Trois équipes de France viennent de se qualifier pour les phases finales de Winter Cup, dont les U14 garçons, coachés par Jean-Marie Tenenhaus. L'entraîneur national à la FFT analyse cette jeune génération.
L'équipe de France U14 vient de se qualifier pour les phases finales de la Winter Cup, les championnats d'Europe d'hiver. Pouvez-vous présenter en quelques mots les jeunes espoirs qui composent l'équipe?
Jean-Marie Tenenhaus : Trois garçons étaient sélectionnés pour les phases qualificatives de cette Winter Cup : Pablo Pradat, qui vient de Seine-et-Marne et s'entraîne au pôle France à Poitiers ; Quentin Dodin, de la région Centre Val-de-Loire et qui fait également partie du Pôle France ; puis Rafaël Thao-Keuang, un joueur également de Seine-et-Marne, entraîné à la ligue par François Mottier.
Je les connais bien depuis plusieurs années. J'ai été amené à passer beaucoup de temps à leurs côtés car ils étaient dans un groupe dont j'étais le référent. À Poitiers, avec mon binôme Antoine Bedin, je suis l'entraîneur de Pablo et Quentin, qui sont intégrés dans un groupe de six joueurs.
© FFT / Marine Andrieux
Pablo Pradat lors de la dernière édition des Petits As.
Quel est leur style de jeu et leurs points forts ?
Pablo, c'est un puncheur. Il essaie de faire mal à l'adversaire et de le déséquilibrer avec un jeu basé sur une prise de balle précoce derrière un bon service.
Quentin a un profil plus stratégique. Son jeu va l'amener à varier les trajectoires et les effets, à faire jouer un coup supplémentaire à son adversaire. Il est davantage dans une filière de construction du point.
Quant à Rafaël, il possède un tennis assez complet, un gros service, un bon revers et une frappe très lourde. C'est un puncheur mais dans un style différent de Pablo, dont les frappes sont davantage tendues.
Quel est le bilan de la phase qualificative qui a vu les Bleus finir premiers de la compétition, avec une victoire face à la Grande-Bretagne en finale ?
Ce qui m'a plu, c'est leur capacité d'adaptation et leur état d'esprit irréprochable au service de l'équipe. Ils sont venus pour jouer ensemble, pas pour jouer individuellement.
De cette génération, il y a environ 10 joueurs qui postulent pour l'équipe de France. On constate une belle densité chez les 2010 et 2011, cette génération est assez étoffée. D'ailleurs, nous avons choisi de faire notre sélection assez tard, pendant les Petits As de Tarbes.
Mais l'union fait la force. Ce n'est pas trois joueurs qui ont participé mais un groupe. Nos adversaires ne jouent pas contre un joueur mais contre une équipe. J'ai apprécié que les garçons soient généreux et soudés.
Est-ce qu'un favori se distingue pour la phase finale (qui se jouera en Allemagne du 15 au 17 février) ?
Ça va être serré. Je dirais qu'il y a quatre ou cinq équipes homogènes, dont nous forcément. La France sera probablement tête de série n°1 et nous allons là-bas pour gagner le titre.
Pablo, Quentin et Rafaël ont encore progressé au classement Tennis Europe, ils font partie des meilleurs. Mais c'est ce que je leur répète à chaque fois : avoir le niveau, c'est bien, mais il faut le prouver sur le terrain.
Est-ce que les U14 d'aujourd'hui ressemblent aux U14 d'il y a quelques années ? Qu'est-ce qui a changé chez ces jeunes générations ?
Ce qui a changé, c'est l'aspect physique. Ils servent plus fort, les préparations des joueurs sont de plus en plus efficaces et pointues. Les jeunes sont formés très tôt pour le haut niveau, leur attitude s'est professionnalisée. Ils jouent plus qu'avant, les tournois sur le circuit Tennis Europe sont plus nombreux.
À Tarbes, j'ai vu des 13-14 ans qui servaient à 190 km/h, avec un tennis déjà bien installé. Mais c'est toute la complexité de ces catégories : ce sont des jeunes dans un parcours de formation. Ils doivent continuer à travailler sur le plan physique selon la spécificité de leur âge, alors qu'il ont en même temps déjà des réflexes de professionnels.
Arthur Cazaux, Luca Van Assche, Arthur Fils... Une jeune génération française progresse de plus en plus sur le grand circuit. Est-ce que voir ces joueurs se distinguer chez les pros crée une émulation pour la génération U14 ?
C'est un moteur incroyable. Evidemment, ça leur donne envie de les imiter. Ils rêvent tous de jouer en Coupe Davis et de participer aux plus grands tournois du monde. On a la chance, en France, d'avoir en permanence des joueurs de très haut niveau et une Fédération qui forme très bien les joueurs.
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