Entraînement croisé : les cinq activités les plus complémentaires pour le tennis

Rémi Bourrières

28 janvier 2025

Dans ce nouvel opus de "Conseil aux compétiteurs", nous avons dressé un listing des meilleures disciplines vers lesquelles s’orienter lorsque l’on souhaite faire une (ou des) activité(s) complémentaire(s) au tennis.

Du tennis, du tennis et encore du tennis. Ce n’est certainement pas ici que l’on blâmera qui que ce soit de le pratiquer à outrance. Mais ne soyons pas exclusif : il peut aussi s’avérer très intéressant d’aller puiser dans les "sports d’à côté", soit pour pratiquer une autre discipline qui vous attire, soit pour enrichir vos entraînements avec des séances dédiées à la préparation physique, comme le font quasi-quotidiennement les joueurs professionnels.

Si vous avez ainsi décidé de diversifier vos entraînements tennis en 2025, excellente résolution ! Mais que faire ? Le préparateur physique Laurent Laffite, missionné par la FFT auprès de l’équipe de France de Coupe Davis après avoir également suivi Arthur Fils, Arthur Cazaux ou Luca Van Assche, nous a aidés à y voir plus clair en dégageant cinq sports, ou plus exactement cinq familles de sports, qui sont à ses yeux les plus complémentaires au tennis.

Spoiler : pour des raisons évidentes, le ski, pourtant longtemps pratiqué par Jannik Sinner et Novak Djokovic, n’y figure pas ! Mais il pourrait, tant, à vrai dire, tous les sports ou presque sont complémentaires les uns des autres. Ceux que nous avons listé ici ne sont pas hiérarchisés par ordre d’importance, mais à pratiquer selon vos goûts, votre profil et bien entendu vos objectifs de progression. Le tout avec bon sens et, idéalement, en étant encadré par un professionnel.

© Philippe Montigny / FFT

Laurent Laffite est l'entraîneur physique de l'équipe de France de Coupe Davis.

1) Le football (ou le futsal)

Tous les joueurs de tennis le savent : affronter un "footeux", c’est souvent l’enfer car l’assurance d’avoir en face un adversaire qui court partout, renvoie tout, avec une paire de jambes et un sens du jeu très au-dessus de la moyenne. Ce n’est pas un hasard : "Inversement, les joueurs de tennis sont souvent très bons au foot car il y a beaucoup de passerelles entre ces deux sports, fait remarquer Laurent Laffite. Le foot aide à travailler de nombreuses choses très utiles au tennis comme l’agilité du pied, la coordination du bas du corps, le cardio et la vision du jeu périphérique. Le futsal est d’autant plus intéressant qu’il est plus explosif, ce qui correspond davantage au tennis."

Des sports collectifs qui font travailler la détente, l’explosivité et la projection d’épaule, comme le handball (longtemps pratiqué par Arthur Cazaux) ou le volley-ball sont également intéressants, au-delà du risque plus élevé de torsion des doigts. Mais le foot reste un « must », pour ceux qui veulent faire un travail exhaustif.

© Antoine Couvercle / FFT

Carlos Alcaraz a aussi de belles qualités au football !

2) Le yoga (ou le Pilates)

Pour ceux qui veulent progresser dans des domaines plus précis, notamment le gainage et la concentration, voici une autre activité très intéressante. Le yoga, cher notamment à Novak Djokovic et à de plus en plus de joueurs, a ceci de particulièrement recherché qu’il propose un savant mélange entre travail physique et travail mental.

"Le yoga, mais aussi le Pilates ou d’autres activités associées, permet d’améliorer son gainage, son endurance de concentration, sa mobilité articulaire et sa respiration, développe celui qui a notamment été, dans le passé, le préparateur physique de Victoria Azarenka, Garbiñe Muguruza ou Anastasia Pavlyuchenkova. Il aide à acquérir une respiration ventrale profonde et toujours associée à un objectif précis : la concentration, le relâchement, la fluidité, etc. Il y a un sens, ce qui le rend riche et agréable pour le joueur de tennis."

Par rapport à un travail physique ou un travail mental pur et dur, le yoga allie les deux harmonieusement, ce qui peut mieux correspondre à un certain état d’esprit.

© Rémy Chautard / FFT

A l'image de l'équipe de France des sourds et malentendants, essayez vous au yoga !

3) La course à pied

Retour aux fondamentaux. La course à pied fait partie des piliers des activités athlétiques et même si certains joueurs professionnels, arrivés à un certain niveau physique, parviennent à s’en passer (de gré ou de force), tous en ont obligatoirement beaucoup fait durant leur jeunesse. Et pour cause : la course à pied, c’est la base de tout.

