Hugo Gaston, né dans deux clubs

3 octobre 2020

Le Français, révélation de ce Roland-Garros, s'est construit dans son Sud-Ouest natal, autour de deux clubs : le Fonsorbes Tennis Club et le TC Blagnac.

Depuis sa victoire spectaculaire au 3e tour face à Stan Wawrinka, la France du tennis regarde Hugo Gaston avec les yeux de Chimène.

Ce jeune pétri de talent et de malice s'est construit dans le club familial, à Fonsorbes, à 25 kilomètres au sud-ouest de Toulouse. Il a su éblouir son monde avec son jeu et sa spontanéité. "Il a commencé vers 3 ou 4 ans, se souvient son père Thierry. Il prenait sa petite raquette, il jouait contre un mur".

"Viens voir, c'est mon gamin, je trouve qu'il joue super bien"

De fil en aiguille, le petit Hugo prend goût à la balle jaune. "Il n’y avait pas d’enfants de son âge qui arrivait à jouer comme lui. Il tapait la balle avec tous les adultes, les gens jouaient le jeu et faisaient des échanges avec lui. Il a progressé comme cela et on a vu qu’il était au-dessus".

Epaté par les performances de son enfant, Thierry Gaston décide de prévenir un cadre technique de la Haute-Garonne, un certain Marc Barbier, qui entraîne le jeune prodige aujourd'hui. "Je lui ai dit :  viens voir, c’est mon gamin, c’est Hugo, je trouve qu’il joue super bien".

Surpris par le niveau d’Hugo, Marc Barbier invite le jeune joueur à un regroupement d’enfants plus âgés. Hugo s'y rend. Et il régale de son talent. Marc Barbier l’intègre alors au programme du comité 31.

Aujourd’hui, Hugo, 20 ans et 239e mondial, s’entraîne au TC Blagnac, un club de la banlieue toulousaine où il fait l'unanimité. "C’est l’enfant du pays, il est très humble et agréable à vivre", observe Brice Bernard, directeur sportif. Mais il est aussi bluffant. A chaque fois qu’il y a des moments importants de sa jeune carrière sportive, il est présent pour saisir les occasions".

Attaché aux choses simples

Relativement petit par rapport aux standards du tennis actuel (1m73 sous la toise), le tricolore a su compenser par son œil et son toucher hors du commun. Des qualités que son club tente encore et toujours d'améliorer pour le pousser à intégrer l'élite du circuit ATP.

"Il a beaucoup évolué depuis quelques mois, souligne le responsable de Blagnac. Quand il est parti disputer l'Open d'Australie en janvier, il s’est rendu compte du haut niveau. Il a côtoyé les meilleurs français, ça lui a montré qu’il ne fallait pas s’éparpiller. Depuis sa victoire face à Wawrinka, je pense qu’il commence à faire peur à quelques joueurs (rires)".

Le Français s'est également construit un mental et une volonté de fer. "Cette force de caractère, on ne la décèle pas trop dans la vie de tous les jours, estime Brice Bernard. Mais sur le terrain, il est très fort dans la tête".

Hugo Gaston, joueur dans l’âme

Malgré sa vie de tennisman pro, le natif de Toulouse reste le même qu'avant, poli, ouvert et disponible. "Un jeune de chez nous a eu un grave accident de moto il y a quelques mois. Entre deux tournois, Hugo est venu le voir. Il y a quelque chose de spécial chez lui. Il est attaché à des choses simples : sa famille, son club, ses amis, tout en étant très déterminé".

L'ogre Thiem

© FFT

Face à Dominic Thiem en huitièmes de finale, il faudra être déterminé et concentré dès le premier point pour ne pas prendre l'ouragan autrichien pleine face. Le n°3 mondial est un cogneur imperturbable. Sa victoire à l'US Open l'a propulsé dans une autre dimension.

Mais Hugo pourra bien sûr compter sur le soutien de ses deux clubs. "Dès qu’il peut passer faire un petit coucou chez nous, il le fait, affirme son père. C'est l'idole de tous les jeunes du club. Et dimanche, toutes les familles fonsorbaises seront derrière Hugo".

(Emmanuel Bringuier)