Au terme d’un combat étalé sur deux jours, Julien Benneteau, 36 ans, a eu raison de l’Argentin Leonardo Mayer. Et gagné le droit de prolonger son ultime Roland-Garros, face à, désormais, à Juan Martin Del Potro. Interview.
À quel point le changement de conditions entre hier soir et aujourd'hui t'a aidé sur ce match ?Énormément. Hier soir, c'était vraiment lent. C'est difficile, surtout contre des joueurs comme ça qui sont puissants, capables de faire des fautes directes, mais qui sont puissants. J'ai besoin d'avoir des conditions quand même un peu rapides, en tout cas pas très lentes, pour que mon jeu puisse être efficace. En plus, hier, je n'ai pas du tout été opportuniste, j'ai eu beaucoup d'occasions, je n'ai pas réussi à les concrétiser. Lui, au contraire, chaque fois qu'il avait une occasion il la saisissait. Rien ne se goupillait bien pour moi. Au début du deuxième, je me suis dit "tiens-le, déjà tiens ton engagement, pas de break, ce n'est pas sûr que ça termine ce soir. Tu verras". En plus, j'ai été rattrapé par la tension. Quand on est plus tendu, la frappe est moins efficace, tu bouges moins bien, tu te sens un peu moins bien physiquement. Hier soir, je me sentais un peu plus relâché après le match, après le set et demi. Je me suis dit "il n'y a pas de break au deuxième, il peut y avoir deux sets et demi à faire aujourd'hui et ça le fait". Et voilà, c'est ce qui s'est passé. Cela m'a fait du bien.Sachant que tu étais très dépendant du tirage au sort, quel objectif malgré tout tu t'étais fixé pour ce dernier Roland Garros ?Gagner un match, c'est ce que je me suis fixé en Grand Chelem cette année. Avant l'Open d'Australie, j'étais tout seul avec ma femme là-bas, qui était "coach", "si je gagne un match, tu as réussi ton tournoi en tant que coach" je lui avais dit. Ces derniers temps, je n'avais pas gagné beaucoup de matches en Grand Chelem ici, à Roland-Garros encore plus, je n'ai pas gagné en simple depuis 2013. À mon âge, avec le format cinq sets, la terre battue et mon classement, forcément le fait d'être tributaire du tirage au sort, tu ne peux pas te dire "je vais faire un troisième tour, huitièmes de finale". Non, tu gagnes un match, tu es content. Ce n'est pas parce que je l'ai fait que je vais m'arrêter mais je vais jouer pour essayer de gagner même si ce sera très compliqué. En tout cas, aller à Roland-Garros, c'est top de connaître de nouveau l'émotion et la joie de la victoire ici et de pouvoir jouer sur un grand court contre un grand joueur.Il aurait pu y avoir Mahut-Benneteau au deuxième tour. C'est un regret ou c'est presque un soulagement ? C'aurait pu être un match un peu bizarre.Franchement, je ne sais pas. C'aurait été un peu spécial forcément, maintenant ça n'a pas lieu, mais je me suis dit effectivement quand le tableau est sorti : "Tiens, dans l'ensemble de notre carrière, on ne s'est jamais joués en Grand Chelem, il fallait bien que ça arrive une fois". Ça n’est pas arrivé ici mais il reste deux Grands Chelems.Les larmes qui te viennent à la fin, c'est quoi qui te tombe dessus à ce moment, cette émotion ? Tu t'attendais à être rattrapé par ça ?J'en avais discuté avec je ne sais plus qui, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, si ça allait venir en début de match ou en sortant du vestiaire, en allant sur le court, et finalement pas trop. Hier, c'était plus une tension générale, la journée a été longue sur mon court car il y a eu des longs matchs, en plus de la pluie. Avec l'envie d'y aller, l'excitation, ça s'est transformé en tension. Alors qu’aujourd’hui, pas du tout. Et après je n'avais qu'une idée, surtout quand j'avais le score avec moi, c'était de tenir mon plan de jeu, de me raccrocher au jeu et sur le dernier jeu, le premier point pour moi a été très important.Quand je fais 30/0, je sens que le match est vraiment bien. Je passe une bonne première derrière et là il y a l'émotion qui arrive, parce que pendant ma carrière, je le disais toujours, pour moi, en tant que Français, gagner un match à Roland-Garros c'est quand même une saveur, en tout cas à titre personnel, que l'on ne connaît pas ailleurs sur le circuit. C'est un truc peut-être inexplicable mais il y a quand même quelque chose de magique de jouer un Grand Chelem chez soi. Pour nous, ça représente beaucoup.Tu es sûr d’arrêter à l'US Open ou tu pourrais pousser jusqu'à Bercy ?Non, je n'irai pas à Bercy. J'ai toujours dit que la seule chose qui pourrait me faire prolonger un tout petit peu, c'est s'il y a beaucoup, beaucoup de forfaits, de blessures et que Yannick a besoin de moi pour la Coupe Davis. Pour l'équipe de France, je prolongerai de quelques semaines ou de quelques mois s'il le faut. Mais autrement, l'US Open sera mon dernier tournoi.
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