Marius Veillerot, lauréat du 8e Prix du Peloux, a eu le privilège de vivre de l'intérieur le tournoi de Roland-Garros 2022, au sein des équipes de la FFT. Le jeune diplômé de la Licence Journalisme de Sport de l'ESJ Lille raconte sa quinzaine.
Tout avait débuté en haute altitude. Nichée au cœur du Centre National d’Entraînement, la salle d’hypoxie – un espace où il est possible de raréfier l’oxygène – m’a soufflé le sujet qui me propulserait en pleine quinzaine de Roland-Garros. Bien loin de la tranquillité des allées de cette journée de février, lors de laquelle mes camarades de promotion à l’ESJ Lille et moi avions été guidés dans les couloirs du CNE et les entrailles du Chatrier par Paul Quétin et Sylvie Poulain de Ligt.
Le jeudi 19 mai, cette dernière me tend chaleureusement mon sésame pour la terre battue parisienne. Un badge pour me nourrir et m’ouvrir les coulisses des Internationaux de France. Les qualifs pour le tableau principal remuent déjà le complexe et la visite est offerte par Sylvie. Un café, une bouffée de verdure entre les serres du court Simonne-Mathieu et quelques kilomètres plus tard, me voilà au sous-sol, au milieu des bureaux de la communication de la FFT.
© Pauline Ballet/FFT
Myrtille Rambion assure les présentations et, presque par hasard, j’hérite d’une place au coin de l’îlot habité par la bande de rolandgarros.com. Malgré les cris lancés par la salle d’en face à chaque point gagné par un joueur français, les allers-retours incessants de Myrtille et les avertissements de mes futurs collègues, - « Tu verras, on est bêtes, ici » -, j’y vois le siège parfait pour passer la quinzaine.
Directement, on me présente Prismic, pas le Croate brillamment écarté par Gabriel Debru en demies du tournoi juniors mais bien le logiciel derrière les pages du site. Site sur lequel j’ai donc eu l’opportunité de glisser quelques comptes-rendus ou présentations de matchs. De la locomotive Swiatek au réveil de Cilic, en passant par le caractère de Rune. Le tout, inspiré par le leadership d’Amandine Reymond, le régime M&M's de Rémi Bourrières, les imitations de Sylvain Cazaux, l’humour pince-sans-rire de Romain Vinot ou les pronostics de Franck Lalanne.
© Corinne Dubreuil/FFT
Bien sûr, je n’ai pas passé mon Roland sans voir la lumière. Après avoir frôlé l’insolation lors d’un entraînement de Tsitsipas, j’ai trimballé mes coups de soleil sur la moquette du centre de presse. De grandes salles, remplies de bureaux en bois, d’écrans et d’appareils photos. Zone magique pour mettre des visages sur les plumes qui noircissent les pages des journaux du monde entier.
L’envers du décor journalistique se situe aussi en conférence de presse. Là où Simon a confié son apaisement avant de retourner le Simonne-Mathieu, où Swiatek a dû improviser face aux questions parfois inventives des reporters.
Au rayon professionnel, “Roland” n’a pas été avare en découverte. J’ai assisté aux préparatifs d’une cabine de commentateurs avant d’explorer la régie de l’émission "Bienvenue à Roland-Garros", au plus près de ceux qui chuchotent à l’oreillette des présentateurs.
La compétition a aussi été riche de moments moins attendus, plus furtifs. Croiser un Gasquet presque incognito, dans l’artère principale du complexe ou se faire souffler par l’aura de Djokovic lors du tirage au sort.
© Julien Crosnier/FFT
Pour ma première Porte-d’Auteuil, l’émotion est aussi venue du court, des larmes de Coco Gauff, de la cheville de Zverev. Des tribunes aussi, de retour à la vie après les jauges, agitées par les blagueurs auteurs de leur quatrième “Come on Roger” de la journée entre deux services de Nadal.
Les arbitres de chaise ont souvent dû enfiler leur casquette de rabat-joie pour intimer “à certains de ne pas faire le travail des juges de ligne”.
La confrérie des journalistes était tenue de grimper en tribune de presse du Chatrier pour assister à ces instants de folie. Alors que de plus en plus de poumons viennent partager l’air de cette tribune à mesure que les tours défilent, le nombre de joueurs et joueuses capables de respirer à cette altitude diminue au fil du tournoi.
À l’instant de la dernière balle de match, celle que Nadal a caressée du cœur de sa raquette, le public aussi est venu à manquer d’oxygène. Les “Hala Madrid” ont laissé place à un silence de titre. Et c’est depuis ce troisième étage d’un central suspendu au cordage de “Rafa” que l’aventure Roland-Garros s’est achevée comme elle a débuté. En apesanteur.
(Marius Veillerot)
* La FFT tient à chaleureusement remercier Marius pour son travail et sa bonne humeur tout au long de la quinzaine. Bon début de vie professionnelle à toi !
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