Nouvelle rubrique sur fft.fr : on vous emmène à la rencontre d'anciens champions de France reconvertis loin du tennis. Sacré aux "France" à deux reprises, Guillaume Rufin a rangé les raquettes pour choisir une voie qui lui tenait à cœur : la kinésithérapie.
À quel moment vous êtes-vous dit "ça y est, stop, c'est fini. J'arrête ma carrière" ?
C'était entre fin 2014 et début 2015. J'ai commencé à me poser des questions : j'étais beaucoup blessé, j'avais moins de motivation.
J'avais enchaîné six déchirures et je ne trouvais pas de solution pour ne plus me blesser. Je ne prenais plus de plaisir sur le court. J'avais suivi une année d'études et je m'étais dit que, si j'avais encore envie de jouer, je continuerais... mais ça n'a pas été le cas.
De blessures en blessures, j'ai décidé d'arrêter à la fin du printemps 2015. Donc c'est une décision qui est venue progressivement.
Mais je pense que c'est au moment où j'ai perdu l'envie de jouer que tout c'est fait. C'est déjà assez dur de réussir dans ce sport, alors si en plus on n'est pas motivé...
Il reste forcément de bons souvenirs de cette carrière junior puis professionnelle ? Vous avez été top 100 ATP (81e en 2013) ?
Bien sûr ! De mes 15 ans jusqu'à l'année 2013, j'ai vraiment apprécié.
Après, ma carrière a été souvent entrecoupée à cause des blessures, ce qui est dommage. J'aurais vraiment aimé jouer de manière plus régulière. C'est sans doute le seul regret.
Si vous deviez retenir un seul moment de votre carrière ?
Un seul moment... Mon premier match gagné à "Roland" (face à Eduardo Schwank, alors 81e mondial). J'avais 19 ans, j'étais 600e, personne ne m'attendait trop à ce niveau, et je ne m'attendais pas non plus d'ailleurs ! Ça reste un super souvenir.
Quand avez-vous commencé à songer à la reconversion ?
Très tôt. À 19 ans, j'ai dû me faire opérer de la hanche à Châtillon. Et en faisant de la kiné, je me suis dit tout de suite que, lorsque je ne jouerai plus, je ferai ça. J'ai toujours voulu faire quelque chose après le tennis, je ne souhaitais pas lâcher les études. Le choix a été rapide.
Pourquoi kiné ? Qu'est-ce qui vous plaisait ?
C'est vraiment ce centre de Châtillon qui m'a donné envie de faire ce métier. Je trouvais les problématiques très variées.
Bon, ce qui est sûr, c'est qu'il était hors de question que je sois derrière un bureau. Je ne voulais pas être prof de tennis ou entraîneur sur le circuit : j'avais le besoin de faire quelque chose de différent et plus du tout l'envie de voyager.
Avec ce métier de kiné, on restait très proches du sport. Du moins, on pouvait le rester si on le souhaitait. Dans le profil des patients, on retrouvait des accidentés de la route, des personnes souffrant de maladies chroniques... Je trouvais le cadre intéressant. Aujourd'hui, je suis en libéral, ça fait bientôt quatre ans que j'exerce.
Guillaume Rufin aujourd'hui.
Le rythme de vie entre kiné et tennisman doit être très différent ?
C'est plus posé, sans aucun doute. Joueur de tennis, c'est juste tellement particulier... Il y a des avantages, des inconvénients. Je n'étais pas un grand fan de la partie voyage qu'impliquait le tennis, même si j'aimais bien au début.
Donc ce sont des vies diamétralement opposées. Mais en vérité, il n'y a pas grand-chose qui ressemble à la vie d'un joueur de tennis.
Vous avez encore un pied dans le tennis. D'ailleurs vous êtes classé 0 dans votre club du Dijon TC !
Pfff non... Je ne fais que descendre d'année en année. Je suis encore 0 mais franchement, ce n'est plus ça. Je joue juste quelques matchs par équipe.
J'aimerais jouer davantage, au moins pour m'entretenir. Mais entre les enfants en bas âge et le boulot, c'est compliqué de se dégager des moments. Plus tard, j'espère avoir plus de temps pour m'y remettre vraiment.
Est-ce que votre carrière de tennisman vous manque ?
Franchement, pas du tout. Quand j'ai arrêté, je m'étais dit que je repartirai jouer si j'en sentais le besoin. Je n'ai jamais ressenti ce manque.
C'est un peu mon parcours qui veut ça. Je me suis investi relativement tard dans le tennis. Cela été assez vite, peut être trop vite pour mon corps qui n'a pas supporté.
Il a fini par dire stop. Des personnes me disaient de continuer mais mon corps m'a posé des problèmes toute ma carrière. J'ai donné ce que j'avais à donner au tennis. Maintenant je donne ce que j'ai à donner ailleurs.
Vous regardez encore du tennis ?
De temps en temps. J'aime bien regarder "Roland", ça me fait toujours plaisir. Je suivais aussi la carrière de ceux que je connaissais. J'ai toujours des amis dans le tennis, notamment Axel Michon qui entraîne maintenant.
Après la fin de votre carrière professionnelle, vous avez aussi été sparring-partner à Roland-Garros et au Rolex Paris Masters. Et puis vous avez commenté du tennis pour la radio.
Oui, j'ai été "sparring" quand j'étais encore basé à Paris. C'était très sympa, je l'ai fait trois quatre ans, je crois. Je le referais encore avec plaisir mais il faudrait monter à Paris et je n'ai plus trop envie.
Commentateur, je l'ai été une petite année. C'était une très bonne expérience, même si je ne me voyais pas continuer dans cette voie. Ça m'a plu temporairement, mais moi je voulais vraiment être kiné. J'avais terminé mes cinq ans d'études et nous avons déménagé avec ma famille pour que je puisse exercer mon nouveau métier.
Vous avez des souvenirs de vos titres en championnats de France ?
Oui je me souviens bien ! C'étaient des moments assez marrants. À cette époque, je m'entrainais très peu, juste quelques heures au club et à la ligue. Et bizarrement j'avais très bien joué.
J'avais fait finale en 15-16 aussi, avant de gagner le titre l'année d'après. J'ai toujours adoré jouer à "Roland" et sur ce court tout au fond.
Est-ce que vous vous rappelez de vos adversaires en finale ?
Le titre de 15-16... (il réfléchit). En 15-16 ans, la première année, j'avais perdu contre Stéphane Piro en finale, je me rappelle très bien.
L'année d'après, j'avais battu... Nassim Slilam peut-être ? J'avais battu la Miche (Alex Michon) en demies, je crois. mais en finale, je ne me souviens pas. J'aimerais bien savoir ! (En effet, c'est bien Nassim Slilam, ndlr).
En 17-18 ans, c'est facile de s'en souvenir : j'avais battu Benoît Paire. Il avait fini par balancer le match, faire n'importe quoi, puis être disqualifié à un set à un break, je dirais. C'est le genre de choses qui ne s'oublie pas...(Recueilli par Emmanuel Bringuier)
L'article de la victoire de Guillaume en 17-18 ans en 2007 dans Tennis Info.