Vice-Présidente en charge du développement des pratiques, Florence Alix-Gravellier partage sa vision du paratennis et ses chantiers prioritaires.
Double médaillée paralympique à Pékin, vous devez être particulièrement fière des missions qui vous ont été données au sein du Comité exécutif, puisque le mandat qui s'avance devrait comporter deux paralympiades, dont Paris 2024…
Oui, c'est un mandat qui s'annonce riche ! C'est évidemment une situation exceptionnelle, même si on regarde Tokyo avec un œil circonspect, il y a encore beaucoup d’incertitudes autour de la tenue de l'événement. Mais je suis évidemment ravie. La paralympiade de Paris sera une occasion formidable de faire bouger les lignes sur le handicap. C'est le mandat ou jamais pour ce poste !
Quelles vont être vos premières décisions pour le développement du paratennis ? Vos principaux axes de travail ?
Le paratennis regroupe deux pratiques au sein de la FFT : le tennis-fauteuil et le tennis pour les sourds et malentendants. Mais d’autres possibilités existent, au sein de la Fédération de Sport Adapté par exemple ou le Blind tennis pour les personnes malvoyantes, sur lesquelles nous ne sommes pour le moment pas engagés.
Les deux piliers du mandat seront sans aucun doute le développement, encore et toujours, et la compétition, avec l’ambition de réussir les Jeux Paralympiques de Paris.Ces Jeux sont une formidable occasion de transformer la société dans son ensemble avec je l’espère des retombées largement partagées, bien au-delà du tennis-fauteuil. Mais pour cela, il faut aussi que cette discipline soit un porte-étendard et que nos joueurs brillent dans les compétitions nationales et internationales.
Côté développement, il reste beaucoup à faire avec notamment un zoom sur l’inclusion dans le club. Je ne crois pas qu’on puisse fonctionner en séparant les enfants qu’ils soient en situation de handicap, issus de tel ou tel quartier, ou encore filles ou garçons. Je crois que le club doit être un lieu où l’on se retrouve pour jouer au tennis, quelle que soit sa pratique. Je ne veux pas que ce soit un vœu pieu, je vais m’attacher à élargir encore les possibilités de jouer au tennis avec un handicap partout en France.
Et pour réussir tout cela, la compétition, le développement, nous avons besoin de plus de visibilité des pratiques. Nous devons renforcer la communication, l’exposition du sport. Il faut que les gens sachent que les clubs de tennis sont ouverts aux personnes ayant des problèmes de santé. Ensuite, qu’on appelle ça tennis fauteuil, tennis santé, tennis adapté, etc. cela n’a pas vraiment d’importance.
Enfin, nous devrons poursuivre les efforts de sensibilisation et de formation à tous les niveaux de la Fédération, car le développement de la discipline passe par une implication des enseignants, des dirigeants de clubs, de comités et de Ligues.
Côté sourds et malentendants, le sujet est un peu différent, avec des joueurs souvent engagés dans une pratique du tennis dans le club, un peu moins identifiable. Certains aspirent à une compétition labellisée, d’autre à jouer au tennis tout simplement. Il faut trouver le bon équilibre et là aussi, développer des opportunités de jeu adaptées à toutes les attentes.D’une manière générale, nous voulons que le tennis soit un sport ouvert et inclusif. Pour cela, nous voulons aller rencontrer les personnes en situation de handicap dans les centres hospitaliers et médicaux mais pas uniquement. Nous voulons aussi que les personnes ayant des problématiques de santé se sentent libres, aient même l’envie de se faire connaître dans un club. Cela passe par une communication plus fine et des programmes toujours plus inclusifs même hors du champ du Paratennis. Je pense au tennis à l’école par exemple, avec De la cour au court. Que tous les enfants puissent jouer au tennis, handicap ou non. Ensuite, on verra.
Bref, on est ambitieux et humbles à la fois. C’est un travail d’équipe, qui sera mené en partenariat avec tous les services de la Fédération, y compris la DTN au sein de laquelle nous avons de merveilleux alliés et partenaires de réflexion. Et bien sûr, c’est un travail de concertation avec l’ensemble de l’écosystème tennis, joueurs, enseignants, dirigeants, qu’il faut mener avec beaucoup de transparence.
© FFT
Florence Alix-Gravellier a été une excellente joueuse de tennis-fauteuil, médaillée paralympique.
Le tennis-fauteuil fête ses 40 ans d'existence en France cette année (1981-2021). Une célébration est-elle envisagée ?
Nous aimerions beaucoup. L'agenda est compliqué par la crise sanitaire. Serons-nous capables de mettre en place quelque chose autour de Roland-Garros ? Certainement pas, malheureusement. Quel que soit le choix que nous ferons, nous devons délivrer une célébration qui fasse du sens et serve au rayonnement et au développement de la discipline.Je célèbre le passé, et l’incroyable évolution de ce sport en si peu de temps. J’ai arrêté depuis 10 ans, je suis bien placée pour mesurer le chemin parcouru. Mais les anniversaires doivent aussi servir à regarder vers l’avant : ils doivent être une caisse de résonance, la pierre angulaire d’une évolution marquante.
Un mot sur les chances de médailles françaises à Tokyo ? Le duo Stéphane Houdet-Nicolas Peifer en double semble bien placé…
Les médailles font toujours du bien à un sport, pas seulement à ses joueurs. La paire Houdet-Peifer représente une vraie chance et je serais ravie qu’ils concrétisent par un nouveau podium.Mais en tant que tel, ça ne suffit pas. Quand on pense à Michaël Jérémiasz aujourd’hui, est-ce qu’on pense à ses quatre médailles paralympiques ? Au Porte-Drapeau des Jeux de Rio ? Ou à tout le travail qu’il fait pour faire progresser la place des personnes handicapées dans la société ?
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