Ancien 4/6 au tennis, Florian Couturier se consacre désormais au padel, dont il est notamment l’un des arbitres de chaise les plus prisés du circuit international. Une reconnaissance qui lui a aussi permis d’officier en tant que juge-arbitre adjoint du Greenweez Paris Major.
Florian Couturier est un homme pressé. Pressé par le temps et par les obligations liées à un planning chargé. Car le Bordelais, investi à 100 % dans le padel, est multi-casquettes et tient à le rester.
Enseignant au club 4Padel, également formateur en Nouvelle-Aquitaine, il est aujourd’hui l’un des arbitres de chaise les plus demandés sur le circuit international. Passionné, il a aussi passé le JAP3 et officié, cette fois en tant que juge-arbitre adjoint, sur le Greenweez Paris Major, dont la 3e édition a eu lieu en septembre à Roland-Garros.
"Ma force et ce que j’aime, c’est jongler entre ces casquettes, explique-t-il. Je ne veux pas être seulement arbitre ou juge-arbitre. Mais être tout le temps coach sur le terrain ne me plairait pas non plus. Ce qui me plaît, c’est de savoir qu’une semaine je vais faire de l’arbitrage, puis ensuite revenir et être très content de donner des cours. Et j’avoue que le fait d’avoir des missions aux responsabilités de plus en plus importantes me convient aussi très bien."
Premier Major, première finale
C’est à l’US Bouscat, dans la banlieue de Bordeaux, que Florian Couturier, alors âgé de 4 ans, a démarré le tennis, découvrant l’arbitrage de cette première pratique dès l’âge de 11 ans : "J’ai eu les formations initiales au club, avant de franchir tous les échelons nationaux, puis le badge blanc, premier grade international, que j’ai passé en Allemagne en 2012. Même petit, cela m’a plu tout de suite et ça a été une école de vie incroyable pour moi qui ai toujours été plutôt timide."
Dès 15 ans, il se retrouve juge de ligne à Roland-Garros, grandissant d’un coup et découvrant le haut niveau, des étoiles plein les yeux. La voie est trouvée. Mais quelques années plus tard, après notamment deux saisons consacrées à l’arbitrage tennis et le passage du DEJEPS, le trentenaire décide de se tourner vers le padel, radicalement et sur tous les fronts : d’abord joueur, puis enseignant, et enfin arbitre. Un virage que son passé sur les courts de tennis a largement facilité : "Quand il y a eu le premier 'Greenweez' en 2022, ça s’est organisé très vite. En mai, j’étais sur Roland-Garros, mon dernier, quand on a appris que les arbitres français internationaux de tennis pouvaient postuler pour le Greenweez. J’avais déjà arbitré quelques gros tournois de padel sur Bordeaux. J’étais quasiment le seul ayant déjà un pied dedans et ils m’ont pris. Je dois avoir travaillé pas trop mal, puisque j’ai arbitré la finale, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout !"
Dans la foulée, la Fédération internationale lui propose de travailler sur le circuit mondial. Le "Premier Padel" n’a que 5 mois et les arbitres n’y sont pas nombreux, d’autant que deux circuits se font alors concurrence. Cette réalité, alliée à l’expérience de Florian Couturier et à la réputation de l’excellence française en matière d’arbitrage tennis, le propulse sur les plus gros tournois, dont les quatre Majors (équivalents des Grands Chelems), disputés à Roland-Garros, Rome, Doha et au Mexique. Celui qui figure aussi dans le Top 300 des joueurs français y arbitre, jusqu’aux finales masculines (sauf à Rome dont la finale manque encore à son CV !). Idem dans la catégorie P1, équivalent des Masters 1000 en tennis.
"Etre calme, avoir confiance en soi, anticiper"
Depuis 2022, Florian Couturier est en déplacement une quinzaine de semaines par an. "Toutes ces finales que j’arbitre en padel, je sais que je les dois à la façon que j’avais d’arbitrer au tennis, reconnaît-il. Je me suis adapté au jeu et aux règles, mais ma façon d’être sur la chaise, de me comporter, les techniques qu’on ne voit pas forcément de l’extérieur, tout ça me vient du tennis et m’aide à être au plus haut niveau aujourd’hui."
Etre calme, avoir confiance en soi, anticiper sont les qualités communes aux deux pratiques qu’il avance. Même s’il y a bien sûr des différences : "Au padel, ça va très vite et et on ne doit pas forcément se focaliser sur les mêmes choses. Il faut notamment être attentif à ce qui se passe proche du filet, ce qui est rarement le cas au tennis. Cela se joue parfois à quelques millimètres, si un joueur touche ou non le filet avec le pied, la jambe ou la raquette. Il faut être focus là-dessus et ne pas suivre toujours la trajectoire de la balle."
Habitué à la chaise pour les grands rendez-vous, Florian Couturier n’a pas hésité quand on lui a proposé d’être le juge-arbitre adjoint du Major parisien : "Au début, ça m’a fait bizarre de me dire que je ne serais pas sur la chaise, alors que j’avais fait les finales des deux premières éditions. Mais cette expérience de vivre l’organisation d’un tel événement de l’intérieur, peut vraiment m’apporter pour la suite."
Entre les cours qu’il continue de dispenser à 4Padel, ses semaines de juge-arbitrage en France, les tournois sur la chaise à l’international, son programme est encore bien chargé jusqu’à la fin de l’année. Florian Couturier forme aussi des arbitres, parfois sur le tas, leur apportant son expertise lors de tournois, comme sur le récent Lyon FIP Gold Padel.
L’idée d’une école d’arbitrage padel en France est désormais dans les esprits, pour accélérer le mouvement à plus haut niveau et augmenter le nombre d’arbitres français pouvant prétendre, comme lui, à l’international. Et faire face à un besoin grandissant pour une pratique passée en France de moins de 200 000 adeptes en 2020 à plus de 500 000 aujourd’hui.