Constance Sénac de Monsembernard : ''J’ai toujours aimé les statistiques dans le sport''
9 octobre 2019
Créatrice du compte Twitter “Jeu, Set et Maths !”, Constance Sénac de Monsembernard, 25 ans et ancienne 5/6, abreuve les fans de tennis de statistiques originales. Entretien.
Comment avez-vous découvert le tennis ?À 6 ans, dans le club d’Isigny-le-Buat, en Basse-Normandie : ma maman jouait. J’étais en classe de CP. J’aurais avec plaisir commencé plus tôt mais le baby-tennis n’existait pas à l’époque. Me voyant plutôt douée au mini-tennis, un entraîneur m’a proposé de m’accompagner dans un autre club. J’ai ensuite été suivie par la ligue de Normandie jusqu’au collège, faisant pas mal de compétitions. Puis, je suis montée jusqu’à 5/6, avant de lever le pied au moment de passer le Bac. Je pense que j’aurais pu aller un peu plus haut en termes de classement, même si je n’étais pas loin d’une forme de “plafond”.
“Jeu, Set et Maths !” est né dans le cadre de vos études, un Master d’ergonomie…Oui, à l’université, lors d’un cours sur les réseaux sociaux, l’un de mes professeurs a proposé que chacun crée un compte Twitter, et que nous l’alimentions à raison de 2-3 tweets par semaine. Je savais que je voulais le faire sur le tennis mais je cherchais une idée originale : en donnant les simples résultats de certains tournois, je n’allais pas m’amuser, d’autant qu’on les trouve partout. Je me suis souvenue que j’ai toujours aimé les statistiques dans le sport. Je consultais souvent la page Ligue 1 du cahier de sport d’Ouest France, qui proposait chaque semaine une “stat” sur le FC Nantes, mon club favori. Je suis donc partie sur cette idée.
Comment se sont passés les débuts ?J’étais très désorganisée. J’ai commencé par publier des stats “bateau”. Pour pouvoir en produire des plus pertinentes, j’ai créé un tableau Excel, ligne par ligne, qui intègre les Grands Chelems et les Masters 1 000 depuis les débuts de l’ère Open, soit environ 60 000 matchs. J’ai poursuivi avec les ATP 250 et 500, en remontant jusqu’à 2010. Je dois donc continuer ce travail, mais ça me prend du temps car j’ai un emploi en CDI dans le domaine de l’ergonomie, et je n’ai pas de formation en base de données, même si je sais utiliser celle que j’ai créée. J’y passe en moyenne une heure par jour en semaine et une dizaine d’heures dans le week-end.
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Le logo de Jeu set et Maths
Vous arrivez à coller à l’actualité du tennis ?Oui, j’essaye de suivre les tournois. Avant la finale de Jo-Wilfried Tsonga à Metz, j’ai par exemple expliqué qu’il s’agissait de la 30e de sa carrière et que 13 (soit 43 %) ont été disputées en France. Le plus souvent, il faut préparer en amont afin que les stats soient prêtes pour la balle de match ou en fin de set. Pour les Grands Chelems, j’échafaude des scénarios. Mais c’est parfois difficile à concilier avec mon travail. Lors du dernier US Open, les matchs avaient lieu en début de soirée, quand je rentrais du travail donc ça allait. Pendant Roland-Garros, je devais davantage anticiper.
Quelles statistiques vous attirent le plus ?J’ai la chance de ne plus avoir vraiment d’idole, à part peut-être Gustavo Kuerten, mais il n’est plus sur le circuit, donc ça ne biaise pas mes statistiques. D’autant que chaque fois que j’ai supporté un joueur ou une joueuse français(e), je pense à Aravane Rezaï, je ne lui ai pas porté chance (rires) ! J’essaye de ne pas regarder ce que font l’ATP et la WTA en termes de statistiques pour ne pas être trop influencée sur les miennes. Mais il est évident qu’en se concentrant sur des joueurs du Big 4 ou du Big 3, il y a des records qui tombent à chacun de leur match et que ces stats sont plus attendues que d’autres.
Avec cet emploi du temps chargé, vous jouez encore au tennis ?Oui, un peu. Je vis à Boulogne-Billancourt, mais j’ai gardé ma licence au Manche Tennis Club (Saint-Lô), avec lequel je dispute les championnats par équipes le week-end. Je suis 15/4 et j’essaie de m’entraîner une fois par semaine. Sinon, j’essaye d’aller tous les ans à Roland- Garros, et à Bercy, maintenant que je vis à côté. Je suis aussi allée assister à des matchs de Fed Cup et de Coupe Davis, à l’US Open ainsi qu’à des Challengers en France. Il me reste l’Open d’Australie et Wimbledon à voir parmi les tournois du Grand Chelem. Si je pouvais suivre le circuit tout au long de l’année en faisant des statistiques, je crois que je vivrais pleinement ma passion.Propos recueillis par B. Blanchet