Ronan Joncour nous raconte son expérience de sparring-partner à Roland-Garros, où il a tapé la balle avec un certain Rafael Nadal.
A 21 ans, Ronan Joncour, qui a fait partie des meilleurs juniors français, a mis sa carrière de tennisman entre parenthèses pour poursuivre ses études, tout en continuant le Circuit national des grands tournois (CNGT). Depuis trois ans, il est aussi devenu "sparring-partner", ces joueurs de l'ombre très demandés par les cadors pour les entraînements. Rencontre sur les courts du stade Jean-Bouin, juste après une séance bien intense avec le n°1 mondial en personne, Rafael Nadal.
Vis ma vie de sparring partner
"J'ai commencé il y a trois ans. A l'époque, mon coach, Mathieu Rodrigues, s’occupait un peu du recrutement des sparrings de Roland-Garros. Il m’a proposé et je n’ai pas hésité une seconde Je l’ai fait une année, on m’a recontacté et j'ai continué. Cette période de mai-juin est parfaite car c’est pendant la période des matchs par équipes, avec mon club de Fontenay-sous-bois. Ça me permet de m'entraîner comme sparring du lundi au vendredi, pour préparer mon match du dimanche. Cette année, je travaille ici du lundi au vendredi lors des deux semaines du tableau final. J'ai déjà joué pas mal de monde. L'an passé, j'avais entraîné Albert Ramos-Vinolas. J'ai aussi joué David Goffin, Adrian Mannarino ou Ernests Gulbis en début de semaine. L’année dernière, j’avais fait les "qualifs". Je me rappelle aussi avoir tapé la balle avec Sam Groth et Coco Vandeweghe."
La nuit où j'ai su que j'allais jouer avec "Rafa"
"Je l’ai appris hier soir (mardi soir, ndlr) vers 21h30. C'est souvent l'heure à laquelle on apprend avec qui on va jouer. J'étais hyper excité. J’ai immédiatement envoyé un texto à tous mes potes et à mes parents. Ma mère m’a dit : "Tu prends une photo ! Tu prends une photo !" Les meilleurs joueurs demandent un gaucher quand ils vont jouer un gaucher, ce qui est le cas pour le prochain match de Nadal. Après, c’est le bureau des sparrings qui choisit selon les disponibilités et j’ai eu la chance que cela tombe sur moi. Mercredi matin, j’ai échauffé Federico Delbonis, David Goffin, Guido Andreozzi... mais je ne faisais que penser à "Rafa" (rires) !"
Taper la balle avec Nadal
"C'est un rêve... En quelques mots : incroyable, impressionnant, énorme intensité du début à la fin. Avant de rentrer sur le court, j'ai ressenti un peu de pression, mais après quelques balles, ça passe. Je me suis dit que ça n’allait sûrement qu’arriver qu’une fois dans ma vie et que je devrais donc profiter au maximum de l’instant. Ce qui est marrant, c’est que les trois premières balles, il joue tranquille. Et puis après, il déroule pendant une heure et demie ! L’engagement qu’il met dans chaque frappe... Si tu commences à subir la balle, tu ne peux plus la mettre dans le terrain. Il te force à surjouer. Sur ses coups droits, le rebond est juste incroyable, ça monte toujours au-dessus de l’épaule."
On était deux sparrings. Il nous a mis chacun d’un côté du terrain. Il jouait une fois à droite, une fois à gauche. Il a fait ça pendant 45 minutes. On a dû jouer que son coup droit, puis que son revers. Après, son coach Carlos Moya nous envoyait des balles à la main et il fallait tenter de faire un coup gagnant sur son coup droit, pour lui faire travailler le passing je pense. Puis il a fait quelques volées, quelques retours... Nous avons fait une photo à la fin. Il a été super sympa. Très concentré, très professionnel, mais vraiment gentil. De mon côté, je pense avoir bien joué (rires). Je n’ai pas fait trop de fautes, j’ai plutôt bien tenu."
La suite
"Si je ne suis pas en tournoi l'an prochain, je reviendrai. Les deux dernières années, je faisais des Futures. Cette année, j’ai un peu arrêté, je joue surtout des CNGT, le circuit français. Mais je vais essayer de reprendre le circuit Future cette été. J’ai fait une pause d’un an parce que je suis parti aux Etats-Unis pour étudier. Maintenant, je suis à la fac en France. A chaque fois, que je reviens jouer ici, ça me donne envie de repartir sur le grand circuit, et pourquoi pas jouer un jour les "qualifs" à Roland-Garros ? Jouer avec les meilleurs, ça remotive. C’est toujours sympa, même si ce n’est pas toute la quinzaine, pour quelques jours. Et puis, on ne sait jamais... si je rejoue encore "Rafa"... !"