Geoffrey Blancaneaux a eu l’occasion de s'entraîner avec l'homme aux 20 titres du Grand Chelem. Entretien.
Geoffrey, comment on en arrive à taper la balle avec Roger Federer ?
Il cherchait un sparring pour ce lundi (3 juin) et son équipe a gentiment proposé à la mienne. De mon côté, je voulais taper des balles avec un top player, donc j'ai tout de suite accepté. Roger avait réservé une plage de deux heures pour être sûr de pouvoir jouer quand il pouvait, mais on est restés 40 minutes environ sur le court. C’est mon idole... le meilleur joueur de tous les temps, celui que j’aimerais remplacer un jour. Il a tout fait, c’est un exemple. Je suis fan.
Un vrai fan, du genre avec un poster dans la chambre ?
Oui (rires), au moins un. En plus, nous partageons la même date de naissance (8 août).
Qu'est-ce qu'on ressent au moment où un homme qui a gagné 20 Grand Chelem arrive sur le court ?
Un peu de pression, la peur d’être rattrapé par les émotions, de ne pas jouer exactement comme on voudrait... Mais, tout s'est bien déroulé. Je pense qu’il a apprécié ma balle et le fait que je n’ai pas beaucoup loupé. Il m’a dit qu’il avait fait un très bon entraînement et il m’a remercié encore une fois d’être venu. Alors que pour moi, c’était que du bonheur et même un rêve de jouer avec lui avant la fin de sa carrière.
Il a demandé de travailler des exercices précis ?
On a fait une bonne demi-heure dans l’axe, il a joué un peu tous les coups. Beaucoup de volée, beaucoup de services... Il voulait tenter des échanges assez rapides, avec des frappes accélérées. Je pense qu’il voulait travailler son plan de jeu pour son prochain match.
Quels souvenirs garderas-tu de cet entraînement ?
C’était sympa et enrichissant, rien que pour voir son échauffement. C’est mon rêve de le remplacer, et qu’un jour, ce soit moi qui demande à un jeune joueur d’être sparring (rires). On a beaucoup échangé, il a été très gentil. C’est l’image que j’avais de lui. Il me connaissait un peu, il m’avait observé… J’étais très content de savoir que Roger Federer avait vu des points de mon 2e tour des Qualifs à Roland-Garros !
Tu as eu d'autres expériences en tant que sparring ?
Oui, notamment avec Gaël Monfils il y a quelques semaines. Depuis plusieurs années, j’essaye de jouer les meilleurs, ceux qui sont au plus haut niveau. L’an dernier, j'ai tapé la balle ici, à Paris, avec Novak Djokovic pendant une semaine. Il me manque "Rafa", même si on avait fait un petit clinic ensemble il y a quelques années. L’an prochain, c’est mon objectif de jouer avec lui à "Roland" !
Qu'est-ce que tu retiens des moments passés avec les meilleurs ?
On peut observer la rigueur du joueur. Aujourd’hui c’était assez court, mais avec Djokovic, c’était des entraînements de 2h, voire 2h30. Avec mes coachs, on essayait d’analyser quelles étaient les choses spécifiques qui permettent à ces meilleurs d'en arriver là.
Et avec Gaël ?
C’était super. J’ai beaucoup appris avec lui pendant les dix jours ensemble. Il était en reprise après sa blessure d’Indian Wells, le début était donc un peu "light". Après, on envoyait des grosses séances de 5/6 heures par jour, avec beaucoup de sets joués et de travail physique. C’était la première fois que je partais avec un top player en déplacement. Je suis ressorti "changé" de ces 10 jours. Le premier tournoi a été un peu compliqué, mais après j’ai enchaîné les bons résultats.
Le plus impressionnant de tous ?
"Djoko"… c'était hyper dingue. A égalité avec Federer. Ils mettent la balle où ils veulent. Ils font tout bien, ils sont relâchés, à l’aise... En fait, tout va très vite. Federer maîtrise sa balle dans tous ses effets. Le plus impressionnant reste son service… Impossible à lire et les zones sont incroyables de précision.
Un petit mot sur ton Roland-Garros cette année ?
L’objectif était de se qualifier, mais physiquement, je n’ai pas pu tenir au 3e tour. Je suis quand même content, car il y quelques mois, j’étais très loin de ce niveau. Si on m’avait dit que je ferais le 3e tour des qualifs il y a quelques mois, j’aurais signé. Je ne pensais alors même pas faire les qualifications.
© Nicolas Gouhier - FFT
Après Roland-Garros, qu’est-ce qui est prévu ?
Je pars sur un Future "25000$" en Allemagne. Après je pars sur les tournois Challenger de Lyon et de Blois. La semaine avant Roland-Garros, j’ai atteint mon premier quart en Challenger, donc l’objectif est désormais de faire des quarts, des demies, puis d’en gagner un le plus vite.
Qu’est-ce que cela fait de revenir ici, après ta victoire en juniors de 2016 ?
C’est toujours un plaisir de revenir. A chaque fois, il y du public sur mon terrain, beaucoup de personnes pour m'encourager. Ca fait vraiment chaud au cœur.