Agée de 30 ans, la Tricolore débute son tout premier Roland-Garros face à la Néerlandaise Aniek Van Koot, n°3 ITF. Avec l’envie de se rapprocher encore plus des toutes meilleures.
Comment vous sentez-vous avant votre premier Roland-Garros ?
J’étais vraiment surexcitée quand j’ai su que j’avais une invitation. C’était quelque chose que j’imaginais pouvoir vivre mais je ne savais pas quand. Il s’agissait d’une énorme annonce pour moi, qui récompense tous les efforts fournis. Depuis que je pratique le tennis fauteuil, je suis venue plusieurs fois en spectatrice. Je suis là pour apprendre même si évidemment j’ai envie de gagner le plus de jeux possible, le plus de sets possible, voire le plus de matchs possible. Cela dépendra de mes sensations et de celles de mon adversaire, mais je vais tout donner.
Vous êtes 30e mondiale cette semaine. Qu’est-ce qui vous sépare des meilleures ?
J’ai l’impression que ce sont des petits détails sur plein de paramètres : techniques, physiques, mentaux, sur l’expérience. Je travaille beaucoup pour me rapprocher de ce niveau-là. Je n’en ai jamais été aussi proche. Mais c’est vrai, je dois encore peaufiner certaines choses dans tous les aspects. C’est la première année durant laquelle je me dis que je ne suis pas si loin. J’ai joué Aniek Van Koot la semaine dernière au Touquet. Le premier set a été très accroché, je le perds 6/4 en ayant énormément d’occasions (6/4, 6/2 score final). C’est la première fois que contre une Top 3 mondiale, je me sens à la hauteur. J’ai l’impression que l’écart n’est pas énorme. Même si je ne joue pas souvent ces adversaires, je m’approche de ce niveau.
Justement, vous affrontez Van Koot aujourd’hui. Quelle tactique adopter ?
C’est une joueuse qui frappe très fort, avec un bon slice de revers et un service efficace, mais pas très à l’aise quand on joue sur elle ou qu’on met beaucoup de variation, ce qui tombe bien pour moi (sourire). Je ferai peut-être des amorties si j’en ai l’occasion. Il faudra aussi jouer bombé ou fort sur elle, mettre pas mal d’effet dans la balle et la faire bouger car le déplacement n’est pas son point fort.
Comment résumer votre tennis, votre filière ?
J’ai un jeu très varié qui me permet de faire beaucoup de choses. C’est pour ça que j’aime la terre battue car elle me permet de construire le point, de faire parler mon sens tactique. Je suis assez complète : je n’ai pas un énorme service ni un énorme coup droit, mais je sais un peu tout faire. Donc j’aime bien embêter mes adversaires, proposer ce qui les dérange, les faire déjouer.
Vous êtes totalement professionnelle ?
Oui, cela fait 2 ans et demi que je me consacre totalement au tennis, j’ai arrêté de travailler pour l’Oréal en 2019, je suis détachée de l’entreprise qui me sponsorise, en échange de conférences par exemple. Ce qui me permet de vivre du tennis. Je ne fais que ça et heureusement, car la discipline devient très professionnelle. Chez les femmes, dans le Top 50, très peu travaillent à côté car le niveau monte tellement qu’il faut beaucoup s’entraîner tous les jours, suivre le circuit à travers le monde, ce qui n’est pas très compatible avec un autre métier. En période d’entraînement, je fais environ 15 heures de tennis et 5 heures de physique par semaine, plus de la méditation, de la récupération et des étirements. S’y ajoute tout un travail mental avec mon coach sur le détachement, la confiance, le relâchement. Pour arriver en match avec le plus de sérénité possible.
Avec les autres Français(e)s notamment les anciens, une transmission se fait-elle ?
Oui. Avec Charlotte Famin, on a démarré ensemble, on a grandi ensemble et nous sommes devenues amies ce qui est agréable sur le circuit. Avec Florence Alix-Gravellier, j’ai eu quelques discussions quand j’ai démarré au tout départ pour savoir comment ça se passait. Elle m’a donné quelques clés pour savoir comment m’entraîner. Stéphane Houdet m’a aussi beaucoup aidée : il est allé dans mon école d’ingénieur en 2011 pour expliquer qu’il fallait que j’aie une ou deux matières en moins pour pouvoir m’entraîner plus. Il était n°1 mondial à l’époque. Donc ça a aidé pour appuyer ma demande (rires).
En dehors du tennis, quelles sont vos passions ?
J’aime beaucoup le sport en général, plutôt le pratiquer que le regarder. J’aime le ski. J’ai eu un accident de snowboard, je pratique désormais le ski en fauteuil et je me régale vraiment. L’équitation aussi. Ces deux disciplines continuent de m’accompagner. BB.