L'exploit de Burel, la "perf" de Cornet face à la tenante du titre, les regrets de Couacaud, la déception de Mannarino la victoire en maitrise de Gasquet : retour sur cette deuxième journée des Français à l'US Open.
Alizé fait tomber la reine Emma
L'affiche était probablement la plus belle de ce 1er tour dames. La tenante du titre, Emma Raducanu, face à Alizé Cornet, la recordwoman des participations consécutives en Grand Chelem : le duel se devait d'être programmé sur un grand court (le Stadium Louis Armstrong) en "night session".
Très vite entrée dans le match, la Française, 40e mondiale, a montré à la star britannique, invaincue à l'US Open, qu'elle serait difficile à déborder. Dans le premier acte, Alizé a ravi le service de son adversaire à trois reprises, notamment lors du 8e jeu où elle a réussi des défenses spectaculaires pour se détacher 5-3 et conclure sur son service en effaçant un handicap de 0-30 (6/3).Menée 3-1 par la tête de série n°11 dans la deuxième manche, Cornet a sorti le grand jeu pour aligner cinq jeux de suite et s'imposer 6/3, 6/3 en 1h42 au terme d'un match très plaisant, où elle a réussi plus de coups gagnants que sa rivale au tempérament très offensif (22 contre 17).
Le résumé vidéo du match"Je suis désolée d'avoir battue Emma ce soir mais je suis très contente de ma performance, s'est excusée Alizé au micro du speaker, faisant allusion à la popularité de Raducanu à New York (et ailleurs). Je pense avoir bien varié mon jeu et avoir été très adroite au filet. Tout a bien fonctionné."Elle s'ouvre ainsi le tableau. Au 2e tour, la Française affrontera la Tchèque Katerina Siniakova, 83e mondiale.
Sensationnelle Burel !
Engagée dans le tableau principal après une très belle phase de qualifications (en sauvant notamment cinq balles de match au dernier tour), Clara Burel s’attendait à un premier tour très difficile face à Elena Rybakina, sacrée à Wimbledon. Un sentiment confirmé lors des premiers jeux de cette rencontre, durant lesquels la Kazakhstanaise s’est offert six balles de break lors des deux premiers engagements de la Française.Agressée sur chaque service, la championne du monde juniors 2018 a tenu et fait preuve d’un incroyable caractère pour ne pas être distancée.
Une adversité qui a contrarié la 25e joueuse mondiale, auteure d’un nombre important de fautes directes et moins en réussite qu’à l’accoutumée sur sa première. Beaucoup plus réaliste, Clara s’est offert deux breaks en deux tentatives pour gagner la première manche 6/4.
Malgré une pause qui aurait pu la faire cogiter, la Française a poursuivi son entreprise de déstabilisation en variant ses coups et en profitant parfaitement des nombreuses fautes adverses. Un cocktail efficace pour reprendre les commandes et rapidement mener 3-1 grâce à deux nouveaux sauvetages sur balles de break.En manque de solution et de justesse, la championne du All England Club a continué de frapper fort, sans réussite. Devant au score tout au long de la manche, Clara n’a pas sourcillé au moment de conclure sur sa première balle de match. Une victoire (6/4, 6/4), probablement la plus belle de sa jeune carrière, qui lui ouvre pour la première fois les portes du deuxième tour à l’US Open !
© Corinne Dubreuil / FFT
La joie de Clara Burel après sa victoire de prestige face à Elena Rybakina.
Couacaud, si près de l’exploit
Issu des qualifications tout comme Clara Burel, Enzo Couacaud n’a malheureusement pas connu le même bonheur que sa jeune compatriote au premier tour du tableau principal. Et il nourrira forcément beaucoup de regrets tant il est passé près d’un incroyable succès.
Opposé au revenant Borna Coric, surprenant vainqueur du tournoi de Cincinnati, le Mauricien a manqué son entame, cédant rapidement le premier set. Le 193e mondial a eu le mérite de s’accrocher dès le début de la manche suivante. Dans la 2e manche, la décision s’est faite dans un tie-break disputé et remporté par Coric.
Un nouveau coup sur la tête qui n’a pourtant pas saper le moral d’Enzo, conscient qu’il s’était nettement rapproché du niveau de son vis-à-vis. Une impression totalement validée par son excellent début de troisième manche, où il est enfin parvenu à faire le break et la course en tête. C’est avec une confiance retrouvée que le Français a conclu le set sur sa mise en jeu (6/3).
Au cours d’une quatrième manche de très haut niveau durant laquelle les deux hommes ont constamment flirté avec les lignes pour le plus grand bonheur des spectateurs du court 11, la différence s’est faite à 4-4, lorsque Couacaud a fait craquer le 29e mondial. Un coup droit dans le couloir après avoir tout tenté pour déborder le Tricolore a offert le break à ce dernier, qui ne s’est pas fait prier pour conclure dans le jeu suivant (6/4).
