Paul Atristain, le joueur, et Stéphanie Birot, l'enseignante, forment un beau projet club tennis-fauteuil au TC Cugnaux. Ce premier rendez-vous mensuel "carré paratennis" donne la parole aux deux intéressés.
Quels itinéraires personnels vous ont conduit tous les deux au TC Cugnaux ?
Stéphanie Birot : J'étais déjà salariée depuis 5 ans quand Paul est arrivé au TC Cugnaux. C'est mon club de cœur depuis que je suis adolescente, malgré des changements dus à des déménagements professionnels. Je jouais déjà dans l'équipe 1 en 1998 !Paul Atristain : Fabien Duco (Directeur du tournoi de tennis en fauteuil des Petits As, Président de la commission paratennis d'Occitanie) m'a informé que Stéphanie avait suivi une formation de tennis fauteuil... Nous nous sommes rencontrés. Elle m'a réservé un excellent accueil, tout comme le club et son président Nicolas Tousset. Je n'ai donc pas hésité à m'inscrire et à suivre les entraînements avec Stéphanie.
Stéphanie, pourquoi avez-vous choisi de devenir enseignante paratennis ?
S.B. : Le sport handicap est une priorité de la commune de Cugnaux depuis quelques années. Le club a donc naturellement décidé de mettre en place une section paratennis. Il fallait pour cela qu'un enseignant soit formé. Nous sommes 3 D.E. à temps plein et un D.E. stagiaire, mais c'est moi qui ai voulu accéder à la formation. C'est un projet qui m'a tout de suite emballé. J'ai senti que ce serait différent de tout ce que j'avais fait auparavant, j'avais besoin de voir de nouveaux horizons, tout en restant dans mon club.
Paul, depuis quand vous êtes-vous lancé pleinement dans le tennis-fauteuil ?
P.A. : J'ai commencé le tennis-fauteuil un an après mon accident (survenu en mai 2018) mais sans prendre de cours car je n'ai pas trouvé de club qui puisse prendre en charge mon handicap. J'ai commencé à jouer avec mon frère, puis avec des joueurs de tennis-fauteuil de la région .
Au cours des 3 dernières années, j'ai dû subir plusieurs interventions qui ne m'ont pas permis de m'entraîner régulièrement... Mais le parcours d'Hugo Gaston à Roland-Garros en 2019 m'a motivé et inspiré. J'ai décidé de persévérer.
Pourquoi cela fonctionne-t-il bien entre vous ?
S.B. : J'ai entendu parler de Paul la 1e fois durant ma formation au CNE à Paris. Patrick Labazuy, le Directeur technique national du paratennis, devait l'accompagner quelques jours plus tard aux championnats du monde. Il m'a dit qu'il avait du potentiel, qu'il n'avait pas de vraiment de structure pour ses entraînements, et qu'il lui parlerait du club de Cugnaux et de moi.Fabien Duco nous a ensuite mis en contact. J'ai d'abord communiqué avec son père. Paul est encore jeune et n'a pas encore le permis de voiture. Ses parents sont donc très présents pour lui et font partie du projet.Paul est venu au club début septembre. Le courant est tout de suite passé. En même temps, il serait très compliqué de ne pas s'entendre avec Paul ! Il est toujours souriant, avenant, à l'écoute. Il a joué avec les jeunes du club qui étaient heureux de taper la balle avec lui. Il avait la banane sur le terrain, donc j'ai su dès le 1e jour que ça allait bien se passer !
Comment le club de Cugnaux vous aide-t-il à bâtir ce projet sportif ?
S.B. : Sans le club de Cugnaux, il n'y aurait pas de projet pour Paul. Je suis salariée et le club finance une très grosse partie des entraînements de Paul. Il s'entraîne 4h par semaine, en individuel pour l'instant. La ligue finance 1h d'entraînement hebdomadaire. Nous cherchons avec Paul des subventions afin d'aider le club d'une part, et d'autre part afin que Paul puisse partir sur des tournois qui devraient se jouer de plus en plus loin au fur et à mesure de sa progression.
Paul, quelles ont été vos belles expériences de joueur ? Et quels sont vos objectifs à court et long terme ?
P.A. : J'ai eu la chance d'être repéré par la fédération et d'être invité aux championnats de France et aux championnats du monde. Cela m'a permis de me rendre compte du haut niveau et je remercie vivement Patrick Labazuy (le DTN paratennis) et mes entraîneurs Claire et Frédéric.Pour le moment, je me fixe simplement comme objectif de progresser au classement afin de participer à des tournois importants.J'adore jouer et cela me permet d'oublier ma situation de handicap. Je progresse et je compte bien continuer.
Stéphanie, jusqu'où aimeriez-vous "emmener" votre élève ?
S.B. : Honnêtement, on ne se met pas de limites ! Il y a beaucoup de possibilité dans le tennis-fauteuil car il y a beaucoup moins de joueurs que chez les valides. Paul commence tout juste chez les seniors. Sur cette année, l'objectif est qu'il fasse de bons résultats sur des tournois nationaux. Il vit tennis, s'il pouvait jouer au tennis tous les jours, il le ferait. Il est très jeune et on joue beaucoup plus longtemps en tennis-fauteuil que chez les valides. Il a des abdos, ce qui n'est pas un détail, donc il a une marge de progression énorme.Il peut faire partie des meilleurs français dans un avenir proche si on arrive à lui offrir un volume d'heures d'entraînement plus conséquent et surtout à se professionnaliser. Paul n'a qu'une raquette, il n'est pas suivi par un kiné ou par un osthéo... Il y a encore beaucoup à faire !
Stéphanie, en quoi est-ce différent d'enseigner le tennis-fauteuil du tennis (techniquement et peut-être aussi émotionnellement) ?
S.B. : L'enseignement du paratennis est très différent de l'enseignement de tennis "classique". On n'imagine pas comme c'est dur de jouer dans un fauteuil. Les déplacements n'ont rien à voir avec ceux du tennis valide.Je pars quasiment de zéro à ce niveau-là. Paul est mon premier élève, et malgré une formation très riche, je sais qu'il me manque encore des "billes".L'un des amis de Paul, Alexandre Brunet (très bon joueur tennis-fauteuil qui l'a fait découvrir à Paul) est régulièrement présent lors de nos entraînements. Il m'aide énormément. C'est très enrichissant d'avoir le retour d'une personne qui est dans la même situation que Paul. Quoi que je fasse, je ne suis pas dans un fauteuil donc il est important d'avoir leur ressenti. Il y a des problèmes auxquels on ne pense pas forcément (hauteur du siège, sangle pas assez serrée, terrain en pente, etc.).En dehors de tout cela, l'enseignement du tennis-fauteuil apporte une charge émotionnelle énorme. On se dit qu'on a un rôle important à jouer dans la vie d'une personne. Je suis heureuse quand je vois que Paul est heureux sur le terrain. Cela lui permet de pouvoir sortir du positif de sa situation de handicap... On parle du projet d'une vie là !
Stéphanie Birot et Paul Atristain, un duo qui fonctionne bien au TC Cugnaux.
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