"L’intérêt de la course à pied est à haute visée physiologique, poursuit Laurent Laffite. Elle permet d’améliorer son système cardio-ventilatoire, son endurance bien sûr mais aussi sa vitesse et son explosivité, selon le type de séances que l’on fait. En outre, elle permet de renforcer sa technique de course ainsi que l’appareil tendino-musculo-articulaire du pied et de la cheville."

Rajouter un ou deux footings hebdomadaires, soit en endurance fondamentale soit en ciblant des séances spécifiques à intervalles training (à haute intensité), vous permettra d’oublier définitivement le syndrome de l’écroulement à la fin du 3ème set. Et qui dit plus fort physiquement, dit plus fort mentalement.

© Antoine Couvercle / FFT

Un bon petit footing en forêt, c'est bon pour la forme et le moral.

4) Un autre sport de raquette

Logique, quand on y pense. Que pourrait-il y avoir de plus complémentaire pour un sport de raquette qu’un autre sport de raquette, sachant que tous ont le même ancêtre commun, à savoir le jeu de paume ? Attention, pas forcément sur le plan technique, le tennis restant très spécifique. Mais sur bien d’autres aspects, il y a énormément de ponts qui se vérifient d’ailleurs en constant que les tennis(wo)men ont généralement des facilités d’apprentissage dans tous les sports "cousins" (et vice-versa).

"Pratiquer un autre sport de raquette va aider à développer sa dextérité raquette en mains et travailler des déplacements qui sont similaires ou complémentaires au tennis, poursuit Laurent Laffite. Par ailleurs, un point intéressant pour les compétiteurs est que cela permet de rester dans le duel."

Ce n’est pas pour rien si de nombreux sports de raquette comme le padel, le pickleball ou le beach tennis (particulièrement bénéfique pour les coups au-dessus de la tête) sont sous l’égide de la FFT. D’autres, comme le tennis de table, le badminton ou le squash, ne le sont pas mais n’en sont pas moins intéressants par leur caractère très explosif. Le choix est vaste…

© Philippe Montigny / FFT

Un peu de tennis de table ? Voilà une pratique très complémentaire pour vous aider à progresser au t'en nis.

5) La préparation spécifique au tennis

On aborde là un point plus spécifique, pour ceux qui souhaiteraient effectuer une préparation physique purement dédiée au tennis, dans le but de développer leur vitesse, leur puissance, leur endurance ou un peu tout à la fois. Ce travail peut se faire de deux manières différentes, via de la musculation ou via une préparation intégrée au terrain.

"La ligne directrice, si l’on veut faire de la musculation ciblée tennis, est de faire un travail harmonieux tant sur le haut que sur le bas du corps, synthétise Laurent Laffite. L’un des principes importants consiste à faire des Supersets, c’est-à-dire travailler un groupe musculaire et ses antagonistes, ce qui permet d’enchaîner les exercices sans prendre de récup’. Par ailleurs, il faut veiller à travailler autant la force que l’explosivité, car la puissance est le produit des deux."

Il existe énormément d’exercices différents mais, en gros, une séance complète pourrait être construite de la sorte :

  • Echauffement
  • Routine d’exercices de renforcement spécifique (épaule, pieds, etc.)
  • Superset haut du corps (épaules/dos/pectoraux ou biceps/triceps par exemple) et/ou Superset bas du corps (quadris/ischios, adducteurs/fessiers, etc.)
  • Abdo/gainage

A côté (ou en plus) de cela, pourquoi ne pas envisager des séances de préparation intégrée au terrain ? Curieusement moins prisée des amateurs que des pros, la méthode s’avère pourtant très efficace pour booster son jeu de jambes.

"La prépa physique intégrée au terrain se fait le plus souvent avec des parcours, matérialisés par des plots, qui permettent de reproduire les déplacements propres au tennis, à savoir un démarrage, un déplacement, un freinage et un ajustement, le tout avec de nombreux changements de direction, détaille Laurent Laffite. Ces parcours peuvent se faire raquette en mains mais pas forcément avec la balle, car l’obligation de frapper altère parfois l’intensité ou la qualité du déplacement."

Au total du ou des exercices effectués, 70% devra se faire à faible intensité, 10 à 15% en intensité intermédiaire et 15-20% à haute intensité. Résultats garantis si le travail est bien fait. Et pour cela, répétons-le : le mieux est de s’entourer d’un spécialiste.

© Philippe Montigny / FFT

Pierre-Hugues Herbert au travail avec Laurent Laffite.