Comment la DTN aide les athlètes à améliorer leur technique
7 avril 2022
Par l'intermédiaire du programme BEST, la FFT propose aux joueurs et joueuses français de trouver des leviers de progression pour améliorer leur technique, notamment au service. Éléments d’explications.
Le programme BEST poursuit sa route. Après une session en décembre, de nouveaux ateliers ont été proposés du 4 au 7 avril.
Milena Ciocan, finaliste des derniers championnats de France 13/14 ans, Luca Van Assche, lauréat du dernier Roland-Garros juniors, mais aussi Cindy Langlais, Enzo Couacaud, Stéphane Houdet et Pauline Déroulède… Plusieurs athlètes ont pu bénéficier de ce programme transversal initié dans le cadre de Paris 2024. Un programme financé par le Programme d’Investissements d’Avenir lancé par l’Etat et mis en œuvre par l’Agence nationale de recherche.
L’idée phare : optimiser la performance du service et du retour de service des joueuses et joueurs de la FFT, valides et fauteuils, sous forme d'une approche systémique, capitalisant des données biomécaniques, cliniques et cognitives.
Alors que le tennis de haut niveau accorde une place toujours plus prépondérante à la condition physique, BEST se fait fort de comprendre les prédispositions d’un athlète pour proposer des leviers d'amélioration. Dit autrement, d’aider les joueurs à trouver les meilleurs gestes, notamment au service, en fonction de leurs préférences et de leurs manières naturelles de se déplacer.
Biomécanique, mental, vision, prévention des blessures, BEST est un programme à multiples facettes. Plusieurs experts venus d'horizons différents - sport, secteur privé, université - travaillent en autonomie mais aussi en collaboration pour améliorer l’efficacité du geste de l'athlète.
Les sessions, qui se déroulent sur un court technologique du CNE, durent environ deux heures. Deux heures durant lesquelles les athlètes se confient sur leur jeu avant d'être équipés d'un certain nombre de capteurs qui analysent leur mouvement et leur frappe de balle.
"L’idée est d’éclairer le jeu"
Cyrille Gindre, fondateur du laboratoire Volodalen, est un des experts impliqués dans le projet. Chercheur dans les sciences du mouvement, il a organisé sa société autour des préférences motrices et conseille les joueurs sur l’individualisation des exercices en fonction de leur manière de s'exprimer dans le jeu.
"Je fais ressortir les grandes préférences, explique-t-il. Par exemple, il y a une différenciation qui commence à être connue, c’est celle entre l'athlète aérien et terrien. Il y a plusieurs manières d’objectiver cette différence, mais on peut par exemple mesurer combien de temps un athlète reste en l’air quand il court. Un aérien y reste plus longtemps. On va lier ces préférences avec l’ensemble des paramètres biomécaniques dans le service les jambes en extension, le temps de contact, la poussée. L’idée est ainsi d’éclairer le jeu".
Dans ce processus, les ressentis de l'athlète et de ses proches ont une place prépondérante. Cyrille Gindre passe ainsi de longues minutes avec le joueur et son entraîneur pour comprendre ses préférences : comment définit-il son jeu ? A-t-il toujours eu une prise fermée en coup droit de défense ? Est-ce que des adversaires le gênent plus que d’autres ? Quels sont les exercices physiques qu’ils affectionnent ? En résumé : quelle est son identité de jeu, quelles sont ses qualités et ses failles.
"Pendant les 20 premières minutes avec le sportif, je ne parle pas ou peu. L’objectif est d’avoir une vue du réel par l’athlète et le coach. Comprendre quel est le style et les difficultés rencontrées. Ce travail s'applique au service et au-delà.Par exemple, un athlète peut rencontrer des difficultés sur une balle profonde côté revers. C’est l’endroit où il y a le moins d’équilibre. On propose alors des propositions d’actions avec un travail d’appui et des exercices clés pour dépasser les difficultés. Car c'est l’expression même de l’intelligence : utiliser son corps pour s’en sortir".
© FFT / Christophe Guibbaud
Service sur mesures pour Milena Ciocan
Explorer la moindre possibilité d'amélioration
Parmi les sportifs présents sur le court technologique, Milena Ciocan, 13 ans, a apprécié l'expérience. "C’était bizarre d’avoir tous ces capteurs, mais une fois qu’on est lancé, tout se passe bien, sourit-elle. Mon coach Hugo Lecoq m’a parlé de ce test qui pouvait m'aider à savoir où travailler côté service".
"Comme je suis de grande taille, ça doit être un avantage, mais ça ne l'est pas assez. Je voulais me renseigner pour gagner des points plus facilement, en trouvant plus de précision, de vitesse et d’amplitude. Le tout en évitant les blessures."
© FFT / Marine Andrieux
Service compris !
Un peu plus expérimenté, Luca Van Assche a aussi participé au programme. Si le Parisien a construit les premiers succès de sa jeune carrière (champion juniors à Roland-Garros 2021, premier titre ITF en début d'année à Bagnoles-de-l'Orne) sur un jeu complet, il a conscience de l'importance de s'améliorer partout et notamment sur la question cruciale du service.
"J'ai trouvé la session super intéressante. J’ai appris des choses sur moi, notamment sur ma technique au service, et je vais pouvoir essayer de perfectionner mon geste. Dès qu’on touche au haut niveau, c'est un coup qui devient hyper important. Si je peux améliorer mon service plus rapidement, c’est bon à prendre".
"C’est toujours intéressant d’explorer la moindre possibilité d’amélioration, confirme son entraîneur, Yannick Quéré, de la ligue de Paris. Je voulais confronter ce que je voyais sur le terrain avec un point de vue extérieur et l'aide de la technologie.À l'âge de Luca, on est dans la formation. Un joueur doit travailler sur tout pour être complet. Il faut renforcer ses points forts, sa confiance, tout en essayant de déceler les points faibles pour que, lorsqu’il sera confronté au niveau supérieur, être armé pour rivaliser. Un joueur doit être en perpétuelle évolution."
© FFT / Marine Andrieux
Luca Van Assche et son coach en pleine discussion.
Une des particularités de BEST est d'être dédiée à la performance des athlètes en vue de l'échéance olympique Paris 2024. Un rendez-vous particulièrement attendu par Pauline Déroulède, qui a pu se frotter aux capteurs du programme.
"Honnêtement, je pense que l’analyse biomécanique représente l’avenir du sport de haut niveau, souligne la championne française. Je l’avais déjà fait dans le cadre de la reprise de la marche avec la prothèse. J’ai trouvé l’équipe très attentive et compétente. C’est primordial, à deux ans des Jeux, de connaître les axes de travail musculaire et d’orienter ma prépa physique de profiter des informations grâce aux nouvelles technologies. Je vais pouvoir retourner à l’entraînement avec d’autres orientations".
© FFT / Christophe Guibbaud
Les yeux tournés vers Paris pour Pauline Déroulède...
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