Du 10 au 13 février 2025, une école internationale d’arbitrage a été organisée au sein du stade Roland-Garros. Une opportunité rare et l’occasion rêvée pour les cinq Français inscrits de décrocher le Graal de leurs spécialités respectives.
C’est un événement qui ne se produit que deux fois par an, un peu partout dans le monde. Cette année, l’enceinte du Grand Chelem parisien a accueilli l’une des écoles internationales d’arbitrage 2025, organisée par l’ITF en collaboration avec le service arbitrage de la Fédération française de tennis. "C’est assez incroyable d’être dans un tel endroit, a reconnu Iain Smith, directeur de l’arbitrage à l’ITF. Roland-Garros est un lieu symbolique du tennis, iconique aussi parce que le stade a accueilli les Jeux olympiques l’an dernier. Peu de Grand Chelem ont pu le faire donc ça représente vraiment quelque chose de spécial d’être ici pour les candidats et d’être inspirés par l’endroit."
Sur place, une trentaine de candidats venus de France et d’autres pays européens ont fait le déplacement cette semaine, en quête d’un badge de bronze pour les arbitres de chaise et d’un badge d’argent pour les juge-arbitres et chefs des arbitres.
"C’est un lieu mythique, des écoles comme ça, il y en a une ou deux dans le monde chaque année et là c’était en France ! Nous, on ne peut pas rêver mieux, a expliqué Nicolas Vagneck, seul candidat français en lice parmi les juges-arbitres (ils étaient 13 au total dans sa spécialité). Mais ça met de la pression, on ne peut pas sortir de là sans le badge !" Ce professeur de mathématiques n’a pas manqué son objectif : ce jeudi 13 février, il a pu retourner dans le Sud de la France, où il vit, avec un badge d’argent dans ses valises.
© Guillaume Amat / FFT
Allison Davies et Nicolas Vagneck.
La récompense suprême a aussi été obtenue par Allison Davies, et par les trois autres élèves français qui ont participé à cette école en tant qu’arbitre de chaise. À 37 ans, cette dernière a été envahie par l’émotion au moment de recevoir son prix, récompense de longues années de travail. Maman de jumeaux depuis un mois et demi, Allison n’a pas suivi une préparation ordinaire, mais elle n’a jamais rien lâché ni perdu de vue cet objectif. Cette membre du groupe Offici'ELLEs – qui a vu le jour il y a deux ans et qui promeut le développement de l'arbitrage féminin – a reçu le soutien permanent de la FFT dans sa démarche.
"En octobre dernier, j’ai eu une conversation avec les responsables des arbitres de chaises à la FFT, pour discuter de ce que j’envisageais pour l’après-naissance de mes enfants. À ce moment-là, il m’a indiqué qu’une école risquait d’avoir lieu à Paris en début d’année, rien n’était encore confirmé, mais c’était de bon augure, nous a raconté l’intéressée. Je savais que je devais normalement accoucher en janvier, mais je me souviens lui avoir dit que j’irai, que je postulerai, que j’avais travaillé ces dernières années pour cela et que c’était l’occasion – pas la meilleure pour moi forcément – mais que je ne me voyais pas la manquer. Je n’étais pas sûre, mais j’étais consciente que ça risquait d’être ma dernière opportunité de pouvoir aller dans cette école, parce que je savais que j’allais avoir beaucoup moins d’activité à cause de mon nouveau statut de maman en 2025."
© Guillaume Amat / FFT
Allison Davies brandit fièrement son badge bronze !
Un pari réussi pour Allison qui fait partie de l’une des 23 candidats pour les arbitres de chaise à repartir avec un badge de bronze, le troisième meilleur niveau international. Elle est également devenue la septième Offici'ELLEs à être promue depuis la création du groupe qui a déjà connu cinq badges blancs et un badge bronze. Une récompense obtenue après quatre jours intenses, difficiles parfois, mais où la jeune femme s’est dépassée pour décrocher la décoration suprême.
"Une pré-école a été organisée avant pour nous préparer il y a une dizaine de jours, lors du tournoi de Montpellier." Un tournoi où elle n’a pas pu se rendre, mais auquel elle a pu assister malgré tout, avec l’aide de la FFT. "La Fédération a vraiment tout fait pour que l’on réussisse, a encore expliqué l’officielle, désormais badge de bronze. Je n’ai pas pu me déplacer dans le Sud donc on s’est organisés en visio pour moi." "On ne peut que remercier la FFT. Pas seulement pour avoir accepté d’accueillir l’école, mais aussi pour tout ce qu’elle fait en termes de développement de l’arbitrage en France et dans le monde", a ajouté Iain Smith.
Tout au long de ces quatre jours d’école, les élèves ont révisé et testé leurs connaissances auprès de professeurs, confrontés à tous ces cas pratiques au quotidien.
"Je suis là pour m’occuper des arbitres de chaises, a détaillé Aurélie Tourte, l’une des enseignantes, arbitre reconnue de l’ATP tour. Pour chaque école, il y a trois professeurs. Pour les arbitres, quelqu’un qui représente l’ATP, quelqu’un qui représente la WTA et un troisième pour ce que l’on appelle ITF et Grand Chelem. Moi, je suis là pour représenter l’ATP, donc pour expliquer aux arbitres toutes les spécificités de ce circuit ATP, toutes les règles et les procédures relatives à ce circuit."
© Guillaume Amat / FFT
Pendant trois jours, un programme qui avait été envoyé au préalable a été révisé, garnis d’un tas de sujets différents pour être préparés au mieux pour l’examen final. "On est allés sur une grande majorité des règlements qu’ils doivent connaître. Donc toutes les règles liées à la WTA, à l’ATP, à l’ITF et Grand Chelem, comme les procédures pour les toilettes, les procédures de coaching, quels sont les règlements au niveau des logos, de ce que les joueurs ont le droit d’avoir, le code de conduite…", a énuméré l’officielle du circuit ATP.
Quatre journées dont une dernière réservée au passage de l’examen final organisé dans le but d’aider au mieux les candidats, de répondre à toutes leurs questions, lever tous leurs doutes et faire en sorte qu’aucune procédure n’ait plus de secret pour eux. Notés avec plusieurs éléments, ils ont dû passer un examen de deux heures, avec une partie écrite et une partie une orale, mais également un pré-test qui a eu lieu le premier jour pour tester leurs connaissances et des "pop-quiz", qui se sont déroulés au fur et à mesure des journées de cours.
"Ce sont cinq petits tests de 5 minutes, sur un sujet en particulier et ils doivent répondre à la question. Leur participation est également notée, ainsi que leur investissement leur des role-plays : une mise en scène de situation pour voir comment ils y réagissent".
Cinq manières différentes d’être évalué pour finalement décrocher la récompense finale et "rendre ce qu’on a eu comme enseignement. Notre nouveau rôle c’est de transmettre à ceux qui vont travailler avec nous et qui veulent arriver au même niveau et continuer l’arbitrage", a conclu la jeune maman Allison Davies.
© Guillaume Amat / FFT
Le groupe d'élèves sur le court Philippe-Chatrier, accompagnés du Président de la FFT Gilles Moretton.
Les chefs des arbitres quant à eux ont passé leur examen à distance : pour la première fois, l'école leur a proposé un programme 100% en ligne et les deux candidats français ont tous les deux été promus. Anne-Louise Marquion et Jérémy Rybarczyk sont désormais chefs des arbitres International.
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