Les 7 coups capitaux du pickleball

Rémi Bourrières

3 octobre 2024

Dans ce nouvel opus de "Conseils aux compétiteurs", nous évoquons avec Ronan le Roch les fondamentaux "technico-tactiques" du pickleball, cette discipline qui a séduit les États-Unis et qui est en train de monter en flèche en France.

Si, comme près de 50 millions de personnes aux États-Unis, parmi lesquels des tennism(wo)men reconvertis tels l'ancien vainqueur du Rolex Paris Masters Jack Sock ou l'ancienne finaliste de Wimbledon Eugenie Bouchard, vous vous êtes récemment mis au pickleball, préparez-vous à recevoir votre dose de "fun" !

Mais attention : en dépit de son côté ultra-ludique et de sa grande accessibilité technique, le pickleball, qui est également en plein essor en France depuis son passage sous le giron de la FFT en 2024, n'en reste pas moins une discipline exigeante qui demande de respecter des fondamentaux technico-tactiques sur ses coups de base, que nous passons ici en revue avec l'aide du Nantais Ronan le Roch, vainqueur en double du premier Open de France en juin dernier. En rappelant que les principes édictés ci-après sont valables aussi bien en simple qu'en double, qui demeure la discipline reine au pickleball.

Le service

Contrairement au tennis, il ne représente pas un avantage (c'est même plutôt l'inverse), pour la triple raison qu'il n'y a qu'une balle de service, que celui-doit être joué en dessous de la taille et qu'il n'est pas possible de le suivre au filet, les règles du pickleball imposant au moins un rebond de part et d'autre du terrain avant de pouvoir frapper une balle de volée.

"Au pickleball, le service est davantage une mise en jeu, on ne peut pas se procurer de points gratuits comme au tennis. Il s'agit plutôt d'user l'adversaire en répétant les services longs et puissants, expose Ronan Le Roch. Il est autorisé de prendre de l'élan pour gagner en puissance, mais on perd alors en précision. La plupart des joueurs préfèrent servir les appuis bien ancrés au sol, avec un effet lifté prononcé." 

Une fois le service effectué, mieux vaut éviter d'avancer pour ne pas avoir à négocier un retour dans les pieds forcément délicat puisque, rappelons-le, il sera interdit de le jouer avant le rebond.

© Delphine Prévot / FFT

Le service est surtout une mise en jeu.

Le retour

Plutôt à l'instar du volley-ball, c'est donc le relanceur qui a l'ascendant dans l'échange puisque lui, en revanche, est autorisé à prendre d'assaut le filet après son retour. Ce qui, soi-dit en passant, est impératif au pickleball, où l'écrasante majorité des points se gagnent au filet. Voilà qui ravira les nostalgiques d'un temps révolu au tennis...

"Il s'agit de retourner le plus long possible et d'avancer le plus vite possible après la frappe, conseille ainsi Ronan Le Roch. Les meilleurs joueurs retournent légèrement slicé et sont déjà en mouvement à la frappe. Le but est de forcer l'adversaire à jouer son prochain coup en étant le plus loin possible du filet."

Un retour en puissance est également possible, mais sans sacrifier à la longueur de balle et à la vitesse d'exécution, qui sont les deux armes majeures dans cette partie de gagne-terrain que constitue le pickleball.

© Delphine Prévot / FFT

Retournez long et avancez !

Le "troisième coup"

C'est le moment charnière d'un échange au pickleball, celui à partir duquel s'ouvre véritablement le champ des possibles. "Au service et au retour, il faut avant tout chercher la longueur. Le troisième coup, lui, est plus stratégique : il va falloir opter entre un drop dans la zone de non-volée (dite aussi kitchen) ou un drive", comme l'explique Ronan Le Roch.

Le premier choix (le drop) a pour but de neutraliser l'adversaire en l'empêchant de volleyer, puisqu'il est interdit de jouer de volée une balle en ayant un pied dans la kitchen. Le second choix (le drive, qui est en fait un coup plus ou moins puissant du fond de court) visera à le forcer à jouer une volée difficile, voire à le passer directement.

"Le choix va être fait en fonction de la qualité du retour et du placement de l'adversaire, poursuit celui qui est par ailleurs chargé de développement à la Fédération Française de la Retraite Sportive. Si l'adversaire est bien positionné au filet, on aura plutôt tendance à opter pour un drop. Sinon, on peut le cueillir avec un drive. Il faut tenir compte du style de jeu adverse, de ses propres forces et faiblesses tout en rappelant que la clé reste la variété."

