Finaliste pour la première fois de sa carrière en Challenger, à Cherbourg, Titouan Droguet évoque sa belle semaine en Normandie, la suite de la saison et les changements dans son tennis.
Titouan, le tournoi de Cherbourg a été riche en émotions pour toi : tu es passé tout proche de la sortie en qualifications, avant de battre un ex-top 40 à l'ATP (John Millman), puis de te qualifier pour ta première finale en Challenger.
Oui, c'était un tournoi particulier, d'autant qu'il n'était pas du tout prévu dans ma programmation. J'étais en Turquie pour jouer des tournois Future et ils ont été annulés au dernier moment suite au séisme.
Je me suis alors retrouvé à chercher un tournoi in extremis. Il y avait Cherbourg où je pouvais signer en qualifs... Mais je n'étais pas sûr de pouvoir y entrer.
J'ai pris l'avion, je suis arrivé à 23h le samedi soir pour jouer dimanche. Ce n'était pas l'idéal, surtout que c'est un tournoi sur dur alors que je m'étais préparé à jouer sur terre en Turquie. Vraiment, je n'avais pas de grandes ambitions.
Il y a eu ce premier tour très compliqué, où je sauve quatre balles de match, et où je gagne, de façon assez folle, avec les crampes et tout. Je passe très proche de la sortie. Et puis match après match, mon niveau a augmenté.
Es-tu satisfait de ton niveau de tennis cette semaine ?
Pour être honnête, je me suis surpris à la fin du tournoi. Je suis étonné d'avoir si bien joué, surtout sur cette surface qui ne m'avait pas forcément réussie par le passé. Étonné que tout se soit mis en place aussi vite, sans entraînement.
Le fait d'avoir joué sans pression, la tête libérée, m'a sans doute permis de faire toutes ces belles choses. J'ai trouvé que les matchs étaient de qualité. Donc je suis super content.
Tu perds en finale malgré une rencontre serrée (7/5, 7/6) face à l'Italien Zeppieri. As-tu connu un problème physique après l'enchaînement des matchs ?
J'ai ressenti une douleur à l'adducteur au début du match, à 2-2. J'étais pas mal diminué. J'ai fait une échographie lundi... Il se trouve que c'est une belle lésion.
Je suis juste déçu de ne pas avoir joué à 100%. Je n'ai pas pu offrir la bataille que j'espérais. De son côté, il a fait un super match.
On assiste à l'éclosion d'une génération talentueuse de joueurs français : Fils, Van Assche, Cazaux... Est-ce que cela te motive de voir des compatriotes signer de bons résultats sur le circuit Challenger voire ATP ?
C'est sympa de voir ça, même si Arthur Fils et Luca sont vraiment plus jeunes et qu'ils m'ont déjà bien dépassé au classement.
Avec Arthur Cazaux, on a vécu pas mal de moments ensemble : on a connu les blessures, et on s'est tirés vers le haut. Au départ, je l'ai dépassé au classement, puis il m'a rattrapé, maintenant, je le rattrape... Il y a une émulation.
Tu connais ton meilleur "ranking" ce lundi, 247e à l'ATP. Est-ce que tu attaches beaucoup d'importance à ton classement ?
J'aime bien regarder quand ça progresse ! Mais je sais que ça varie énormément selon des facteurs que je ne peux pas contrôler. Le plus important, c'est que je veux faire les efforts au quotidien pour m'améliorer dans mon tennis.
En décembre, je m'étais fixé comme objectif de jouer les qualifs de Grand Chelem. C'est bien parti... Il faut environ être 230e pour être sûr de les jouer. Si j'y arrive, on se fixera d'autres objectifs.
Maintenant, je vais essentiellement me concentrer sur les tournois Challenger, mais je pense que j'en ai pour au moins deux ou trois semaines d'arrêt. Ça met un coup au moral de ne pas pouvoir profiter de la confiance engrangée tout au long de la semaine. Je vais bien me soigner et m'entraîner pour repartir en pleine forme.
Comment t'entraînes-tu au quotidien ?
Il y a un peu plus d'un an, j'ai déménagé au Cap d'Agde, à la French Touch Academy. C'était un gros changement dans ma vie. Je m'entraîne avec Yannick Jankovits, et Charles Auffray, le créateur de l'Académie, me donne des coups de main quand il peut.
Le plus gros changement a été sur le volume de travail. En période de "prépa" foncière, on a fait de très grosses journées, très intenses.
Mais ces séances sont réfléchies pour que le corps ne me lâche pas, pour enchaîner les matchs et les tournois sans pépins physiques. C'était mon principal problème avant.(Recueilli par Emmanuel Bringuier)