Gilles Moretton et Amélie Oudéa-Castéra, respectivement président et directrice générale de la FFT, se prêtent au jeu de l’interview croisée.
Cette interview est à retrouver dans son intégralité dans le Tennis Info n°530.
Quel a été le déclic pour vous lancer chacun dans cette nouvelle aventure ?
GILLES MORETTON : Il n’y a eu ni déclic ni étincelle. Juste une volonté, une stratégie qui s’inscrivait dans une réflexion : j’ai consacré la première partie de ma vie au sport de haut niveau, la deuxième à ma famille et à l’entreprise et la dernière sera consacrée à l’altruisme, aux autres. Après plus de 40 ans de travail, je suis parti au Népal, avec une ascension de l’Annapurna. Cela a été pour moi un sas de décompression.Il n’y a donc pas eu de déclic particulier, si ce n’est la passion du tennis, le goût des autres, le plaisir d’apprendre et d’écouter encore et encore.AMÉLIE OUDÉA-CASTERA : Pour moi, il y a eu bel et bien un déclic, ou plutôt "une période de déclic". Elle a démarré pendant les vacances de Noël en Guadeloupe, où j’ai reconnecté plus encore avec le sport et en particulier avec le tennis, au terme d’une année riche, mais austère, chez Carrefour. C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit : "Allez, pourquoi ne pas me faire plaisir et essayer d’allier ma passion de toujours, le sport, avec mon activité professionnelle." Car pour moi, le sport demeure l’un des grands vecteurs d’équilibre dans notre société, par exemple pour nos jeunes menacés par les écrans, pour lutter contre la sédentarité, l’obésité et les maladies cardiovasculaires. Le sport, c’est aussi le lien social. Pour résumer, ce qui m’a fait choisir cette nouvelle voie, c’est le sport comme source de sens et de plaisir en allant vers un domaine que j’aime et ainsi retrouver une partie de ma famille.
Quel type de président et de directrice générale allez-vous être ?
G. M. : D’abord, je pars du principe que je suis un humain, qui aime et respecte les autres, quelle que soit leur position. Je suis aussi quelqu’un qui fait face à ses responsabilités lorsqu’il s’agit de prendre une décision, aussi difficile soit-elle. Ensuite, je serai le président de la défense des intérêts de la FFT et du tennis. J’arrive avec l’état d’esprit suivant : servir le tennis et ne pas me servir du tennis. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin d’argent, je n’ai pas besoin de notoriété.J’ai eu ma petite dose, qui était agréable et suffisante pour passer à autre chose. Pour utiliser une métaphore empruntée au rugby, sport que j’adore, je serai dans la mêlée à pousser. Ni devant pour me faire voir ni derrière pour me planquer. Pour ce qui est du style, je serai naturel, abordable, ouvert. Cela peut paraître un peu cliché, mais on peut être très sérieux, ce qui est mon cas, sans se prendre au sérieux.
A. O .-C. : Bienveillante, exigeante et énergique.
Quelles sont vos urgences, quel est le Top 3 de vos dossiers ?
G. M. : Premièrement, le tennis dans sa globalité. Autrement dit tout ce qui va avoir trait à l’image et au développement de notre discipline. Deuxièmement, nos clubs. Car aujourd’hui, ils sont en souffrance. On prépare déjà la rentrée de septembre. Troisièmement, forcément, Roland-Garros.Mais, en fait, je les mets tous au même niveau tant ces trois préoccupations sont liées au vu de la situation sanitaire que nous traversons. Elles sont impactées par cette crise sans précédent, d’où des interrogations : comment le tennis va-t-il s’en sortir, comment aider nos clubs qui sont touchés de plein fouet et quel Roland-Garros allons-nous organiser cette année ?
A. O .-C. : Nous en avons deux en commun : Roland-Garros et la relance de la pratique dans les clubs pour la rentrée 2021. En revanche, mon 3e dossier touche à l’organisation de la Fédération. Il s’agit de remettre de la transversalité et du liant dans le fonctionnement des équipes.
Selon vous, c’est quoi une fédération “idéale” ?
G. M. : C’est une fédération qui arrive à mener de front deux combats. D’un côté, le développement de la pratique du tennis – j’englobe le tennis loisir et la compétition – et de l’autre le haut niveau. Le premier représente 99%, le second 1%. Mais ce dernier assure 99% de la visibilité de notre sport. J’ai sillonné ma ligue et visité bon nombre de clubs, et j’avoue que j’ai une véritable passion pour ce qu’on appelle le tennis loisir. J’en fais un combat.
Pour le haut niveau, on va planter la graine, on va l’arroser et attendre que notre projet donne, peut-être, ses fruits dans 5, 10, 15 ans. En revanche, pour ce qui est des décisions que nous allons prendre pour le tennis loisir, leurs effets peuvent être assez rapides, immédiats.
A. O .-C. : Une fédération qui, grâce à la qualité de ses équipes, à leurs expertises et leurs diversités, arrive à créer une vitalité pour sa discipline et qui va du très haut niveau des équipes de France au plaisir d’un enfant ou d’une vieille dame sur un court de tennis dans un club, aussi reculé soit-il.
Sur le même sujet
Histoires de ramasseurs de balles : de la Vendée au Rolex Paris Masters, en passant par "Roland"
1 novembre 2024
Battle Urban Tennis 2024 : une nouvelle édition survoltée au stade Roland-Garros
14 octobre 2024
Les Raquettes Ados FFT : rien que pour les filles
11 octobre 2024