© Delphine Prévot / FFT

Plusieurs choix s'offrent à vous pour le "troisième coup".

Le drop

C'est peut-être LE coup fondamental du pickleball, celui qui est en tout cas le plus utilisé du fond de court. Le "drop" ("amortie" en français) est une frappe très courte qui va atterrir dans la "kitchen", avec pour objectif de neutraliser l'adversaire.

"C'est un coup très technique qui demande beaucoup de main et de toucher, poursuit Ronan Le Roch. Bien exécuté, il permet de se protéger mais il n'est pas évident, notamment quand on doit le jouer de loin. Certains sont capables de "droper" dans toutes les positions, quand d'autres vont avoir besoin d'un ou plusieurs drives avant d'y parvenir. Il y a vraiment un écart entre ceux qui maîtrisent le drop et les autres." 

Après le (ou les) drop(s), un dialogue va s'instaurer entre les adversaires, le plus souvent aux abords de la kitchen. On touche alors à l'essence même du pickleball.

© Jean-Charles Caslot / FFT

Le drop, un coup fondamental.

Le dink

Le dink, un terme technique propre au pickleball, est similaire à un drop, mais joué de près. Il s'agit de cette passe d'armes au filet entre les adversaires qui jouent littéralement au chat et à la souris l'un avec l'autre, s'empêchant mutuellement de volleyer jusqu'à ce que l'un des deux trouve l'ouverture, soit grâce à un angle très prononcé, un passing bien masqué, une attaque au corps ou, plus rarement, un lob. En rappelant, là encore, que la variété est la clé.

"Le premier des deux joueurs qui rate son dink, ou qui fait un dink approximatif, se fait aussitôt sanctionner, enseigne Ronan Le Roch. Donc il y a une sorte de guerre d'usure technique et psychologique : il faut déstabiliser l'adversaire et lui montrer que vous ne ratez rien, que vous êtes un vrai mur."

Bien sûr, selon le niveau, la qualité du dink diffère mais le principe reste le même : empêcher l'adversaire de volleyer tout en le "travaillant" à coups de balles dans les pieds, dans les angles ou au corps. Et à la fin de l'envoi, vous touchez…

La volée

C'est presque le but ultime au pickleball : se mettre en position de jouer des volées, si possible des volées de finition. Ce qui est loin d'être un pléonasme, en tout cas beaucoup moins qu'au tennis. D'ailleurs, la technique de volée au pickleball est différente de celle du tennis, comme le rappelle Ronan Le Roch : "Il n'y a pas d'ouverture des épaules, à peine une légère orientation. Parce qu'en général, la balle revient très vite donc il ne faut pas perdre la moindre fraction de seconde."

Outre-Atlantique, on parle de "punch volée", un geste très bref joué de face et dont le terme représente bien, là encore, cette notion de duel d'homme(s) à homme(s) que l'on retrouve au pickleball. Il s'agit généralement d'une volée de protection, en réponse à un drive puissant, ou d'une volée stratégique, jouée selon le cas dans les pieds de l'adversaire ou au contraire en cherchant à le repousser.

Le smash, lui, demeure un coup plus rare dans la mesure où le lob l'est aussi, vu la longueur réduite du terrain (13,41 m au total).

© Pauline Ballet / FFT

Une volée appuyée peut être décisive.

Les "trick shots"

Le pickleball est un sport "fun" par excellence, où les "trick shots" sont quasiment la norme. Deux sont d'ailleurs si régulièrement utilisés qu'ils ont désormais leur propre appellation :

- L'ATP ("Around The Post", traduisez "autour du poteau de filet") est un passing qui, comme son nom l'indique, contourne le poteau de filet. Même joué à "basse altitude", c'est-à-dire très en dessous du niveau du filet, le coup est bon tant qu'il reste dans les limites du terrain adverse. Egalement valable au tennis, l'ATP est beaucoup plus fréquent au pickleball, où les joueurs vont souvent chercher des dinks très croisés pour déporter l'adversaire, lui ouvrant ainsi un angle de tir.

- L'Erne (intraduisible en français), lui, est peut-être le GOAT des coups du pickleball, comme l'explique Ronan Le Roch : "Il s'agit d'une volée "sautée" jouée en prenant appui derrière la kitchen pour retomber à côté, en dehors du terrain, sans que le pied ne touche la zone de non-volée." Un coup spectaculaire à la Gaël Monfils, que l'on verrait tout à fait s'essayer un jour au pickleball !