Le directeur du haut niveau à la FFT évoque l'affiche du jour entre Richard Gasquet et Rafael Nadal.
Paul-Henri, pour beaucoup, ce match ressemble à une mission impossible. Mais qu’est-ce que Richard peut tenter pour essayer de faire douter Rafael Nadal ?
Question difficile ! Pour essayer de le faire douter, il faut que Richard joue très relâché. Il l’a dit en conférence de presse : ça va être un plaisir de jouer contre le plus grand joueur de l'histoire du tournoi.
Il s'agit donc de profiter de l’instant présent. Et évidemment de ne pas penser au score, pour se détacher des pensées parasites et jouer le plus libéré possible.
Mentalement, comment aborde-t-on ce genre de match ?
Je pense que Richard a assez de lucidité pour savoir qu’il n’est pas favori, qu’il a très peu de chances de s’imposer. Mais il reste un compétiteur avant tout. Le peu de chances qu’il a de pousser Nadal dans se retranchements, il va essayer de les jouer à fond.
Il a l'obligation de jouer de manière très agressive. On ne sait jamais, peut-être que Nadal aura une défaillance... même si cela ne lui arrive pas souvent (rires).
Le sujet, c’est aussi de se faire plaisir. Richard a eu des mois assez difficiles, il se bat pour retrouver son meilleur niveau. Beaucoup, à son âge, auraient arrêté. Lui est un dingue de tennis. Il adore ça et il est encore là pour vivre ce genre de moments.
Richard a déclaré que le gros problème avec Rafael Nadal, c'était cette fameuse diagonale revers...
Tout le monde a un type de jeu différent. Richard, son coup fort, c’est le revers croisé… qui arrive en plein sur le coup fort de Nadal, dans sa diagonale coup droit !
Mais c’est au Français de s’ajuster le jour J en fonction des conditions de jeu, de voir s’il doit varier davantage, changer tactiquement de zones, jouer différemment.
Ce qui est sûr, c’est que Richard a la panoplie de coups pour avoir différentes options face à tout le monde. Ça parait insensé avec tout son talent, qu'il n'ait jamais battu "Rafa" (16/0 en faveur du Majorquin, ndlr)... On peut se dire qu’il aurait pu le dominer un ou deux fois. Mais il n’est jamais trop tard !
© FFT / Christophe Guibbaud
Quand on évoque Roland-Garros, Rafael Nadal et Français, on pense bien sûr à votre fameux duel en 2006... Vous faites partie des ces très rares joueurs qui ont pris un set à l'Espagnol et qui l'ont poussé dans ses retranchements. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était une équation très différente. J’ai abordé le match en ayant peu de chances de gagner mais j’ai essayé de jouer ma carte à fond, de me préparer à un combat physique.
"Rafa" est aujourd’hui dans une autre filière, il est beaucoup plus agressif qu’auparavant. A l'époque, on avait plus le temps face à lui. Mais en revanche, il pouvait jouer des heures et des heures à une intensité qu’il a gardée aujourd’hui.
Je m’étais préparé à ça, me concentrant sur le fait de ne pas flancher physiquement. Je m’étais conditionné pour aller au bout du bout de moi-même. C'est la seule solution pour espérer.