Finaliste des championnats d’Europe jeunes en Suisse la semaine dernière, Tiago Pires évoque son parcours et revient sur cette année chamboulée par les blessures.
Tiago, comment s’est passée cette belle semaine européenne ?
J’ai eu un premier tour relativement facile, tout allait bien et puis le deuxième a été un peu plus compliqué. J’ai bien démarré, j’ai gagné 6/2 et puis on a été interrompus par la pluie. Quand on a repris une heure après, mon adversaire a commencé à super bien jouer, il ne ratait plus beaucoup, il était super agressif et j’ai finalement gagné la troisième manche 7/6.Mais ça s’est joué à rien du tout et ce match m’a un peu servi de déclic. Je me suis relâché ensuite et en quarts j’ai battu le 11e junior. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas fait un match comme ça et que je n’avais pas battu un joueur de ce niveau. Il faut dire que ça fait un an que je suis un peu dans le dur avec les blessures donc ça m’a vraiment fait du bien. Ces deux matchs m’ont donné beaucoup de confiance. En quarts, malgré un premier set perdu, je me suis bien senti et le 3e set est le meilleur que j'ai joué.
Tiago Pires, médaillé d'argent.
Que retiens-tu de ta finale ?
Je suis quand même assez déçu de ma finale parce qu’à partir du moment où j’ai gagné contre le joueur qui était classé 11e (le Suédois Sebastian Eriksson), j’avais pris une confiance en moi je m’étais dit que je pouvais vraiment aller au bout du tournoi. Mais ce match et la demie m’ont pris beaucoup d’énergie, au niveau du stress notamment. Le lendemain matin, en arrivant pour la finale, j’étais un peu fatigué. Il jouait vraiment bien, il m’avait imposé une cadence et une intensité que je n’ai pas réussi à tenir.J’ai eu peu d’ouverture, seulement deux balles de breaks qu’il a bien su gérer. Je suis un peu déçu d’avoir été comme ça, de m’être senti aussi fatigué pendant un match et de ne pas pouvoir jouer comme je voulais. Mais je suis quand même relativement content de ma semaine, ça fait longtemps que je n’avais pas aussi bien joué. Je suis finalement assez content de moi.
Le tournoi s’est déroulé en altitude, as-tu eu besoin de temps pour t’adapter à ces conditions ?
Oui, on est arrivés deux jours avant et ça m’a permis un peu de bien prendre mes marques. C’était la première fois et je ne savais pas si j’allais apprécier l’altitude ou pas. Je savais que ça volait un peu, que les balles pouvaient partir assez loin de temps en temps… Dans l’échange, je retenais un peu mes coups par moment, mais après un temps d’adaptation, je me suis super bien senti au niveau du service retour où franchement je me sentais vraiment à l’aise.Je ne me suis pas fait beaucoup breaker cette semaine, sans vraiment servir beaucoup de premières balles à plat, fortes, j’ai utilisé beaucoup le kick et ça a gêné pas mal mes adversaires. Ça m’a permis souvent de prendre l’échange à mon compte et de me sentir en confiance sur mon service.
Quelles sont tes prochaines échéances, tes prochains objectifs ?
Je suis resté en Suisse pour un deuxième tournoi junior, j’ai joué ce matin et j’ai gagné (victoire contre Izan Almazan Valiente, 6/0, 6/3 à Bâle). Je vais terminer cette semaine, prendre un peu de vacances et partir sur une tournée américaine avec deux tournois juniors et l’US Open junior. Je n’étais pas sûr d’y aller à cause de toutes les blessures que j’ai eues cette année, j’étais bien redescendu au classement mais ces deux tournois étaient entre guillemets ma dernière chance pour rentrer et grâce à la semaine dernière, je suis bien remonté au classement. Je suis très content de tout ça.
Tu es parti de chez toi très jeune (à 12 ans) : comment tu vois tout ça avec le recul maintenant que tu as 17 ans ?
Quand je suis parti de chez moi j’étais content et en même temps j’étais assez inquiet à l’idée de partir de chez mes parents, je ne savais pas trop comment ça allait se passer. La première année, je suis resté à Poitiers de septembre à décembre sans rentrer et c’était vraiment dur parce que c’était la première fois que je quittais aussi longtemps mes parents.Mais mes copains du Pôle m’avaient vraiment bien intégré : il y avait Giovanni Mpetschi, Arthur Fils, Mehdi Sadaoui qui étaient avec moi et qui m’ont beaucoup aidé et après ces six mois passés ça a été plutôt simple pour moi je me suis super bien senti. Je n’ai jamais vraiment eu envie de revenir chez moi, je me sentais bien. Au début, je vivais ça comme un sacrifice et après j’ai vécu ça comme un endroit ou je devais passer, je l’ai fait avec plaisir.
Quel est ton plus grand rêve ?
Ce serait de gagner Roland-Garros. En tant que Français, c’est le rêve absolu. Au niveau du classement, je ne me fixe pas de limites non plus, mais j’aimerais aller le plus loin possible et laisser une marque dans le tennis. C’est ça mes objectifs et mes rêves.
Qui est ton joueur préféré ?
C’était Roger Federer, maintenant je n’ai plus vraiment de joueur préféré ou d’idole parce que c’était lui depuis que j’ai commencé à jouer au tennis, mais je regarde forcément encore Djoko, Rafa et puis Alcaraz maintenant.
Alcaraz justement, c’est un jeune aussi, il a remporté deux titres du Grand Chelem, comment le perçois-tu ?
Ça m’impressionne ! Il est quand même monté assez vite. Il était 130e mondial il y a deux ans encore je crois, à l’Open d’Australie, son ascension a été assez folle et puis maintenant comment il joue c’est… Comme l’a dit Djokovic dans une interview : il a un peu des trois dans son jeu, tu prends du plaisir à le regarder. C’est vrai qu’il n’a que deux ans de plus que moi mais je trouve ça vraiment impressionnant.
Mpetshi, Fils, Debru, Gea avec qui tu t'entraînes au CNE de Roland-Garros sous la conduite de Tarik Benhabilès… Vous êtes un bon groupe, il y a une bonne émulation entre vous ?
On a une relation qui est vraiment excellente. On est une bande de potes, on se voit souvent depuis qu’on à 12, 13 ans, on s’entraîne souvent ensemble et puis c’est vrai que quand on voit un gars qui monte un peu au classement ça booste les autres pour aller le titiller. Mais c’est une relation très saine, sans jalousie, on se tire vers le haut et c’est vraiment cool. (Propos recueillis par Marion Theissen)