Paule Zamponi, Madame la juge-arbitre

Estelle Couderc

21 octobre 2024

Paule Zamponi est une perle rare. Elles ne sont actuellement que deux femmes en France ayant décroché leur qualification de juge-arbitre niveau badge blanc, correspondant au niveau international.

Cela fait donc deux ans, depuis sa date d’obtention en septembre 2022, que la Corse arpente les tournois de ce calibre organisés en France, quittant environ une semaine par mois son Île de beauté.

"J’ai parfois des périodes plus denses, comme juillet et août, détaille-t-elle. Étant professeur d’EPS, je suis disponible sur cette période estivale. C’est très varié, avec des tournois juniors, du beach, du tennis-fauteuil, des coupes d’Europe, des masters..."

Au départ, c’est un côté pratique qui a poussé la quinquagénaire à se lancer dans le juge-arbitrage. Paule Zamponi s’est mise au tennis sur le tard car elle ne trouvait pas, en Corse, d’équipe de football féminin, son sport de prédilection. Une fois licenciée au Raquette Club Porto-Vecchio, auquel elle est toujours fidèle, elle a souhaité monter une équipe avec d’autres joueuses du club :

"On ne voulait pas avoir tout le temps à solliciter notre juge-arbitre, se souvient-elle. On est donc parties en formation JAE afin de gérer notre feuille de résultats. Ça m’a tout de suite plu et j’ai voulu explorer un peu les autres pistes : JAT, puis monter plus haut dans le JAE. Au club, le juge-arbitre était JAT2/JAE2. On a travaillé ensemble, il m’a appris énormément de choses. Parallèlement, je suis devenue présidente du club et je suis entrée à la ligue, au comité directeur, puis rapidement à la commission d’arbitrage."

Loin de se satisfaire de 20 ans d’expérience et de ses qualifications FJAT3 et FJAE3, celle qui a notamment officié sur le tournoi international 15/16 ans de Chambon-sur-Lignon ou sur les championnats de France de tennis-fauteuil n’a jamais ménagé ses efforts pour s’améliorer encore et encore. D’autant qu’elle a cette particularité de n’être jamais passée par la case arbitre :

"Les trois filières – JAE, JAT et arbitre – sont totalement indépendantes, mais avec des qualifications d’arbitre, il est beaucoup plus simple de faire du juge-arbitrage. Il a donc fallu que je rattrape tout ce retard au niveau des règles du jeu et des procédures existantes."

Pourtant ce badge blanc, elle n’y pensait pas forcément. Mais pour aller exercer sa passion au-delà des limites de la Corse, où le niveau 3 ne lui servait pas par manque de tournois, Paule Zamponi a tenté sa chance : "C’est comme ça, j’aime apprendre. Mais ça a été dur ! Déjà, il y a l’anglais, un passage obligatoire. Et les tournois sont vraiment différents. Je suis allée embêter des juges-arbitres, leur demandant de me prendre avec eux pour observer, voir comment ils géraient ! Et ça a marché."

Elle fait désormais partie de la petite dizaine de juges-arbitres badge blanc en France. Neuf et donc seulement deux femmes. En plus de son engagement auprès de la ligue de Corse, elle fait partie de la commission fédérale de l’arbitrage et reste très impliquée dans la formation où le constat reste le même au fil des années :

"J’avoue que je n’ai pas beaucoup de femmes, sauf en JAE pour leurs clubs. Être JAT demande beaucoup plus d’investissement. Je comprends que cela puisse constituer un frein."

Mais pas pour elle. Paule Zamponi reste passionnée et avide de progresser, encore et encore. Si elle ne se voit plus gravir de nouveaux échelons, pas question pour elle de s’endormir sur son badge blanc : "Mon objectif est de devenir un badge blanc sur lequel la Fédération peut s’appuyer à 200 %. J’ai encore à apprendre, à m’aguerrir, car il m’arrive d’avoir une question à poser, un coup de fil à passer pour être sûre de ma décision. Mais à force d’en faire, je me dis que je vais y arriver !"

A retrouver dans Tennis Info n°564