De plus en plus disputé et spectaculaire, ce premier tour a pratiquement viré au surréaliste dans la cinquième et dernière manche. Le Français a frappé le premier et les breaks se sont multipliés devant un public du court 11 de plus en plus bruyant .
Mais alors qu’il semblait avoir fait la différence en menant 5-3 puis en servant pour le gain de la rencontre à 5-4, Enzo Couacaud a quelque peu perdu ses moyens face à un adversaire littéralement transcendé. Le champion de Cincinnati a alors remporté 16 des 18 derniers points du match pour inverser une nouvelle fois la tendance et remporter ce très beau combat (6/2, 7/6(5), 3/6, 4/6, 7/5 en 4h05).
Gasquet, à l'expérience
Vainqueur d’au moins un tour lors des trois premières levées du Grand Chelem de la saison, Richard Gasquet était attendu pour sa 18e campagne new-yorkaise consécutive. Et le Biarrot a répondu présent face à Taro Daniel dans un match plutôt équilibré durant lequel il s’est montré plus incisif et opportuniste dans les moments importants.
Bien lancé par un premier break rapide, il n’a jamais vraiment été inquiété dans une manche inaugurale bouclée en 51 minutes avec notamment 81% de points gagnés derrière sa première balle et 100% de réussite au filet (6/6).
Plus serrée, la deuxième manche a vu "Richie" courir derrière le score jusqu’à un tie-break bien mieux géré par son vis-à-vis, désormais revenu à hauteur (7/6(1)). On aurait alors pu craindre que cette égalisation ne coupe quelque peu les jambes du Français mais au contraire, il a profité de l’entre-deux set pour se ressourcer et retourner au combat avec de belles intentions.Le break en poche, Gasquet s’est envolé vers le gain de ce troisième set, inscrivant au passage un magnifique jeu blanc pour mener 5-2 avant de conclure sur la mise en jeu adverse (6/2).
© Corinne Dubreuil / FFT
Richard Gasquet signe une solide victoire pour rejoindre le deuxième tour.
Face à un Japonais décontenancé qu’il avait déjà battu lors de la Coupe Davis 2017, le demi-finaliste de l’US Open 2013 a enfoncé le clou dans la 4e manche. Gasquet est parvenu à réaliser deux nouveaux breaks pour signer une victoire tout en maîtrise et à l'expérience (6/4, 6/7(1), 6/2, 6/2 en 3h15). De bon augure avant d'affronter Miomir Kecmanovic au deuxième tour.
Sa réaction en vidéo
Mannarino ne capitalise pas
La déception est à la hauteur des attentes pour Adrian Mannarino. Arrivé à l’US Open en pleine confiance suite à son titre acquis la semaine passée à Winston Salem, il est tombé en trois petits sets face au Néerlandais Gijs Brouwer, 181e mondial, issu des qualifications et qui n’avait jamais pris part à un tableau principal en Grand Chelem avant cette édition 2022.
Souvent débordé face à un adversaire mobile et puissant, "Manna" n’est jamais parvenu à se montrer dangereux sur le service adverse (1/7 sur les balles de break). Il a également payé ses difficultés au service tout au long de la rencontre (47% de premières balles) face à un retourneur puissant. A l’image de son dernier jeu de service, le Néerlandais a constamment fait le jeu et n’a pas manqué l’occasion d’écrire la plus belle ligne de son histoire sur le circuit pro.
Cette défaite (6/3, 6/4, 6/4 en 1h59) est forcément difficile à digérer pour Adrian qui nourrissait légitimement de belles ambitions à New York.
© Corinne Dubreuil / FFT
Paire, défaite logique
C’est peu dire que le tirage au sort avait eu la main lourde avec Benoit Paire pour son 11e tableau principal à Flushing Meadows. Opposé à l’un des joueurs les plus réguliers du circuit en la personne de Cameron Norrie, 9e mondial, le Français a eu beaucoup de mal à entrer dans son match. Un premier set bouclé 6/0 en moins de 20 minutes durant lequel il n’a inscrit que huit petits points, aucun sur le service du Britannique.
Dans la deuxième manche, le désormais 173e mondial a tenu la dragée haute à son adversaire en étant plus entreprenant et offensif. Concentré – même lorsque le jeu a été interrompu de longues minutes à 3-3 suite au malaise d’un spectateur – il s’est retrouvé dans la position de servir pour le gain du set à 5-3. Un avantage qu’il n’est toutefois pas parvenu à conserver, ce qui a de nouveau déréglé la machine. Après un tie-break mal négocié, Benoit a traversé le troisième set comme le premier pour finalement s’incliner en 1h38 (6/0, 7/6(1), 6/0).
© Corinne Dubreuil / FFT
Benoit Paire, éliminé au premier tour par Cameron Norrie