Dans ce nouveau "carré para", la lumière est mise sur l'insertion professionnelle des athlètes de haut niveau. Un sujet que la FFT a pris à bras-le-corps depuis deux ans.
Se donner les moyens de ses ambitions… tout en assurant la qualité de vie des sportifs de haut niveau. Dans le but d'aider les athlètes à garder un équilibre entre vie sociale épanouie et carrière sportive, une cellule de la Fédération française de tennis s'occupe de leur insertion professionnelle, de leur formation scolaire ou du développement de leurs compétences tout au long de leur parcours sportif.
Sont concernés le tennis bien sûr, le beach tennis, mais aussi le paratennis (les disciplines olympiques reconnues comme étant de haut niveau par le ministère des Sports).
"L'objectif fixé par le président et le Comex est d'accompagner les sportifs dans leur projet de vie global", souligne Alexandra Fusai, responsable du suivi socio-professionnel des joueuses et joueurs sur le parcours Haut Niveau à la FFT.
"Pour qu'ils soient performants, il faut qu'ils soient épanouis globalement. Cela veut dire qu'ils aient à la fois une organisation sportive structurée, mais aussi un équilibre dans leur vie globale, avec selon leur âge et leurs besoins, une stabilité financière, un statut social, ou une organisation scolaire adaptée à leur projet sportif".
Une gageure tant les sources de revenus, les "prize money", peuvent être modestes, surtout dans le paratennis (qui englobe les catégories sourds / malentendants, quads et tennis-fauteuil).
© FFT / CD
Alexandre Fusai, au 1er plan.
"Garder un équilibre de vie"
Plusieurs solutions existent néanmoins. Pour les sportifs les plus jeunes, un double cursus est possible, permettant de développer des compétences, d'acquérir un diplôme, avec l'ambition plus tard de trouver un emploi.
"En tennis, dès le CM1, des aménagements commencent à être mis en place, explique Alexandra Fusai. Concernant le paratennis, Ksénia Chasteau, notre meilleure junior (qui vient d'attendre la première place mondiale) ne peut plus rester dans un système scolaire classique. Une organisation spécifique est nécessaire pour répondre à l’exigence du haut niveau, à ses ambitions et ses capacités. L'idée, c'est qu'elle puisse poursuivre ses études, avoir son bac, mais aussi performer sur le circuit, tout en gardant un équilibre de vie".
On retrouve ainsi les trois fondamentaux : performance sportive, réussite scolaire et équilibre de vie global.
"Le même processus est possible au niveau des études supérieures, reprend la responsable fédérale. Nous cherchons à connaître les appétences des athlètes, puis à trouver une organisation d'études supérieures qui puissent être compatibles avec leur projet sportif. Certaines écoles proposent des formations adaptées au rythme de vie des sportifs qui peuvent être étalées dans le temps".
De nombreux exemples de réussite
L'insertion professionnelle est l'autre grand volet de cette activité. Pour les sportifs de haut niveau plus âgés, la FFT, en collaboration avec l’ANS (Agence Nationale du Sport), met en place des conventions d'insertion professionnelle, afin d'organiser des mises à disposition importantes dans le but de conjuguer entraînements intensifs et départs en tournois.
Pour ces athlètes, avoir un salaire est primordial. Car qui dit salaire, dit statut social, donc droit à la retraite, couverture de santé, mais aussi sérénité dans l'entraînement.
Plusieurs exemples sont remarquables à la FFT. Pauline Déroulède, triple championne de France, fait partie de "l'armée des champions", un dispositif spécifiquement créé pour les sportifs de haut niveau, où les athlètes sont salariés du Ministère des Armées et peuvent pratiquer leur sport au plus haut niveau.
De même, Guilhem Laget, autre athlète tennis-fauteuil, est membre de la police nationale avec 100% de disponibilité. Après leur carrière, les sportifs ont la possibilité d'intégrer l'armée ou les effectifs de police, deux corporations qui pratiquent un réel accompagnement.
Champion de France en titre, Frédéric Cattanéo est à Pôle Emploi. "Un organisme qui fait aussi beaucoup pour les sportifs, avec une cellule dédiée, note Alexandra Fusai. Dans la perspective des Jeux Olympiques, la FFT, en collaboration avec l’ANS, essaie d’aider ses athlètes “médaillables” à avoir de meilleures conditions d’entraînement et de préparation avec davantage de disponibilités."Auparavant, Frédéric était à 50% de disponibilité mais il vient de passer à 100% dans le cadre d’une convention d'insertion professionnelle."
Autre exemple : Gaëtan Menguy. "Il était à 56% de disponibilité dans son entreprise, ce qui n'était pas suffisant pour sa progression sportive. Grâce à la compréhension et à l’implication de son employeur dans le projet de Gaëtan, il a été possible de faire évoluer son organisation. Il y a une participation de notre part, de la région mais aussi de l'ANS qui permet à l’entreprise de prendre quelqu'un d'autre à sa place. Depuis il est à 88% de disponibilité et les résultats sont très différents".
Un fort engagement des clubs et des entreprises
Charlotte Fairbank bénéficie aussi d’un dispositif d’insertion professionnelle (“emploi SHN” (sportif de haut Niveau), grâce à son club de Voisins-le-Bretonneux qui la salarie, avec l'aide de la région Ile-de-France et le soutien via le pacte de performance (Fondation du Sport Français) de l'ANS.
Emmanuelle Mörch , elle aussi, profite de ce pacte de performance. Grâce à ce dispositif, la carrière de sportifs est financée en partie par du mécénat d’entreprises.
Enfin, Olivier Grave est un exemple prouvant que ce système d'accompagnement fonctionne aussi pour le tennis sourds et malentendants.
"Olivier est entraîneur et pour partir sur les tournois internationaux (championnats du monde, d’Europe où il représente la France), il prend des vacances ou récupère quand il peut les heures qu’il n’a pas effectuées. Des conditions difficilement tenables pour lui mais aussi son club. Après discussion avec le président de son club, l’Arsenal Chatillon, une convention d'insertion professionnelle a été mise en place avec un certain nombre de jours de disponibilité et il sera payé à 100%. Un calcul a été fait en fonction de ses entraînements, ses tournois... L'ANS et la FFT participent pour payer cette mise à disposition".
Et Alexandra Fusai de conclure : "Il faut vraiment saluer l’engagement de ces entreprises mais aussi des clubs, de leurs présidents, et de leurs équipes de bénévoles qui s’investissent au quotidien auprès de nos sportifs paratennis".(Emmanuel Bringuier)
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