Carré padel #3 : le padel scolaire

M.T.

12 mars 2025

Dans ce carré padel du mois de mars, partons à la découverte du padel scolaire aux côtés de Florent Devillers.

Professeur d’EPS au collège Rosa Parks à Amiens et responsable du padel dans le club dans lequel il enseigne à quelques kilomètres de là, Florent Devillers a été précurseur en matière de padel-scolaire. C’est lui qui a créé la première section sportive padel dans un établissement en France.

 

Comment est née cette idée de création d’une section sportive dédiée au padel ?

Je suis professeur de tennis à la base, mais j’ai toujours fait les deux métiers : j’ai toujours été professeur de tennis et d’EPS. Dans mon club de tennis (le Tennis Padel club Amiens Métropole), on a construit des terrains de padel. J’ai donc passé les diplômes d’enseignement et puis j’ai cherché à développer cela, parce que ça m’intéressait. En créant cette première section padel de France, les élèves ont pu avoir l’opportunité de bénéficier de cet enseignement supplémentaire. C’est une pratique qui n’est pas vraiment dans la culture de mes élèves, mais ça fonctionne plutôt bien. J’ai beaucoup d’élèves inscrits. En plus de cela, pour tenter de les former davantage au sein de l’établissement, on a enlevé la partie badminton pour la remplacer par du padel en gymnase.

Comment cette proposition a-t-elle été reçue par votre chef d’établissement ?

Quand je propose ce changement, j’appuie sur une chose : les relations entre les élèves. Le padel, c’est le seul sport de raquette qui est automatiquement collectif. Et quand on parle d’EPS, quand on parle de sport à l’école, c’est ce travail entre les élèves sur lequel on insiste. L’entraide, la solidarité… C’est pour cela qu’on fait beaucoup de sports collectifs. Traiter une activité, un sport de raquette, que l’on peut directement passer dans cette catégorie, c’est intéressant et ça facilite l’acceptation par les enseignants. C’est un argument important.
Et puis, c’est une discipline aux déplacement proches du tennis. C’est très riche en termes de motricité, de coordination, d’équilibre, de vision. Ça met tout le monde sur un espace plus réduit, avec une surface plus lente. Les élèves sont donc davantage en réussite. Ce que l’on vise en motricité pour un élève, on peut l’obtenir un peu plus rapidement avec le padel qu’au tennis. C’est pour ça que ça a autant de succès chez les adultes aussi je crois. Parce que quel que soit le niveau de départ, on est plus facilement en réussite.

© FFT

Florent Devillers et ses élèves, au Tennis Padel club Amiens Métropole

Comment est-ce que cela se matérialise dans votre établissement ? Avez-vous des pistes à disposition ?

Non, au collège nous jouons en gymnase. C’est aussi là que c’est intéressant : pour pouvoir développer la discipline au niveau scolaire, il faut essayer d’être inventif dans les formes de pratiques et dans différentes situations. On utilise les murs, les parois, pour que ça ressemble de plus en plus au padel. En plus de cela, certains élèves viennent trois heures par semaine faire des cours avec moi, dans le club où j’enseigne, à 5 km du collège.

 

Et vos collègues ont suivi ?

Oui ! Je les ai formés aussi en interne pour qu’ils puissent également l’enseigner. Ça change un peu des pratiques habituelles. Mes collègues enseignants ont eu des spécialités sportives dans d’autres activités et puis au fur et à mesure, avec l’âge, ils se mettent à essayer le padel. Ils prennent du plaisir, ils jouent en dehors. Et puis comme c’est un sport qu’ils commencent à pratiquer, ils prennent encore plus de plaisir à l’enseigner.

© Johan Sonnet / FFT

Comment est-ce que cette nouveauté a été accueillie par les étudiants ?

Quand ils arrivent la première fois, ils se posent beaucoup de questions avec ce que l’on a le droit de faire avec les vitres, les grilles, pourquoi on est enfermés, pourquoi c’est comme ça… Mais ils sont curieux. Ils ont d’ailleurs eu une idée, lorsque l’on joue en dehors : ils s’autorisent à se faire des passes. Ils se sont dit : "On a le droit de faire rebondir la balle sur la vitre, c’est comme si on faisait une passe à quelqu’un !" Donc c’est devenu une manière de jouer.
Quand on fait du deux contre deux, sans vitre, on s’autorise une passe à chaque fois, un peu comme au volley-ball. Ils inventent des règles comme ça. En termes de motricité, en termes pédagogique, c’est très intéressant à mettre en place. Et puis, au niveau de la pratique, on arrive quand même plus rapidement à les mettre en réussite. C’est moins technique que le tennis, on peut simplifier un peu les choses et ils s’amusent assez rapidement. Cette mesure a donc été vraiment bien reçue par les élèves.

Et pour continuer de promouvoir la discipline à leur échelle, on fait le déplacement au stade Roland-Garros pour assister à des rencontres de l’Alpine Paris Major tous les ans. Les élèves voient l’enceinte, comment se déroule un match, une compétition internationale. Je fais aussi des vidéos et des interventions pour leur montrer des points. C’est toujours spectaculaire d’observer le jeu avec les vitres, les grilles. Ça les impressionne un peu.

 

Au-delà de votre établissement, vous êtes aussi très engagé dans la promotion de ce sport…

Je fais aussi des interventions pour la Ligue des Hauts-de France par exemple, afin d’enseigner le padel sans terrain de padel. Il faut se lancer auprès des écoles, leur montrer comment on enseigne avec beaucoup d’élèves sur un terrain aussi. Dans mon collège par exemple, j’ai des groupes de 14-16 élèves et deux terrains seulement. Mon défi, c’est d’essayer de faire en sorte que les enfants pratiquent un maximum chacun, malgré ces conditions. Il faut trouver d’autres manières de jouer. Ce ne sont pas toujours des conditions idéales, mais on peut faire des choses !