Julien Benneteau a créé l’exploit au deuxième tour, ce jeudi. Le Bressan a battu David Goffin après un combat de pratiquement trois heures. Interview.
Julien, en termes d’émotions, décrivez-nous ce que vous ressentez après cette magnifique victoire 1/6, 7/6, 6/1, 7/6 contre David Goffin…Beaucoup de bonheur. C’est top de pouvoir partager ça en famille, avec ma femme ; mon petit, il m’a vu à la télé apparemment, dans la chambre parce qu’il faisait trop chaud. Et puis, ça me fait plaisir quand il y a mes copains ou mes anciens entraîneurs qui viennent m’encourager, comme “Lolo“ (Courteau). À la fin, il y avait aussi Thierry Champion et Pierre Cherret. Ils sont là, on sent que ça leur fait plaisir de venir nous encourager, m'encourager, qu’ils sont contents pour moi. Et je n’ai pas encore regardé tous les messages sur mon téléphone, mais il y a beaucoup venant de mecs qui ont compté pour moi, dans ma carrière, d’anciens joueurs ou d’autres joueurs, qui me disent : ’Bravo, quel courage’.Quand Lleyton Hewitt, avant d’aller disputer son double, je le croise dans les couloirs, et avec sincérité dans son regard, il me dit : “Bravo, c’était bien, c’est beau“, quand Federer me dit “Bien joué !“, ça fait plaisir. Ou quand je retrouve 'JC' Faurel, l’entraîneur de 'Manna“, avec qui j’étais dans la même chambre à l’INSEP, qu’il me félicite et qu’il me dit : “Mais quel courage, c’était monstrueux la fin“, honnêtement, ça me fait très, très, très plaisir. Je suis très heureux, vraiment.
Le match a connu pas mal de rebondissements et il a quand même duré près de trois heures !Le scénario est assez dingue en effet, les conditions aussi. Honnêtement, hier (mercredi), j’étais “cramé“. Franchement, c’était horrible. Ce matin, ça allait mieux, je sentais que j’avais un petit peu plus d’énergie, un peu moins de douleurs dans les jambes. Mais mon premier set a été vraiment moyen, lui jouait très bien, il était très agressif et ne me laissait pas respirer. En plus, même si je voulais être très agressif, il me faut un minimum de jambes, de physique, pour être précis, autrement j’en mets un peu partout. Surtout avec la chaleur d’aujourd’hui, qui faisait que c’était très dur de contrôler la balle. Et puis, je suis arrivé à m’accrocher au deuxième, à tenir le score, à débreaker…J’étais là. Une fois qu’il y a eu un set partout, eh bien voilà, la bagarre, on y était ! J’ai vu que lui n’était pas très bien non plus physiquement. Avec la chaleur, c’était dur pour tout le monde. Je me suis mis à y croire, à y croire, à y croire, avec un plan de jeu qui était on ne peut plus simple et ç’a tenu jusqu’à la fin où je me suis refait des frayeurs.Avec cette chaleur, ç’a été compliqué à gérer ?C’était très compliqué, oui. On plaisantait un petit peu dans les vestiaires avant d’y aller avec Richard et Gaël. Quand je suis parti, j’ai dit à Richard –parce que c’est le spécialiste pour sortir ce genre de phrases-, “Bon ben, quand faut y aller, faut y aller !“ Il était mort de rire (sourire) On rigolait et il me demande : “Tu joues à quelle heure ?“ Moi : “15h, 16h, sur le 2, y a aucune ombre, 38 degrés : l’abattoir !“ (rires) Non, franchement, ce sont des journées qui sont terribles. Il paraît qu’au soleil à un moment donné, il a fait plus de 50…C’est dur physiquement et c’est dur tennistiquement, parce que ce court en plus est une patinoire, mais tant mieux, pour moi c’était bien. Il va à une vitesse incroyable. Et je m’en suis sorti un peu à l’expérience et puis aussi parce que je joue bien, ce qui me permet de tenter et réussir des coups agressifs. Je suis très heureux de m’en être sorti, vraiment.(Propos recueillis par Myrtille Rambion, à Melbourne)