Deux "meilleurs potes" en finale de Grand Chelem : c'est l'histoire de Jérémy Chardy et de Fabrice Martin qui joueront pour le titre samedi à Roland-Garros.
On pourrait presque se croire dans une gentille bluette américaine. Deux amis d’enfance, deux potes de plus de 20 ans, qui accomplissent leur rêve de gamins et se retrouvent en finale de Grand Chelem dans leur pays natal... Trop beau pour être vrai ? Pourtant vous n’êtes pas dans un scénario hollywoodien, mais bien dans la vie réelle, où le Palois Jérémy Chardy et le Bayonnais Fabrice Martin sont en train d’écrire quelques-unes des plus belles pages de leur histoire.
Hier, les deux gaillards du Sud-Ouest ont "joué l'acier" pour dominer les Colombiens Cabal et Farah, sortant l’artillerie lourde par deux fois en fin de manche. Il faut dire qu’avec 1m98 (Martin) et 1m88 (Chardy) sous la toise, les aces tombent de haut et les coups droits frappent comme la foudre. "On sert bien tous les deux, on est vraiment complémentaires, a d'ailleurs confié le Palois après la rencontre. Et on a beaucoup tenté sur les jeux de retour". Score final : 7/5, 6/4 et un ticket pour la première finale de leur histoire.
Leur très belle histoire. Celle d’un Palois et d’un Bayonnais qui se sont rencontrés quand ils avaient 8 ans, qui sont devenus meilleurs copains, et qui s'appellent encore aujourd'hui presque chaque jour. "Deux vrais amis en finale de Grand Chelem, dans leurs pays, à Roland-Garros…. Si on nous l’avait dit, quand on s’est rencontrés, qu’on seraient en finale ici, j’aurais signé tout de suite" se marre Jérémy Chardy.
L'idée d'associer en double leurs qualités remonte à loin. En catégories de jeunes, après avoir joué parfois ensemble, parfois l’un contre l’autre, les deux copains ont tenté l'expérience à Wimbledon juniors. "J’ai des souvenirs de moi en train de plonger sur le gazon, se rappelle en souriant Fabrice Martin, qui a régalé le court Central d'une acrobatique roulade jeudi. Mais on avait perdu au premier tour".
La vie professionnelle les a ensuite séparés, jusqu'à l'US Open 2017. "En fait, on a pu se retrouver quand Fabrice est rentré dans les 100 premiers en double, explique Jérém'. Avant, je jouais sur le grand circuit et il était sur les Challengers, donc c'était difficile de se voir." "J’ai tout donné en simple, confirme Fabrice Martin. J’ai fait quelques Qualifs de Grand Chelem, quelques résultats en Challenger... Mais je sentais que j’avais peut-être trop de failles dans mon jeu pour être top 100. Alors que mon jeu vers l’avant s'adaptait bien au double. Je m'y suis donc mis à fond. Mon objectif était d’être dans le top... pour retrouver mon Jérémy !".
© Cédric Lecocq / FFT
L'association est couronnée de succès. Notamment cette année, puisque le duo a remporté un titre à Marseille puis à Estoril, devant un public souvent conquis. Une des particularités de leurs matchs de double réside en effet dans l'ambiance dans les tribunes, aussi chaude que le soleil de Bayonne, assurée par une cohorte de fans, entre famille et amis. "On est du Sud-Ouest, il y a toujours de l’ambiance entre les Béarnais et les Basques" rigole Fabrice Martin. Il y a aussi des potes de Montpellier qui sont venus... du genre à bien aimer la 3e mi-temps...".
"C’est juste magique, c’est beaucoup d’émotions, rajoute Chardy. En plus, on a joué devant ce public superbe sur le Central, devant tous nos amis, nos familles. Il y a eu beaucoup de plaisir et d’émotions partagées avec Fabrice. Maintenant, il reste encore un match (contre les Allemands Krawietz et Mies), on va tout faire pour remporter celui-là et soulever la coupe".
Objectif titres. Au pluriel, bien sûr, car au vu de leur niveau de jeu cette année, la suite de leur carrière de double pourrait s'avérer tout aussi fructueuse. Mais si les deux copains ont envie de continuer l’aventure ensemble, une pause devrait poindre à l'horizon. Jérémy souhaitant privilégier le simple, Fabrice va donc devoir partir à la quête d’un partenaire pour sa saison sur gazon. En conférence de presse, Jérémy Chardy s'est donc permis de lancer un appel, hilare. "Il cherche un ami pour Wimbledon. S’il gagne à Roland, il aura plus de chances, donc je vais essayer de lui filer un coup de main !".