Senior manager du département U14 à la DTN, chargé de toute la partie sportive et de la détection des jeunes jusqu'aux 14 ans, Cédric Raynaud évoque son poste, ses missions et les bons résultats des jeunes Français à Bolton et aux Petits As.
Avant tout, quel est votre rôle à la DTN et quelles sont vos missions ?
Je gère notamment les référents nationaux – de U10 jusqu’à U14 – qui suivent les meilleurs nationaux et sont en relation avec les territoires. Ils proposent des stages, des tournois, travaillent sur la formation, et évaluent les joueurs en complément des ligues.
Avec Vincent Bonnetain, missionné au niveau national et Tennis Europe, je m’occupe aussi des CFE, les centres fédéraux d'entraînement. Ces derniers ont été mis en place depuis deux ans dans chaque ligue et ça représente un gros travail au quotidien. Ce rôle demande une vision globale. C'est un travail d'équipe, notamment avec Jean-Marc Duboscq, responsable du département physique, Olivier Soulès, qui s’occupe du Pôle France, et Patrick Vergnes, responsable des territoires. Nous avons travaillé sur l'organisation pour que les cadres techniques fassent davantage de terrain. Nous voulons développer les synergies et avoir une démarche holistique.
Quels sont les objectifs dans la catégorie dont vous avez la charge (de U10 jusqu’à U14) ?
Nous voulons donner la meilleure formation au monde. Nous avons la chance d'être en contact permanent avec le haut niveau international, il nous faut donc être ambitieux. Nous avons mis en place un référentiel numérique en lien avec le LIFT qui permet de visualiser ce que les jeunes doivent maîtriser aux différents âges. Nous voulons aussi insuffler un état d'esprit : tout est possible. En France, on a tendance à voir le verre à moitié vide alors qu’il faut croire en ce qu’on fait.
Le tennis féminin est-il une priorité ?
Oui et nous l’avons restructuré en s’attaquant à la base. On était tombés à 200 filles en détection au niveau national et avec un niveau de jeu très faible. Aujourd’hui, nous sommes remontés à 600 filles qui jouent bien mieux. Le haut niveau féminin demande de passer beaucoup de temps sur le terrain. Pendant le tournoi d’Auray, nous avons prévu de donner un bilan avec des référents nationaux et de solliciter des intervenants étrangers, des Tchèques notamment, qui rayonnent dans le tennis féminin. Il faut profiter des tournois pour échanger avec ce qui se fait de mieux.
Un Pôle France féminin a été ouvert afin de centraliser les besoins, car les conditions de performance n'étaient pas réunies. Les ligues n'étaient pas structurées pour entraîner les filles comme on le veut, c'est-à-dire toute la journée ! Quand on est arrivés, en 2021, les filles se qualifiaient pour les phases finales de championnats d’Europe par équipe une fois sur quatre. Actuellement, c'est 58%. C’est mieux mais il faut aller plus loin.
Nous avons voulu un Pôle France moderne. Tout ce qu'on a mis en place depuis trois ans – la maîtrise des charges d'entraînement et des contenus de travail, la formation des entraîneurs, le suivi précis des joueurs – commence d'ailleurs à intéresser les autres nations.
Quel regard portez-vous sur les bons résultats des jeunes Français à Bolton et surtout la victoire aux Petits As du Français Mario Vukovic (photo ci-après) ?
C'est le travail de toute une équipe. La génération 2011 est exceptionnelle. Cette année d'âge a une progression rapide et il faut continuer à être ambitieux. Il faut sans cesse se remettre en question sur le niveau d'entraînement, les conditions de travail, l'état d'esprit. Pour cela, nous avons mis en place des modules de formation en direction des entraîneurs et des cadres techniques. Ces huit modules peuvent se suivre en quelques jours au CNE ou à Poitiers. L’idée est de moderniser nos pratiques, de connaître le public qu'on entraîne, de travailler sur la couverture de terrain, les entames de points… On est en retard sur les premiers coups et au haut niveau, ça ne pardonne pas. On avait besoin de cette restructuration. Nous devons avoir, dans chaque année d’âge, les meilleurs joueurs et joueuses au niveau européen et densifier notre élite, surtout chez les filles.