoue que j’y ai repensé pas mal ! Je vois sa volée parfaite, je me retrouve envoyé au fond de la piste et je dois faire un coup droit et ne surtout pas faire la faute. Mais je veux tellement la mettre dans les pieds pour gagner le match… Donc moi, j’y ai repensé après mais finalement on a pris les deux jeux suivants ! […] On gagne 7/5 même si je ne me rappelle même plus du dernier jeu (rires).

En 2022, vous aviez tous les deux remportés votre premier tour mais avec des partenaires différents. Est-ce que ce succès est encore plus spécial pour vous ?

Bastien Blanqué : Ce qui est différent, c’est que le padel est en plein essor dans le monde, il y a de plus en plus de spectateurs. Et avec Jo, on revient ensemble sur un nouveau projet alors qu’on a joué ensemble pendant trois ans de 2017 à 2019. On est très contents de rejouer tous les deux, on a l’expérience de ces moments-là. On a vraiment bien joué aujourd’hui, on joue mieux que par le passé mais nos adversaires aussi. On arrive à mieux gérer nos émotions, les temps forts et faibles, on se connait par cœur. Et puis on a déjà gagné ici ! Sur ce terrain, il y a énormément de hauteur, de lumière, de gradins, de spectateurs… On est resté très focus et on n’a pas eu d’émotions très compliquées à gérer.

Un mot sur l’ambiance, c’était incroyable ce soir sur la piste Philippe-Chatrier, non ?

Bastien Blanqué : Il n’y a qu’en France qu’on peut vivre ce genre de moments ! Il y avait encore plus de monde qu’il y a deux ans, les gens sont restés alors qu’il faisait froid… Mais la Marseillaise, les clappings, les chants… C’était de la folie. Au-delà de la victoire, il faut profiter de ces instants parce que demain, tout peut s’arrêter.

Johan Bergeron : Et il faut aussi se dire que pour nous, le circuit n’est quasiment jamais en France, à part ici et à Bordeaux. Le reste de l’année, il y a du public évidemment mais il n’y a jamais autant de gens qui nous supportent. Ça fait plaisir que les gens soient restés, ils avaient envie de nous voir et ils croyaient en nous. C’est bien pour la France parce qu’il y a deux paires qui continuent et chez les filles, Alix a gagné et Léa joue demain…

Thomas Leygue était en tribunes pour vous soutenir. Est-ce qu’il y a une émulation entre tous les Français ?

Bastien Blanqué : C'est ce qu’on veut ! Il y a quelques années, entre 2010 et 2016, avant que le padel ne vive cet essor, il y avait beaucoup d’ego entre les joueurs tricolores parce que c’était encore un sport niche. Mais depuis 2017, entre les anciens et les nouveaux joueurs, on a vraiment créé un groupe soudé. Ça se ressent aujourd’hui, tout le monde se regarde, on est venu encourager les copains et ils ont fait la même chose. Il faut que les Français gagnent parce que le sport doit se développer.

Comment vous êtes-vous préparés étant donné que vous n’avez pas disputé de matchs qualificatifs ?

Johan Bergeron : On a joué 45 minutes samedi et dimanche et c’était… nul (rires). Pendant ces deux jours d’entraînement, on ne se sentait pas bien. Mais être en match, ça change tout, les émotions sont complètement différentes. Cette wild-card est une vraie chance et on a eu un tirage plutôt favorable. Ce sont de très bons joueurs mais ils étaient les moins bien classés du tableau. On voulait jouer une paire comme ça, on a eu une chance et on a réussi à la saisir. Mercredi, on joue une tête de série, on n’aura rien à perdre, ils auront la pression et on est chez nous donc on va tout donner !