Quels sont les objectifs et les dossiers prioritaires du Directeur technique National ? Pierre Cherret nous répond.
Pierre, vous venez d’être nommé Directeur technique national (DTN), poste dont vous assuriez l’intérim depuis le mois de décembre. Que change cette nomination ?Elle donne une légitimité que l’on n’a pas lorsque l’on est en intérim. À la fois devant les équipes de la DTN qui pouvaient s’interroger, se dire : 'voilà, notre DTN est par intérim, va-t-il être confirmé dans sa fonction et dans sa mission ?' Depuis quelques semaines, c’est une question qui m’était beaucoup posée. C’était important également pour le Ministère avec qui, tant que j’étais par intérim, j’ai eu très peu de contact : tout cela va s’accélérer à partir de maintenant. Le positionnement par rapport aux équipes peut être totalement différent : je peux faire bouger un peu plus notre organisation, lancer des grands chantiers et pouvoir entrer dans le vif du sujet. Je pense que c’est ce qu’attendent à la fois les gens de la DTN et le Ministère.Justement, les chantiers, il y en a beaucoup, on l’imagine. Quels seront vos dossiers prioritaires ?Avec les élus, nous avions commencé, déjà, à repositionner l’organigramme par rapport à la filière sportive et l’accès vers le haut niveau en prenant en compte le Transition Tour, qui jusque-là ne l’était pas. Autant l’anticiper puisque cela arrive au 1er janvier 2019 et que cela va quand même énormément modifier l’accès vers le haut niveau. Notre organisation a donc été modifiée, en se calquant sur l’organisation internationale qui existe et que l’ITF nous demandera de suivre : il y a le Tennis Europe, l’ITF juniors, le Transition Tour puis ensuite le haut niveau. Ont donc été mis en place à la fois un et une responsable de filière - Olivier Soulès pour les garçons et Alexandra Fusai pour les filles- ainsi que des référents sur chacun des circuits, à chaque étage de la fusée je dirais, afin d’arriver vers le haut niveau où, là, nous avons un directeur du haut niveau qui est Thierry Champion.Vous avez également la volonté de vous rapprocher des ligues et des clubs.J’ai effectivement commencé ce travail en étant par intérim, mais je pense que c’était important de le lancer. Il s’agit d’une vraie volonté de nos élus, celle d’aller à la rencontre des régions. Je pense qu’aujourd’hui, le DTN a une grande chance : on a 13 régions métropolitaines et 5 régions ultramarines, là où avant, c’étaient 36 ligues. Donc aujourd’hui, quand je passe en région, je peux vraiment m’appuyer sur les CTR coordonnateurs qui vont être de véritables relais et des collaborateurs précieux, qui vont me permettre de me nourrir, de comprendre comment chaque région fonctionne, de créer du lien avec elles, de partir d’elles au lieu d’avoir un système “descendant“, venant du CNE ou venant du siège. La dynamique et l’idée, aujourd’hui, c’est vraiment de co-construire notre politique sportive, de chercher à faire de l’individualisation, du cousu-main. Mais pour pouvoir mettre ça en place, il faut bien s’immerger dans la région, se mettre à la place de l’utilisateur en fin de compte que peut être la région ou le club, comprendre leurs spécificités, leurs problématiques : c’est ce que je suis en train de faire en effectuant un tour des ligues. J’ai déjà visité le Centre-Val-de-Loire, avant la Coupe Davis nous sommes passés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et pendant la Fed Cup j’ai rencontré la Ligue des Pays-de-la-Loire. Maintenant, je vais enchaîner : après l’AG, je pars sur la Bretagne, la Normandie et je me donne trois semaines, un mois pour rencontrer toutes les ligues.Quel est le principe de ces rencontres ?À chaque fois, je rencontre le CTR coordonnateur, toute l’équipe technique régionale et les élus, c’est-à-dire le Président de ligue et les élus référents de l’équipe technique régionale. La réunion est souvent assez longue et elle mêle donc à la fois les permanents et les élus. Comme je peux aussi le faire moi-même aujourd’hui d’ailleurs, puisque je travaille main dans la main avec le Président de la Fédération française de tennis, Bernard Giudicelli, et le Vice-président en charge de la DTN, Olivier Halbout. C’est une dynamique valable à tout niveau : le CTR coordonnateur et l’équipe technique régionale avec le Président de ligue et le DE avec son président de club. Je pense que ces binômes, c’est ce qui va faire que l’on va réussir à travailler ensemble. On a tous un objectif commun qui est à la fois de