Un frère, une sœur, et le tennis dans le sang. Manon et Clément Genot font partie des "ballos" de Roland-Garros. Ils racontent leur passion en famille.
Un frère et une soeur qui officient comme ramasseurs de balle dans le même tournoi, c'est original ! Comment avez-vous découvert le tennis ?
Clément : Mon papa était prof de tennis, c'est comme cela que l'initiation a débuté. On a été inscrit dans plusieurs clubs, au départ à Divonne-les-Bains, et désormais à Prévessin-Moëns. Nous habitons à côté de la Suisse, à 15 minutes de Genève. C’est mon 4e Roland-Garros en tant que ramasseur. Beaucoup de choses ont changé depuis la première fois : le stade, les vestiaires... Mais sinon c’est toujours la même ambiance et c’est toujours très plaisant de venir ici.
Manon : De mon côté, j’ai suivi les pas de mon frère et surtout de mon papa. Il y a un moment où j’ai voulu arrêter, où je n'avais plus envie de jouer : j’ai donc arrêté le tennis et je me suis mis à ramasser des balles. J’adore car on a beaucoup de contacts avec les joueurs et puis on a pu apprendre à les connaître. C'est mon premier Roland-Garros.
Comment se passe une journée de "ballos" ?
Clément : Ca dépend des horaires, mais en ce moment on arrive au stade vers 9h30. Il y a un briefing, donc en arrivant le matin on connaît nos courts. Puis il y a le réveil du stade, avec cette chanson qu'on chante en passant dans toute l’allée. Nous sommes "distribués" par terrain. On débute un échauffement, puis on refait un briefing, on va chercher nos affaires, notamment les serviettes, et la journée commence ! Nous sommes plusieurs équipes, souvent de six, ou parfois par paires. On fait des rotations sur le terrain, entre 30 et 40 minutes. Nous suivons un ordre jusqu’à ce qu'il n’y ait plus de match. A chaque rotation, nous sommes notés. On peut finir très tôt comme très tard.
Sur le court de quel joueur souhaiteriez-vous être ramasseur ?
Manon : Pour moi, ce serait Roger (Federer). C’est un joueur qui va chercher à communiquer avec les gens. On est près de la Suisse en plus, donc c’est presque chez nous.
Clément : Moi, ce serait Gaël Monfils, je n’ai jamais "ramassé "avec lui, et il parait qu’il est très sympa avec les ramasseurs. J’aime aussi beaucoup Federer, pour le jeu.
Manon : Forcément, "Roger" va être content quand il gagne, mais il ne se la "raconte pas".
© Pauline Ballet / FFT
Comment faites-vous pour rester concentrés quand vous préférez un joueur à un autre ? Et qu’est-ce qui est le plus dur durant une longue rencontre ?
Manon : On doit se focaliser sur le match. Mais parfois, lors des changements de côtés, quand les joueurs sont assis, on se dit "allez untel ou untel" (rires).
Clément : Le plus difficile, c’est la chaleur. Sur le terrain, 30 minutes, ça ne parait pas énorme. Mais au fur et à mesure de la journée avec le soleil qui tape, c’est dur. Et on ne peut pas boire sur le terrain.
Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué ?
Manon : Le match que j'ai préféré... c’est Grigor Dimitrov contre Marin Cilic. Vraiment un beau moment. Mais aussi la rencontre entre Pierre-Hugues Herbert et Benoît Paire.
Clément : Pour moi, c’était en Coupe Davis, l’année où la Suisse gagne. J'ai aussi été ramasseur dans cette compétition et à Bercy. A Roland-Garros, j'adore les matchs en 5 sets et ceux sur le court n°1 où il y a pas mal d’ambiance.
Qu’est-ce que vous aimez le plus à Roland-Garros ? Et quels sont vos loisirs en dehors ?
Clément : Ici, c'est l’ambiance avec les autres jeunes. La plupart des jeunes n’ont pas souvent pas l’occasion d’être professionnel, et en tant que ramasseurs, on a l’occasion d’être proche des pros. Mais être ramasseur, c’est devenir un peu l’ombre du tournoi. C’est beaucoup de préparation et d’exigence.
Manon : En dehors du tennis, je fais beaucoup de sport : l'équitation, la gym, le vélo, la course à pied, l'escalade, le badminton, le handball... On n’est pas très jeu vidéos dans notre famille. Quand j’ai su que mon frère avait été pris comme ramasseur, ça m’a donné envie. Et même si là, j’ai arrêté le tennis, ça me redonne l’envie de rejouer. On voit tous ces joueurs qui jouent à un haut niveau et on aimerait être à leur place.
Au fait, vous jouez en double parfois ?
Manon : Oui, souvent ! Moi je suis avec papa et Clément avec maman.
Vous aimeriez bien continuer à être "ballos"?
Clément : Quand on est ramasseurs, c’est de 12 à 16 ans. Donc je suis à l’âge maximal, ce sera ma dernière année... Après on peut devenir coach ou évaluateur à partir de 18 ans. Ça me tenterait bien.
Manon : Ce serait sympa de faire une année en évaluateur pour voir ce que ça pourrait donner. Après, j’aimerais aussi travailler dans l’équitation car c’est un sport qui me plait énormément.