Que sont-ils devenus... Avec Sylvia Montero

12 octobre 2023

Dans cette rubrique, on vous emmène à la rencontre d'anciens champions de France reconvertis loin du tennis. Pour ce 2e épisode, entretien avec Sylvia Montero, passée de double championne de France à manager chez une grande marque des machines à café en dosette.

Quand avez-vous commencé à pratiquer le tennis ?

J'ai commencé en France, toute petite, à l'âge de 4 ans, avec mon père et mon frère aîné qui pratiquait aussi. J'avais très envie de jouer avec eux mais mon père me disait 'va taper contre le mur, quand tu sauras le faire, on verra la suite'. Le tennis est donc devenu une passion très tôt dans ma vie.

Mon père est espagnol et nous sommes partis habiter à Séville de mes 7 à 12 ans. Un entraîneur est venu habiter chez nous. Je m'entraînais avec lui plusieurs heures par jour. Rapidement, j'ai gagné les tournois du coin et le championnat d'Andalousie. Scolairement, j'ai suivi les cours au CNED à partir du CE1.

Puis nous sommes rentrés en France afin de trouver un niveau tennistique plus élevé. Le projet tennis se précisait alors et en Andalousie, il n'y avait pas grand-chose : pas de structure, peu de tournois. J'ai intégré la ligue des Yvelines tout en gardant un entraîneur personnel.

J'ai aussi rejoint la FFT, à 16 ans je crois. J'ai été formée par Yannick Quéré, avec qui je m'étais d'abord entraînée à l'INSEP. Parfois je le vois à la télévision, ça me fait drôle ! (Yannick Quéré est désormais l'entraîneur de Luca Van Assche, 66e mondial).

J'ai suivi le parcours classique des joueuses de mon niveau : les championnats d'Europe, du monde, les Grade A... J'ai été classée 38e juniors. Puis j'ai commencé le circuit professionnel, les "10000$". En 2003, j'ai joué une super tournée au Portugal qui m'a permis d'atteindre mon meilleur classement : 479e WTA et 25e française.

Parallèlement, vous avez remporté deux titres de championne de France en 13/14 ans et 17/18 ans. Est-ce que vous vous souvenez de ces compétitions ?

Comment dire... Je pense que c'étaient les meilleurs moments de ma vie ! On attendait tous ça. Le cadre à Roland-Garros est idyllique, j'adorais cette atmosphère. Et quand on gagne, c'est encore mieux !

J'étais aussi très forte en double. J'ai dû gagner cinq ou six fois les championnats de France. À l'époque, je jouais avec Marion Bartoli, Anaïs Laurendon et Camille Dubois.

© FFT / CF

Sylvie Montero (à d.) lors de son titre de championne de France en 1999 en 13-14 ans, face à Anaïs Laurendon.

Que s'est-il passé ensuite ?

Lors de la fameuse tournée portugaise où j'ai engrangé beaucoup de points, je me suis fait une fracture de fatigue tibia-péroné qui a abouti à une périostite. Ça faisait très mal et ça m'a surtout freiné dans la suite de ma carrière. J'ai eu du mal à défendre ces points l'année d'après et j'ai dégringolé.

Ensuite, sur un "25000" en Belgique, je me suis bloquée le dos pendant un service, j'ai dû quitter le court. Le dos a commencé à me faire souffrir, j'ai eu une hernie discale. J'ai été traitée par des infiltrations, de la kiné, mais finalement au bout de sept ans, j'ai subi une opération.

À l'époque, je jouais encore au tennis mais pas à 100%. C'est très frustrant. L'envie était là mais le corps ne suivait pas. Entre temps, j'ai suivi la formation à Roland-Garros pour le BE (brevet d'Etat) haut niveau. Je me disais que si le corps ne suivait plus, j'aurais au moins ce bagage-là.

La carrière de tennis est dure : l'énergie que ça prend, les voyages... Il y a un moment où il faut faire un choix. Je n'étais pas trop mauvaise au tennis mais tout devenait compliqué physiquement.

Donc il a fallu réfléchir à la suite...

Oui. J'ai suivi le chemin classique et j'ai donné des cours quelques années, mais ça ne me plaisait pas tant que ça. Et puis comme mon dos me faisait souffrir, rester debout sur un court était toujours très douloureux.

Je me suis donc posée la question sérieusement : 'Qu'est-ce que j'ai envie de faire?'. Mes parents m'ont accompagné dans ce processus mais bon j'ai arrêté l'école en seconde, c'était compliqué !

À l'époque, j'étais en couple avec Josselin Ouanna (88e à l'ATP en 2009). Il avait sa carrière et moi j'enseignais. Mais j'avais d'autres ambitions et j'ai passé un CAP esthétique. Mon objectif était d'allier sport et bien-être. Je pensais monter un club avec un espace détente pour les filles. Finalement, je n'ai pas suivi cette voie, mais ça m'a donné le goût de la vente. 

Qu'est-ce qui vous plaisait dans cette nouvelle vie professionnelle ?

Le côté challenge, les objectifs, une relative pression... J'ai intégré une parfumerie en tant que conseillère de vente puis j'ai été démarchée par Nespresso qui ouvrait une boutique dans les Yvelines, au centre commercial Parly 2. J'ai été séduite par l'idée de rentrer dans un grand groupe et j'ai accepté.

J'ai commencé tout en bas de l'échelle : je n'avais pas de diplôme, pas d'expérience. Et maintenant, me voilà dans ma 11e année au sein de l'entreprise. De simple vendeuse, je suis devenue responsable adjointe de la boutique de Bordeaux, la 4e plus grande de France.

Je manage au quotidien 25 personnes. Dans mon métier, on demande plutôt un bac+5, moi j'ai bac -2 et j'ai réussi à m'intégrer, j'en suis très fière. 

Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le prochain numéro de Tennis Info

(Recueilli par Emmanuel Bringuier)

© FFT / Julien Crosnier

Sylvia Montero, aujourd'hui manager chez Nespresso.