briller au haut niveau, de briller sur le Tennis Europe et l’ITF juniors, de fidéliser de plus en plus nos jeunes et de faire en sorte que les clubs vivent mieux. Mieux les clubs vivront, plus on va élargir la base de notre repérage en amenant des enfants dans les clubs de tennis et plus on aura de chances d’emmener des enfants à très haut niveau.Quels sont les objectifs que vous vous fixez, justement ?Les régions me nourrissent beaucoup. Je ne veux pas arriver avec une organisation toute faite. Bien sûr, j’ai des idées, bien sûr quand j’ai présenté mon dossier il y a sept mois ou huit mois, j’ai imaginé la DTN par rapport à mon expérience, mon vécu, mon parcours. Mais justement, je veux faire évoluer tout ça. Le fait de me rapprocher des régions, me permet de confirmer certaines choses que j’ai déjà constatées mais m’apporte aussi de nouvelles réflexions. Mon but n’est pas d’imposer, ce n’est pas d’arriver et de dire : "Voilà la DTN, c’est ça et je veux que ça fonctionne comme ça !" L’idée c’est de lancer des idées, de s’appuyer sur les remontées de terrain pour co-construire le projet. Alors bien sûr, il y a un plan qui est déjà mis en place avec nos projets internationaux, avec une organisation qui a commencé à bouger mais je souhaite continuer à faire évoluer notre organisation. Je suis notamment en train de construire une Direction des territoires, afin d’être plus proche de ces régions et plus proches de nos clubs, avec une DTN qui aura bien évidemment une partie axée vers le haut niveau, mais pas que. Il y aura donc cet axe Tennis Europe, ITF juniors, Transition Tour et haut niveau, mais parallèlement à ça, il y a bien sûr toute la partie formation à remettre en place.Ce sera l’une de vos autres priorités ?Nous rejoignons le projet de nos élus : à la DTN, nous avons-aussi défini notre approche et notre projet, qui est “Former pour gagner.“ Je pense qu’il faut recentrer la DTN sur la formation. Notre présence justement à l’international sur le Tennis Europe et sur l’ITF juniors est un point de passage obligé, qui va nous aider à former nos jeunes pour gagner des titres plus tard. Nous sommes très axés sur le classement français, mais nos repères doivent être le classement européen puis le classement mondial, dès l’âge de 10 ans et encore plus dès l’âge de 12 ans. Et puis, aujourd’hui, nous avons un département “6-12 ans“, mais le “6 ans“, je trouve ça très limitant. Pourquoi, si on a un petit garçon ou une petite fille à 4 ans qui joue très, très bien au tennis, attendre 6 ans ? La précocité dans le tennis est une réalité sur le haut niveau donc il faut la prendre en compte. Et puis, de l’autre côté, il n’y a pas que l’accès au Tennis Europe, il y a plein d’enfants qui veulent jouer au tennis mais qui n’ont pas l’ambition de le faire à l’international : toute cette dynamique de faire de bons joueurs ou joueuses de club, qui à un moment donné feront du tennis le sport d’une vie est essentielle. Cela va permettre à la fois de faire des bénévoles, des élus plus tard, des gens qui vont s’investir dans le club, des trésoriers, des présidents, des juges-arbitres. La DTN, avec le pôle fédéral, avec qui selon moi on doit former un vrai binôme, doit prendre en compte tout l’écosystème que l’on peut avoir dans les régions, toute cette partie du tennis français en dehors de l’accès vers le haut niveau. Et je pense que pour cela, cette Direction des territoires va être quelque chose de nouveau et de très important.Ce sont des objectifs que vous vous fixez à trois ans.Bien sûr, oui : l’objectif, c’est l’olympiade. Notre haut-niveau est vieillissant et l’idée c’est vraiment d’amener les jeunes qui sont aujourd’hui sur l’ITF juniors, peut-être pas à Tokyo, mais en tout cas (sourire), on a un bel objectif qui est Paris 2024. Aujourd’hui, les joueurs et les joueuses qui seront à Paris 2024, ce sont nos jeunes qui sont sur l’ITF juniors, c’est Clara Burel, peut-être, je ne sais pas, en tout cas, ce sont ces jeunes-là. La DTN est proche de son Ministère dont l’un des objectifs est le développement du sport pour tous, mais un autre très important est Paris 2024. Pour la Fédération de tennis, il y a une vraie stratégie à mettre en place par rapport à ce rendez-vous. Je pense que le Ministère va être très regardant à ce que l’on met en place et il veut aussi nous donner beaucoup de moyens afin d’amener nos athlètes et notre paratennis au plus haut niveau pour Paris 2024.
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