L'ex n°12 mondial avait dû stopper sa carrière pour des problèmes de dos fin 2008. Aujourd'hui âgée de 31 ans, maman de deux enfants, la Française a décidé de reprendre la compétition sur le circuit professionnel. Elle nous explique pourquoi et comment.
Tatiana vous disputez ce samedi le premier tour des qualifications du tournoi WTA de Luxembourg (contre la Slovène Kaja Juvan, 134e mondiale), grâce à une wild-card. Racontez-nous le processus qui vous a conduit à reprendre le chemin du circuit professionnel.Cela fait maintenant quelques années que grâce à des conférences, mon travail auprès d'un laboratoire, des rencontres avec des malades qui souffrent de la même maladie que moi ((spondylarthrite ankylosante, une maladie génétique inflammatoire au niveau de la colonne vertébrale), mon rapport avec la douleur a changé. J'ai pu me rendre compte que comparé à d'autres, je ne souffrais pas tant que ça. Il existe aujourd'hui des traitements efficaces pour se soigner, qui n'existaient pas il y a dix, douze ans. Je ne me suis pas encore résolue à les utiliser car rien que les séances de cryothérapie me font beaucoup de bien. Et puis, cette année, alors que je commentais Wimbledon pour Bein Sports, j'ai eu le déclic. Je me suis dis que je voulais tenter un retour. Je suis rentrée à la maison et je l'ai annoncé à ma famille.
Pourquoi cette envie ?J'ai envie de montrer l'exemple à mes deux enfants : les valeurs du dépassement de soi, du travail, de l'abnégation sont importantes pour leur éducation. Et puis à la base, je suis une athlète. J'ai envie de pouvoir décider moi-même du moment où ma carrière s'arrête. J'ai oublié, occulté presque tout ce qui s'est passé il y a dix ans. Je fais comme un blocage. Le but de ma vie, aujourd'hui, c'est d'être à nouveau une joueuse de tennis. Je l'ai choisi.Quels sont vos objectifs ?Je n'ai pas d'objectif de victoire, de classement particulier, même si évidemment, j'ai envie de monter assez vite pour pouvoir jouer d'autres tournois sans devoir être invitée. Je remercie d'ailleurs la directrice du tournoi de Luxembourg pour cette wild-card. Bien sûr, on peut toujours dire "je rêve de remporter Roland-Garros". Mais je suis réaliste. Je sais aussi que je vais continuer de souffrir du dos. Mais si l'aventure ne fonctionne pas en simple, il y aura le double. On verra bien. Je veux juste de nouveau être une joueuse de tennis et retrouver le goût de la compétition.
Quel est votre niveau de forme aujourd'hui ?
Juste après Wimbledon, j'ai fait très attention à ma façon de me nourrir. Finis les petits extras ! Cet été, j'avais prévenu le président Bernard Giudicelli que je voulais faire mon "come back" et j'ai pu m'entraîner d'abord une dizaine de jours dans mon club à Bandol, avec Gilles Lagardère. Puis je suis venue au CNE de Roland-Garros et j'ai été sparring partner de quelques espoirs. Officiellement, j'ai recommencé le 20 août pour être précise !Thierry (Champion) m'a aidé dans mon processus de préparation, Loïc Courteau également. Je remercie vivement la FFT. Je suis assez contente de mes sensations, mais évidemment, il va me manquer au début la discipline de concentration qu'exige la compétition. J'ai besoin de jouer des matchs.Quel est votre programme dans les semaines à venir ?Je veux me donner du temps concernant mon niveau de compétitivité, mais j'ai déjà prévu de disputer les tournois de Poitiers, de Nantes, de Limoges... Mon but, c'est tout simplement de retrouver un bon niveau de performance. Je crois avoir le bon état d'esprit pour ça...
© FFT / Christophe Guibbaud
Tatiana Golovin est déjà très affûtée !