Juste avant d'embarquer dans l'avion direction Budapest, pour y disputer un Challenger, Grégoire Barrère est revenu sur sa victoire à Quimper, ses objectifs de l'année, sa structure d'entraînement, et sur Roland-Garros. A 24 ans, le Français nourrit de belles ambitions. Entretien.
Grégoire, vous venez de remporter l'Open de Quimper, votre deuxième victoire en Challenger après Lille en 2018. Les premiers tours ont été compliqués, mais vous avez gardé un niveau de jeu très élevé toute la semaine. Comment avez-vous vécu ce tournoi ?Grégoire Barrère : Dès le premier tour, j'ai dû batailler contre Calvin Hemery, qui n'est jamais évident à jouer (victoire 7/6, 2/6, 7/6). Je ne l'avais d'ailleurs jamais battu avant Quimper. On a fini le match tard, et c'était juste le premier tour... Mais finalement ça m'a bien mis en jambes pour le reste de la semaine. Contre (Hubert) Hurkacz, qui était tête de série n°1, j'ai sorti un très bon match, en le faisant un peu craquer physiquement au 3e set (victoire 7/6, 6/7, 6/1). C'est une victoire qui m'a fait du bien, car c'était la première contre un Top 100 (Hurkacz est actuellement 73e à l'ATP, ndlr). Pour le reste du tournoi, j'ai surtout essayé de capitaliser sur cette confiance, tout en jouant relâché.En finale, vous avez renversé la vapeur contre le Britannique Daniel Evans, un joueur au style atypique.En revers, il "chipe" énormément. Et il le fait très bien ! Parfois sa balle s'arrête, parfois elle fuse... c'est difficile d'avoir du rythme. J'ai fait beaucoup de fautes au début du match, il me baladait avec son chip et m'enfermait dans des zones qui ne me convenaient pas. Finalement, j'ai changé de tactique en jouant beaucoup plus sur son coup droit. J'ai mieux retourné, mieux servi, et ça a payé.
Lors de vos deux premiers tournois de la saison, vous aviez perdu en quart et au 2e tour Vous étiez en manque de rythme ?Je n'avais pas pris beaucoup de points jusque-là, c'est vrai. Pourtant, je savais que le cap était le bon. Il y avait des bonnes choses, en match comme à l'entraînement. A Nouméa (un Challenger disputé début janvier, ndlr), je perds en quart contre Delbonis, un top 100. Ce n'était pas une contre-performance. Les choses se sont peut-être un peu plus mises en place cette semaine que les précédentes. Mais depuis le début de la saison, je sentais que je jouais bien.Ce lundi, vous êtes 131e mondial, votre meilleur classement en carrière. Qu'est-ce cela vous inspire ? Vous vous fixez des objectifs à l'ATP ?Quand on se réveille le lundi matin, et qu'on voit ce classement, c'est sûr que ça fait plaisir (rires). Maintenant, j’aimerais rentrer le plus vite possible dans les 100, me rapprocher des 50, et ainsi de suite. Mais je ne me focalise pas là-dessus, je ne fais pas de fixette sur le classement. L'essentiel est de progresser dans son jeu, et le reste suivra.Il faudra patienter encore un peu, mais dans quelque mois commencera Roland-Garros ! Cela vous trotte dans un coin de la tête ?Forcément, j'ai très envie de jouer à "Roland". En tant que Français - et encore plus pour moi qui suis originaire de la région parisienne - c'est toujours sympa de jouer devant la famille et les amis. D'ici là, il y a encore beaucoup de tournois. Je vais tout faire pour me rapprocher du Top 100 et ne pas avoir besoin de wild card.L'an dernier, vous aviez bénéficié d'une invitation. Sur le court 18, vous aviez perdu au premier tour contre Radu Albot en cinq manches, après avoir remporté les deux premières. Le match semblait pourtant "dans votre raquette". Que s'était-il passé ? Est-ce le genre de défaites qui font grandir ?La journée avait été difficile... Je n'avais pas réussi à très bien gérer mes émotions, j'avais "crampé" au bout de deux sets et demi. Ce match m'a permis d’apprendre pas mal de choses sur la gestion des grands événements. J'avais déjà joué à Roland, contre (David) Goffin, mais c'était un peu moins à ma portée que l'an passé. La défaite était d'autant plus frustrante. Aujourd'hui, je pense que je pourrais aborder ce genre de tournois avec un peu plus de sérénité.Le fait d'avoir été sparring-partner de l'équipe de France à l'occasion de la finale de la Coupe Davis l'an passé (photo) vous a-t-il aidé dans votre jeu et la gestion des grands rendez-vous ?Avoir côtoyé "les mecs" pendant 15 jours et avoir eu la chance de m'entraîner avec eux m'a permis de sentir que je n'étais pas si loin du très haut niveau. Ce genre d'expériences permet de se jauger, d'évaluer son niveau de jeu, de voir les lacunes qu'il est possible de combler. Ça m'a donné beaucoup de confiance, mais surtout l'envie de retourner à l'entraînement, de retrouver ces joueurs sur les plus gros tournois. Et, pourquoi pas, un jour en Coupe Davis...Quelle est votre structure d’entrainement actuelle ?Je suis licencié au club du Blanc-Mesnil mais je m'entraîne à la All In Academy, avec d'autres joueurs comme Mathias Bourgue et Tristan Lamasine. Il y a plusieurs coachs : Mathieu Rodrigues, Marc Gicquel, Nicolas Copin... Selon qui est dispo, tel ou tel coach peut nous accompagner en tournoi.