Jouer (et battre !) un ancien Top 20 sur un Challenger, cela n’arrive pas tous les jours. Après sa victoire à Poitiers, Antoine Hoang a croisé la route de Bernard Tomic à Lille. Le licencié du TC Marignane évoque ce match et sa belle dynamique.
Antoine, vous venez de remporter la victoire à l'Open masculin 86 de Poitiers, après quelques matchs à suspense, dont un beau duel contre Enzo Couacaud et une jolie remontada en finale. Racontez-nous un peu…
C’était du 50 / 50 sur tous les matchs. Avec Enzo, c’était spécial car je m’entraîne avec lui à Aix. Je sais qu’il joue mieux que son classement, car il a été ralenti par des blessures. J’ai eu le mérite de m’accrocher jusqu’au bout et de me focaliser sur mon jeu, peu importe le score. Et ça m’a souri. En finale, au dernier set, mon adversaire (le Néerlandais Igor Sijsling, ndlr) mène 4-2, service pour lui. Mais je débreake immédiatement et ça finit bien !
Tout de suite après votre titre à Poitiers, vous avez enchaîné avec le Challenger de Lille ? Pas trop fatigué ? D’autant que vous avez battu hier (mardi soir) un joueur un peu particulier : Bernard Tomic !
Un peu de fatigue, oui, car j’ai quand même joué cinq matchs à Poitiers. Je suis arrivé à Lille lundi et je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’adapter à la surface. En plus, j’ai joué Tomic, qui était très fort avant. Mais je m’en sors bien, en trois sets (6/2, 2/6, 6/4), et je suis encore en forme.
Qu’est-ce que ça fait d’affronter un ancien quart de finaliste à Wimbledon, 17e à l’ATP à son meilleur classement, et qui était considéré comme un véritable prodige du tennis mondial ?
Je n’étais pas impressionné… mais ça fait quand même bizarre de le voir en face de soi alors que je le vois normalement à la télé. Surtout moi, qui commence à jouer les Challenger, je n’ai pas trop l’habitude de jouer des gens connus comme lui. Donc il y avait un peu d’appréhension au début. Je ne pensais pas pouvoir le battre, ni l’inquiéter. Je me suis dit : "Essaye de lui compliquer la tâche, concentre-toi sur ton jeu pour le faire travailler". Après le gain du premier set, je ne réalisais pas trop et je me suis déconcentré. Surtout qu’il peut facilement vous faire perdre le fil car il est un peu nonchalant quand il joue. On sent qu’il une super main et des qualités impressionnantes. Mais je m’en suis bien sorti. Ça passe "serré", mais ça passe !
Est-ce votre plus belle victoire ?
En termes de notoriété, peut-être. C’est difficile à dire car j’ai gagné des matchs plus difficiles et avec plus d’enjeu contre des joueurs un peu moins bien classés.
Qui allez-vous affronter au prochain tour ?
Je joue demain contre le Lituanien Laurynas Grigelis. C’est un match à ma portée, mais lui sait aussi que je suis à sa portée (rires). On a des classements similaires (205e pour Grigelis, 251e pour Hoang, ndlr), ça va se jouer sur des détails.
Vous aviez très bien terminé l’année en 2017, mais la transition avec 2018 a été plus compliquée. Que s’est-il passé ?
J’ai bien fini l’an dernier, c’est vrai, avec une victoire à Plaisir et une finale à Rode. J’ai bien joué aussi lors des Interclubs. Cette année, je fais une demi-finale à Rennes, je passe un tour à Quimper, où je perds de justesse contre Stefanos Tsitsipas. Deux bons résultats en Challenger. Il y a eu de la fatigue et un petit creux ensuite. Mais je n’ai perdu que contre des bons joueurs. Je ne trouve pas qu’il y a une baisse de niveau de jeu.
La transition entre Future et Challenger est votre objectif de la saison ? A long terme, quel serait votre rêve ?
Oui, l’objectif est de m’habituer au niveau de ces joueurs pour continuer à progresser en termes de niveau de jeu. Je ne me fixe pas vraiment d’objectifs en termes de classement. Les résultats, ça va, ça vient. Je ne pense pas que ce soit une bonne façon d’appréhender la chose, il ne faut pas se "prendre la tête". Le classement n’est qu’une conséquence d’un niveau de jeu général. Plus tard, je rêve de jouer les plus gros tournois, de vivre la vie des meilleurs joueurs, de partir un peu partout dans le monde et de me confronter à l’élite.
Où vous entrainez-vous ?
Je m’entraîne à la Provence Tennis Academie, à Aix-en-Provence, avec Lionel Zimbler et Christophe Jourdan. Ça fait un an et demi que j’y suis et je m’y sens très bien. La ligue de Provence m’aide aussi un peu financièrement.